En vingt ans d’existence et plus de quarante musiciens passés au sein du collectif, The Ocean n’a cessé d’évoluer et de nous proposer des albums concepts tous plus mémorables les uns que les autres. Les Allemands sont de retour en cette fin septembre avec leur huitième disque, “Phanerozoic II: Mesozoic | Cenozoic”. Quelques titres avaient été dévoilés ça et là sur les Internets et nous avaient mis l’eau à la bouche. À raison ! Si vous êtes fans de dinosaures, cet album est fait pour vous !
Le chaînon manquant
Phanerozoic II: Mesozoic – Cenozoic est donc la suite de “Phanerozoic I: Palaeozoic” sorti en 2018. Ces deux albums forment un diptyque traitant de la paléontologie et se place chronologiquement entre “Precambrian” (2007) et le double album “Heliocentric” (2010) / “Anthropocentric” (2011). Contrairement à son prédécesseur, “Phanerozoic II: Mesozoic – Cenozoic” est plus expérimental et électrique dans son ensemble. Ce nouveau disque est de loin le plus progressif de toute l’opulente discographie du groupe.
The Ocean nous offre ici huit titres d’une grande richesse. Chacun a sa propre histoire, sa propre identité sonore, tous sont donc très singuliers et pourtant s’enchaînent à la perfection. Le voyage “Phanerozoic II: Mesozoic – Cenozoic” dure quelques cinquante minutes et le quintette n’est pas là pour écosser les haricots.
Une excursion extraordinaire
L’album s’ouvre sur “Triassic”, une entrée en matière digne de ce nom ! L’atmosphère globale de ce morceau fait clairement penser à Tool avec ses percussions typées orientales (la bande de Maynard James Keenan ne sera d’ailleurs jamais bien loin). Nouveauté également ici : le vocoder ! Et quel rendu parfait entre cette voix robotisée et cette mélodie tantôt aérienne, tantôt explosive où le chant clair se transforme en scream puissant. La ligne de basse est incroyablement mise en avant et c’est un bonheur auditif !
Avec “Miocene | Pliocene” The Ocean nous emmène dans des contrées sombres et remplies de l’âme de Cult Of Luna. Une mélodie post metal d’une beauté sans nom, magnifiée par cette dualité chant clair/scream qui donne la chair de poule.
“Jurassic | Cretaceous”, dévoilée en juillet, est un titre absolument parfait. Comme sur la première partie, on retrouve Jonas Renkse (Katatonia) venant prêter sa voix. L’ajout des cuivres (bien que sonnant un peu numérique) amènent une puissance bien supérieure. Les divers sons électroniques peuvent parfois nous entraîner du côté de chez Muse. Les riffs de guitare et les placements de chants nous rappellent bel et bien que nous écoutons The Ocean. Bien que ceux-ci partent sur des tonalités très black metal, avec des roulements et autres doubles pédales à faire perdre la raison.
Et ce n’est évidemment pas “Pleistocene” qui nous fera dire le contraire. Tout d’abord assez posé, le groupe s’énerve d’un coup et nous envoie toute sa colère dans la tronche à base de blast de folie. Loïc Rossetti nous sort un scream aigu tout droit sorti des enfers. Le résultat est incroyable !
Les musiciens n’en oublient pas de calmer un peu le jeu afin que l’on puisse respirer un peu notamment avec “Eocene” (où encore une fois, l’esprit de Tool plane) ou encore avec le très typé post rock “Oligocene”.
Toujours plus
“Phanerozoic II: Mesozoic – Cenozoic” est donc un album d’une richesse inespérée. Tous se sont surpassés dans sa composition. Et comme à leur habitude, chaque morceau fait référence à une période bien particulière des ères passées. De la nature exubérante qui veut reprendre ses droits (“Triassic”), en passant par l’extinction des dinosaures (“Jurassic | Cretaceous”), et par le réchauffement climatique progressif (“Palaeocene”), ou encore “Holocene” qui signe la fin de tout.
L’ajout de nombreux synthétiseurs et autres cuivres apportent une plus-value non-négligeable à l’ensemble. On apprécie également le fait que Paul Seidel (batterie) chante sur “Holocene”, ou que Tomas Hallbom (Breach) vienne soutenir la formation de sa voix éraillée sur “Palaeocene”.
Soulignons surtout le travail mémorable exécuté par Loïc Rossetti qui n’a jamais si bien chanté que sur ce “Phanerozoic II: Mesozoic | Cenozoic”. Que de chemin parcouru depuis son arrivée en 2009 pour “Heliocentric”. La prononciation est impeccable, le chant clair est réussi à la perfection et nous mettrait presque des frissons. Les screams gras ou au contraire aigus sont d’une intensité inégalable.
Vous l’aurez donc compris, cet épisode final est absolument indispensable dans votre discographie de 2020. The Ocean nous montre, encore une fois, toute l’étendue de son talent et n’a pas peur de filer sur des terrains inconnus. Cela ne présage que du bon pour la suite.
Informations
Label : Pelagic Records
Date de sortie : 25/09/2020
Site web : pelagic-records.com/artist/the-ocean
Notre sélection
- Miocene | Pliocene
- Pleistocene
- Jurassic | Cretaceous
Note RUL
4,5/5