The National – Sleep Well Beast

Difficile de ne pas aimer The National. Le quintette venu d’outre-Atlantique, malheureusement trop peu connu chez nous, touche inévitablement toutes celles et tous ceux qui croisent son chemin. Et pour cause, la voix grave et le timbre typique du chanteur Matt Berninger, alliée à des compositions mélancoliques et contemplatives, donne au groupe une signature unique. Si le dernier album des Américains, sorti il y a quatre ans, avait plu au public sans pour autant révolutionner le genre, le quintette est ce mois-ci de retour avec “Sleep Well Beast”, un septième disque des plus réussis.

The National s’aventure sans aucun doute sur de nouvelles routes, tant et si bien que même ceux qui n’apprécient pas particulièrement le rock indé pourraient y trouver leur compte. L’ensemble allie l’énergie des guitares à un piano hypnotisant, en passant par des rythmiques complexes, des éléments électro jamais superflus, et bien sûr, cette voix. Tout cela nous livre un panorama quasi-complet de ce que la musique peut exprimer en terme d’émotions. On constate de tels contrastes dès le début du disque, entre la sublime intro “Nobody Else Will Be There”, ballade torturée au piano, et le titre suivant, “Day I Die”, morceau rock rythmé aux guitares mélodieuses.

Au fil de l’album, on sent que chaque instrument a été utilisé au plus haut de son potentiel. Les guitares sont maîtrisées, et le duo basse-batterie ne sert pas qu’à les accompagner, chose suffisamment rare pour être soulignée. On remarquera aussi la présence assez forte de sonorités électroniques, parfaitement mixées au reste, et qui (contrairement à ce qu’on entend trop souvent) ne donnent pas l’impression d’avoir été rajoutées en surcouche. Un morceau comme “The System Only Dreams In Total Darkness” allie électro minimaliste, piano, et guitares endiablées, tout ça de manière si logique qu’on s’en rend à peine compte.

Un tour de force donc, tant en matière de composition que de thèmes abordés, l’album dépeignant avec justesse les paradoxes et les multiples facettes des émotions humaines. The National continue son ascension, et nous livre ici ce qu’il a toujours su faire, en mieux.