A la lecture du titre “Dark Matters”, neuvième album de The Rasmus, impossible de ne pas penser à l’album mythique “Dead Letters” qui a propulsé le groupe avec l’incontournable “In The Shadows” il y a déjà treize ans. Un disque sombre, aux influences rock très marquées. Et pourtant.
Et pourtant le groupe a fait du chemin. Notamment, le chanteur Lauri Ylönen qui a démarré sa carrière solo en 2011 avec un effort studio trop électronique et différent pour être sorti sous le nom de The Rasmus.
Et c’est là que le bat blesse avec “Dark Matters”. Porté par le premier single “Paradise” aux accents pop électronique survitaminée pas déplaisant, cet opus est très vite suivi par un constat qui est sans appel : The Rasmus n’a plus de rock que son passé. Le travail sur les guitares électriques, il faut bien l’admettre, est quasiment absent. Avec déjà cinq singles sortis, soit la moitié de l’ensemble dévoilé sur plus de six mois de teasing, il n’est pas difficile de comprendre la démarche des Finlandais.
Si quelques formations de rock ont réussi le pari de cette mode du virage électro, de nombreux autres ont littéralement échoué. Avec ce “Dark Matters”, The Rasmus appartient à la deuxième catégorie et semble presque voir pris un malin plaisir à rassembler tous les écueils du mauvais album d’électro pop. De la voix auto-tunée sur “Black Days” aux passages électro hybrides de “Nothing” en passant par la case de la ballade électro mièvre (“Delirium”), The Rasmus nous sert un concentré de chansons convenues et peu inspirées. On a la fâcheuse impression que les Finlandais se prennent pour Thirty Second To Mars sans jamais ne s’en donner les moyens.
C’est à se demander où est la noirceur que l’on entrevoit sur la pochette de ce “Dark Matters”. Égarée dans l’intro groovy et saccadée de distorsion du tube “Wonderman” qui sauve l’essai du naufrage grâce à un refrain tout juste sincère. Enfin, à part la sincérité du final “Dragons Into Dreams” qui propose finalement une utilisation plus intelligente et maîtrisée des éléments électroniques, il n’y a que très peu de passages qui font écho à la jolie sensibilité de quatuor : pas de mélodies, pas d’accords de rock, pas d’envolées vocales ou alors jamais quitter l’ombre de l’auto-tune. The Rasmus se fane. L’ensemble se perd dans des structures et des rythmes trop similaires, qui sont tout sauf à la hauteur de ce dont est capable The Rasmus.
Si l’électronique s’était déjà fait une place de marque sur l’éponyme de 2012, “Dark Matters” enfonce le clou mais du mauvais côté. N’est pas bon architecte celui qui veut, en témoigne des ambiances électro tantôt maladroites, parfois complètement incongrues, qui nous font demander si les Finlandais n’ont pas tout simplement perdu la raison. A moins que ce soit de l’audace et dans ce cas, être audacieux ne paie pas toujours et peut malheureusement être source de déception.
Informations
Label : Playground Music
Date de sortie : 06/10/2017
Site web : therasmus.com
Notre sélection
- Paradise
- Wonderman
- Dragon Into Dreams
Note RUL
2/5