Les enfants terribles du rock anglais The Libertines sont de retour avec une nouvelle livraison : All Quiet On The Eastern Esplanade. Huit années après le précédent album Anthems For Doomed Youth (2015) qui a signé le come-back clean du frontman Peter Doherty mais également la reconquête de son public, All Quiet On The Eastern Esplanade sonne comme un appel à une nouvelle ère pour le tumultueux quatuor londonien.
Be young
Depuis le dernier disque, Peter Doherty s’est aventuré dans diverses expériences musicales, notamment avec les Puta Madres, ainsi qu’avec le musicien français Frederic Lo plus récemment. Cependant, All Quiet On The Eastern Esplanade ramène Doherty et ses acolytes à leurs racines, mettant en lumière sa passion pour les chansons feutrées et poétiques.
Dès les premières notes de l’album, avec le morceau d’ouverture “Run Run Run”, on ressent une énergie rock bouillonnante qui évoque les débuts agités du quatuor. Cependant, cette énergie est désormais davantage maîtrisée, presque lissée, témoignant de l’évolution et de la maturité sûrement acquises au fil des années, peut-être un peu trop. Les titres les plus catchy sont menés en majorité par Carl Barât, notamment “Run Run Run”, “Mustangs” et “I Have A Friend” qui posent à merveille le décor et nous font dire que The Libertines est toujours debout prêt à en découdre. “Mustangs” fait penser à une sorte de blues à la Rolling Stones, quand “I Have A Friend” aurait tout à fait pu avoir sa place sur Up The Bracket (2002).
Une ode à l’Angleterre
The Libertines parvient à marier habilement cette fougue avec une sensibilité plus subtile, créant ainsi une ambiance envoûtante et captivante. C’est le cas dès le quatrième titre, “Merry Old England” porté par la voix de Peter Doherty qui livre une performance vocale surprenante. Ce morceau fait référence à l’Arcadie, terre d’utopie où règne l’harmonie, personnification de l’Angleterre véhiculée dans les textes de Doherty. L’écoute se poursuit avec “Man With The Melody” où l’on note l’intervention d’instruments tels que le violon qui apporte une touche de mélancolie à ce morceau qui démarre en guitare/voix. “Oh Shit” prend la suite, redonnant un peu d’énergie qui fait du bien. Conduit par Carl Barât, le titre voisin “Be Young” fait drôlement penser à l’énergie que le musicien propose avec son second groupe Dirty Pretty Things.
All Quiet On The Eastern Esplanade est tout de même composé en majorité de compositions plus nuancées et feutrées, à l’image de ce qu’a pu servir Peter Doherty dans ses projets solos et collaboratifs. Loin de la folie des débuts du quatuor, mais pas tant que cela quand on y regarde de plus près. La formation nous a toujours habitués à avoir des titres “ballade” dans leurs précédents disques. C’était déjà le cas sur Up The Bracket avec “Tell The King” ou encore “The Good Old Days”. Sur The Libertines (2004), on n’oublie absolument pas “Music When The Lights Go Out” et sur Anthems For The Doomed Youth le titre éponyme ou encore la très touchante “You’re My Waterloo”. Le présent album reprend la recette en tout point de ce qui marche avec The Libertines, une énergie rock à déchaîner les foules comme sur “Run Run Run” ou “Be Young”, mais toujours avec cette graine de sensibilité qui fait toute la singularité de sa musique. “Night Of The Hunter” endosse cette image à merveille. Le titre démarre sur un riff de basse improvisé par Barât directement en studio, et termine sur une reprise du thème du “Lac Des Cygnes” de Tchaïkovski. L’ensemble se clôture avec “Songs They Never Play On The Radio”, un morceau “à la Peter Doherty” qui est plutôt décevant pour une fin de disque. Le titre laisse tout de même la place à un superbe chant à deux voix entre les acolytes Peter et Carl, et une fin de titre qui ressemble à une improvisation qui donne l’impression d’être en studio avec les quatre compères.
All Quiet On The Eastern Esplanade (The Eastern Esplanade étant l’adresse du studio Albion Room à Margate où a été enregistré l’album) est un retour attendu et réussi pour The Libertines. En reprenant les éléments qui ont fait leur renommée tout en les adaptant à leurs évolutions artistiques et personnelles en solo, les Londoniens prouvent, une fois de plus, qu’ils restent des figures incontournables de la scène musicale britannique.
Informations
Label : Universal Music
Date de sortie : 05/04/2024
Site web : www.thelibertines.com
Notre sélection
- Be Young
- Night Of The Hunter
- Run Run Run
Note RUL
4/5