Après presque dix ans de séparation, The Mars Volta, l’un des groupes de rock progressif moderne les plus révérés de ces dernières décennies est finalement de retour.
De quoi The Mars Volta est-il le nom ?
La première chose que l’on peut considérer directement est que la formation texane a choisi de baptiser ce nouvel album du nom du groupe. Ce dernier affirme son retour de la façon la plus claire possible, peut-être pour contrer quiconque douterait de la véracité du projet. Et aussi de l’identité musicale de la formation.
Les aficionados d’Omar Rodríguez-López, le cerveau derrière toutes les compositions de The Mars Volta, savent en effet que le guitariste est particulièrement prolifique. Des dizaines d’albums publiés sous son propre nom en quelques années, une pléthore de groupes parallèles (Bosnian Rainbows, Antemasque, pour n’en citer que quelques-uns). Le tout en explorant différents genres et facettes musicaux. La question est finalement de savoir pourquoi publier ce disque sous le nom de The Mars Volta plutôt que de créer une nouvelle entité ?
Cette question se pose car le changement stylistique sur The Mars Volta a des airs de 180° total par rapport aux précédentes offrandes du groupe. Les singles “Blacklight Shine”, “Graveyard Love” et surtout “Vigil” avaient annoncé la couleur en amont de la sortie et avaient déjà commencé à diviser les fans.
Pop rock partout, prog rock nulle part
Après neuf ans d’absence, la nouvelle direction de la formation est déroutante. Avec un peu moins de quarante-cinq minutes au compteur, The Mars Volta, est l’album le plus court du groupe. Finies les longues épopées progressives de plusieurs minutes, voire de plusieurs dizaines de minutes. Finies également les sections purement atmosphériques dans lesquelles l’on entendait des cris de mouettes. Sur cet album, aucun morceau ne dépasse les 4:30.
Un format court qui évoque un peu celui des hits populaires formatés pour la radio. Le préfixe “pop” est d’ailleurs très approprié pour qualifier le tournant stylistique des Texans. Le chant de Cedric Bixler-Zavala se taille la part du lion, avec des mélodies vocales toujours inspirées. On peut par ailleurs noter que l’âge ne semble pas avoir eu d’emprise sur la voix, toujours aussi claire (peut-être même plus) du chanteur.
À côté, si la composition ressemble plus à du pop rock qu’à du rock progressif, on retrouve tout de même des sonorités chères aux Américains. C’est le cas des sonorités latines, notamment présentes sur l’excellent “Que Dios Te Maldiga Mi Corazon” (malheureusement beaucoup trop court). Le trio de fin renoue également avec quelques sonorités empruntées d’Octahedron (2009) tout en restant, cette fois encore, un peu trop court. Comme si The Mars Volta s’était forcé de faire au plus simple et d’oublier les structures gargantuesques des anciens albums.
Et même si on regrette parfois les folles envolées typiques des disques comme Frances The Mute (2005), il est clair que le groupe réussit à élever le genre. La pop “façon Mars Volta” reste plus originale et intéressante que beaucoup de tubes passés en radio mais on ne peut s’empêcher d’être déçu de ne pas retrouver la fougue des précédents albums.
Evolution naturelle
Ce tournant stylistique n’est peut-être pas si surprenant. Déjà en 2012 avec l’album Noctourniquet, The Mars Volta s’écartait de la formule qu’affectionnent beaucoup de fans. Plus froid, plus de synthétiseurs, des effets moins naturels dans les sonorités de la guitare, etc. Si l’ensemble était long, c’est principalement par le nombre de morceaux qu’il contenait que par leur durée moyenne.
De même, dans une interview, Cedric Bixler-Zavala explique que cette évolution n’est pas si neuve. “Omar était déjà dans la palette de cette idée en 2006. Il m’a demandé ce que je pensais d’évoluer vers la pop. La personne que j’étais à l’époque, j’étais comme certains de nos fans : “Non, ne fais pas cela !” […] Est-ce que nos fans sont prêts pour cela ?“
Douze ans plus tard, la question ne s’est visiblement pas posée très longtemps. On se rend compte rapidement que leur état d’esprit n’est plus le même qu’avant. Il en devient du coup logique que leur musique évolue également. Et contrairement à d’autres groupes, cela ne veut pas dire en mal ! On regrette simplement de ne pas avoir eu droit à une folie dont seul The Mars Volta est capable.
Informations
Label : Clouds Hill Records
Date de sortie : 16/09/2022
Site web : www.themarsvoltaofficial.com
Notre sélection
- Que Dios Te Maldiga Mi Corazon
- Equus 3
- Graveyard Love
Note RUL
2,5/5