The Offspring – SUPERCHARGED

The Offspring vient secouer le mois d’octobre avec la sortie de SUPERCHARGED, un onzième album qui célèbre quarante années d’activité. Après le décevant Let The Bad Times Roll (2021), le groupe américain punk rock semble s’offrir une nouvelle jeunesse. Bénéficiant d’un retour en masse d’un public nostalgique lors de ses tournées, les Californiens auraient-ils trouvé comment relancer la machine à tubes ?

Retour aux racines

Dès le morceau d’ouverture, “Looking Out For #1”, les marqueurs qui font le succès du quintette sont bien présents : des rythmes rapides, une énergie débridée, et des refrains accrocheurs. La construction et les effets ne sont d’ailleurs pas sans rappeler “Original Prankster”. Il se dégage de ce morceau un sentiment de continuité très fort avec les précédents disques. Encore plus caractéristique, “Light It Up” plonge l’auditeur dans le son du groupe des années 90. Les riffs de guitare acérés, le refrain entêtant, et les notes arabisantes en font une véritable réussite. Le titre capture parfaitement l’essence de The Offspring. À tel point qu’il aurait pu avoir sa place sur Americana (1998).

Mais SUPERCHARGED est plus qu’un hommage ou une redite du passé. La formation s’autorise des expérimentations sonores qui montrent une certaine maturité. Notamment sur “Come To Brazil”, un morceau surprenant, oscillant entre thrash metal et hymne chanté lors de matchs de football. Cette chanson, hommage à ses fans brésiliens, marque une incursion dans des styles plus lourds tout en conservant la légèreté propre au groupe. Les musiciens se font clairement plaisir sur ce morceau, allant jusqu’à imiter des riffs bien connus. Un plaisir du riff qui se retrouve également sur le détonant “Get Some” et son solo de guitar hero.

Le renouveau du rouleau compresseur

L’ensemble inclut bien sûr sa ballade faussement naïve, dans la lignée de “Self Esteem”. “Ok, But This Is The Last Time” reprend assez brillamment le thème de l’amoureux abusé. “Make It All Right” joue la carte pop punk ensoleillée. Un titre aux sonorités très californiennes qui montre que ce registre trop fade n’est pas forcément le plus maîtrisé par le groupe. En effet, The Offspring se démarque lorsqu’il renoue avec le côté dénonciateur de ses débuts. “Truth In Fiction” est sûrement le titre le plus abouti de cet album. Il se distingue par son énergie brute et son intensité, rappelant fortement l’influence de groupes punk comme Bad Religion.

Le morceau réveille les oreilles avec sa structure rapide, une basse ambitieuse, et des paroles percutantes qui abordent des thèmes politiques et sociaux. Le groupe révèle ainsi qu’il a toujours la capacité d’allier l’agressivité punk à des réflexions plus profondes. SUPERCHARGED reste très cohérent et solide tout du long. Les vétérans distillent des clins d’œil à leur discographie, à l’image de morceaux comme “Hanging By A Thread” ou “You Can’t Get There From Here”. La production est plus épurée que sur la précédente sortie. Le son plus direct souligne une écriture plus franche. Adieu le surplus de fioritures au profit d’un punk rock bien efficace.

The Offspring réaffirme toute sa pertinence sur la scène punk rock mondiale avec un album maîtrisé de bout en bout.