The Maine – The Maine

Sorti le 1er août 2023 (pour faire un rappel au chiffre fétiche 8123), l’album éponyme du groupe originaire de l’Arizona était attendu puisqu’il avait été teasé depuis le mois de juin. Alors qu’un disque éponyme est souvent le signe d’un début de carrière, The Maine surprend en le sortant près de seize ans après sa formation. Que peut-on attendre du neuvième album du quintette américain ?

Dépassant ses racines pop punk post emo au milieu des années 2010, The Maine a culminé avec la sortie en 2017 de Lovely Little Lonely, absorbant et recrachant l’esprit du rock des années 90. You Are OK (2019) a pu être considéré décevant par certains, tandis que pour d’autres, il a été porté aux nues. Quant à XOXO: From Love And Anxiety In Real Time (2021), il se situait quelque part entre ces deux sorties, mais penchait sérieusement du côté du pop punk coloré qui rappelait les titres de Can’t Stop Won’t Stop (2008), ou tout du moins sa sensibilité. Et The Maine dans tout cela ?

L’album de la maturité ?

The Maine a une façon de créer un nouvel univers à chaque album. Au fur et à mesure de la décennie, la formation a su évoluer sans se soucier des modes, en suivant uniquement son instinct et ses goûts musicaux. Ici, les rockeurs de l’Arizona reviennent à leurs racines avec le premier disque éponyme de leur longue carrière, un choix intentionnel car ils ont déclaré que le projet représente tout ce que le groupe est et a évolué au fil des ans. Chaque morceau relate ses triomphes, ses victoires et ses luttes collectives, et le disque se livre aux fans comme un album réfléchi et mature.

C’est aussi le retour du producteur Colby Wedgeworth, qui avait précédemment produit Lovely Little Lonely en 2017, American Candy en 2015 et Pioneer en 2011. Que signifie ce retour ? Sa présence transpire à chaque étape du projet, à chaque titre. Que ce soit dans l’atmosphère sonore rappelant Lovely Little Lonely avec son rock agrémenté de synthés sombres, ou le côté plus bubble gum pop de American Candy, Wedgeworth impose une patte distinctive irriguant la totalité de l’ensemble.

Cela se ressent dès l’ouverture avec “dose no. 2”. Le morceau se construit en donnant à l’auditeur tout ce qu’il peut attendre du disque à l’avenir – des guitares bourdonnantes, des synthés doux, une batterie chaleureuse et des fulgurances d’écriture musicale accrochant l’auditeur. John O’Callaghan arrive en force avec sa voix charismatique et maintient cette énergie débordante alors que l’album avance avec “how to exit a room”. Les guitares bondissantes et le refrain iconique en font un titre incontournable de l’album. S’ensuit “blame”, sorte de melting pot de la carrière de The Maine.

Arizona Emo Group

“leave in five”, sorte de disco rock, est imprégné d’une énergie ultra groovy et de guitares funky nous donnant immédiatement envie de rejoindre une piste de danse. Deux salles, deux ambiances avec l’enchaînement de “the mood i’m in / jsyk”, une jolie ballade introspective et lyrique. Entrons désormais dans la deuxième moitié du disque avec “i think about you all the time”, lié à “thoughts i have while lying in bed”, deux titres à l’ambiance sonore particulière et planante, le tout nous berçant via la voix tendre de O’Callaghan et la production douce et presque morose.

“funny how?” est le titre coup de poing obligatoire qui semble se retrouver sur tous les disques du groupe de l’Arizona. “cars & caution signs” est un morceau clairement inspiré par le rock des années 1980, mais il tranche par son ambition et son exécution. Structuré et construit comme un titre sensuel langoureux, “spiraling” est un morceau étourdissant et le plus ambitieux de l’entièreté de The Maine. Avec son aspect onirique et tendre, il représente un risque pour une clôture d’album. Mais c’est un risque payant, tant le titre nous laisse sur une sensation douce.

N’ayant pas encore sorti de mauvais album (c’est une opinion tranchée mais assumée), The Maine continue de creuser son sillon dans la scène pop rock indie américaine et mondiale. Chaque sortie semble dévoiler une nouvelle facette. Restant l’une des seules formations pop punk encore en activité des années 2010, sa capacité à s’adapter et à évoluer au gré et contre les tendances musicales en fait un groupe particulièrement intéressant et excitant.