Cincinnati est une ville où fourmille vraiment de particulières personnalités, berceau de Charles Manson et Steven Spielberg, cette cité a également donné naissance à Matt Berninger et les frères Scott & Bryan Devendorf. Après la formation de Nancy, premier groupe de rock indé foireux à l’énergie intéressante; Matt, Scott et Bryan partent croquer la grosse pomme et, avec les frères Bryce et Aaron Dessner, démarrent The National. Premier album, non sortie en France, salué par la critique étrangère, suivi du pop, rock et folk “Sad Songs For Dirty Lovers”, soutenu par Libération. Le sombre “Alligator”, à la sauce punk cold wave, sort en 2005. Il est acclamé par la critique et Pitchfork le place parmi les meilleurs disques de l’année. Entre implication dans les élections présidentielles et leur soutien dans la lutte contre le Sida, The Nation semble avoir trouvé sa voie. Les disques s’enchaînent, arçonnant récompenses et ovations de la critique. Et c’est réglé comme une horloge que sort leur cinquième essai, “Trouble Will Find Me” en presque quinze ans de carrière.
“I Should Live In Salt” lance l’opus, dans la lignée d’un “High Violet” (2010) tout en douceur; voix et guitare en harmonie avec des claviers froids capiteux. Les soliloques familiers de baryton, sans effort, orchestrés par Matt Berninger, continueront de faire frissonner, notamment sur “Demons”. De plus, le chanteur parolier continuera d’impressionner sur “Don’t Swallow The Cap”, sa douceur mélancolique, à l’instar de Adam Duritz ensevelit sous la rythmique syncopée de Bryan Devendorf et les guitares des frères Dessner, aux orchestrations étudiées, revient sur le meilleur de “Alligator”. “Fireproof” ira marcher sur les traces de R.E.M. ensemencé d’une symphonie de guitares aériennes et hypnotiques. Quelques guests feront leur apparition au long de l’opus notamment Sharon Van Etten pour les chœurs du lancinant “This Is The Last Time” ou encore Suffja Stevens à la batterie et au synthé. Ces différents invités permettront de livrer des titres aux colorations novatrices pour The National, l’utilisation des textures synthétiques et les pédales de basse, afin de donner une sensibilité plus pop. “Pink Rabbits” le démontre ici, la batterie sonne dans le style de Levon Helm, enveloppée dans un voile brumeux électronique, amenant une austérité magnétique. D’un autre côté, “Sea Of Love” par ses explosions maitrisées et ses ruptures de tempo ou encore la troublante et parcimonieuse “I Need My Girl”, font également écho à “Alligator” ou “Boxer” (2007), par son rythme et sa structure. Le disque se termine sur l’énigmatique et très britpop, “Hard To Find”, ballade douce mais aussic omplexe et écrémée de tout artifice, brillant.
“Trouble Will Find Me” contient les mêmes qualités qui ont fait de “Alligator” et “Boxer” des albums vibrants, hypnotiques et reflétant la marque de fabrique The National, identifiable parmi tous les groupes de rock indé du moment. Et malgré des textes brillants et une qualité de compostions toujours à la hauteur des attentes, cet effort n’arrive pas réellement à se distinguer des autres albums du quintette. Les nouveaux venus dans l’univers du rock vont adorer, les fans les suivant depuis leur premier concert, à la Guinguette de Paris en 2002, en garderont un goût amer.
Informations
Label : 4AD
Date de sortie : 20/05/2013
Site web : www.americanmary.com
Notre sélection
- This Is The Last Time
- Hard To Find
- Demons
Note RUL
4/5