The Longshot – Love Is For Losers

Billie Joe Armstrong, bien qu’en pause avec Green Day, ne semble pas pour autant décidé à mettre la musique entre parenthèses. Difficile de passer à côté des teasings en tout genre que l’artiste a posté sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, tous pour son nouveau projet et groupe, The Longshot. Après un EP sorti en guise d’amuse-bouche, histoire d’assouvir l’impatience de son public et celle du frontman par la même occasion, l’album entier est enfin disponible. Nommé “Love Is For Losers”, comme l’un des premiers titres sortis depuis quelques jours, l’effort est dans la même veine que ce à quoi le musicien nous avait habitué.

C’est un véritable mystère qui plane autour de ce nouveau projet. Avec qui ? Quand ? Comment ? Autant de questions qu’Armstrong se fait un malin plaisir de laisser en suspens, et ce malgré une tournée d’ores et déjà annoncée. Impossible de savoir avec qui cet opus a été créé. Une chose est certaine : les morceaux ont tous été écrits par le chanteur lui-même, à l’exception du tout dernier, “Goodbye To Romance” qui n’est autre qu’une reprise très rock d’Ozzy Osbourne. Mais dans quelle mesure le frontman a-t-il participé à l’essai ? A-t-il enregistré tous les instruments lui-même ? Au contraire, les musiciens qu’il prend avec lui sur la tournée sont-ils ceux qui lui ont donné un coup de main ? Rien n’est moins sûr. Et c’est ce qui fait le charme de ce projet aussi inattendu qu’appréciable.

Avec “The Last Time” en guise d’ouverture, le moins que l’on puisse dire, c’est que le ton est donné. Même si l’on avait pu en avoir un aperçu avec les morceaux sortis au début du mois, cela confirme que les influences très punk rock de Green Day ne sont pas très loin. Autant rythmiquement qu’instrumentalement parlant, d’ailleurs. C’est d’autant plus flagrant avec “Taxi Driver”, qui reste malgré tout un morceau extrêmement accrocheur et que l’on a aucun mal à imaginer sur la playlist de nos vacances. C’est frais, moderne, mais la patte si particulière de Green Day est bien présente. Peut-être même un peu trop.

Tout au long de ce disque, nous sentons et entendons un Billie Joe Armstrong revigoré et motivé par ce projet. The Longshot sonne comme une échappatoire pour le rockeur, qui se retrouve plus libre, autant dans les sujets qu’il peut aborder que dans le son qu’il peut proposer. Dans “Love Is For Losers”, il n’est pas question de politique ou d’engagement; juste de rock, de paroles simples mais efficaces et de morceaux parfaits pour célébrer le retour des beaux jours. De “Cult Hero” à “Happiness” sur lequel son fils Joey est à la batterie, en passant par “Soul Surrender” et son refrain qui reste en tête, il n’y a aucun doute sur le fait que l’ensemble ravira à coup sûr les inconditionnels qui connaissent déjà bien le travail d’un Armstrong toujours plus enthousiaste. Cet enthousiasme, il le communique sur les réseaux sociaux et dans les réponses souvent très vagues qu’il peut donner à ses nombreux followers. Pas question de faire taire les rumeurs et de se mettre dans une case : The Longshot, c’est avant tout du fun et de la liberté.

Cependant, la grosse critique que l’on pourrait émettre est très probablement le manque de prise de risques de ce projet. Il n’y a rien de très innovant dans le son que la formation propose et nous avons parfois l’impression d’écouter des démos de Green Day qui n’auraient pas eu l’occasion de sortir. Cela n’enlève pas à l’album le fait d’être bien mené, travaillé et abouti. Mais on aurait peut-être apprécié quelque chose de plus novateur, et plus éloigné de ce que nous connaissons déjà. La liberté offerte par ce second groupe à Billie Joe Armstrong aurait pu être explorée de façon plus approfondie histoire de lui permettre d’expérimenter un son différent de celui qu’il maîtrise déjà à la perfection. Rien de transcendant donc, mais cela reste malgré tout un bon moment passé en compagnie du rockeur et de sa (nouvelle) bande !