The Rolling Stones – Hackney Diamonds

Dix-huit années après la sortie de A Bigger Bang en 2005, The Rolling Stones est de retour pour son vingt-quatrième album, Hackney Diamonds. Est-ce que ce disque est à la hauteur du mythe perpétré par Mick Jagger, Keith Richards et Ronnie Wood depuis soixante-et-un ans ? Ou est-ce vraiment approprié de se poser cette question ?

The Rolling Stones fait saliver les fans depuis quelques semaines avec deux singles aux styles très différents, annonçant déjà la couleur du futur album. “Angry”, qui ouvre le bal sur Hackney Diamonds, est d’une efficacité redoutable. Un riff de guitare qui certes donne une impression de déjà-vu, mais qui représente parfaitement la “patte” emblématique de The Rolling Stones. Voici là une belle mise en jambe. Le deuxième single, “Sweet Sounds Of Heaven”, est bien plus surprenant. Situé en fin de disque, ce titre ouvre une sorte de porte secrète qu’on n’avait pas vue venir. Chanson sur laquelle sont invités Lady Gaga au chant et Stevie Wonder au clavier et d’une durée de plus de sept minutes. On aime ou on déteste, mais l’on est forcé de s’accorder sur le fait que dans ce morceau, tout y est. L’énergie, la voix de Mick Jagger qui n’a pas vieilli d’un pouce, du rock, du blues, même un passage gospel. De quoi être sûrs que The Rolling Stones est bel et bien toujours de la partie.

Une recette qui marche

L’ensemble propose des titres qui sont tout droit sortis du répertoire classique des Stones, comme “Angry”, “Depending On You”, “Live By The Sword” avec la participation d’Elton John au clavier. Ce sont des chansons que l’on a clairement l’impression de les avoir déjà entendus par le passé. La formation britannique propose également quelques compositions que l’on pourrait qualifier d’inédits; davantage dans une veine pop comme “Whole Wide World” ou “Mess It Up”, ou tout droit sortis des années 1970, tel que “Bite My Head Off” avec Paul McCartney invité pour jouer de la basse sur ce morceau. Si d’une part cette collaboration entre l’ancien Beatles et les Stones fait sourire, cette composition possède carrément des airs de musique punk, et est très différente de ce qu’on a pu entendre jusqu’à présent. Ces différences de ton entre les chansons forment un ensemble surprenant. Et c’est ce que l’on recherche aussi avec la sortie d’un album original. Un doux mélange entre de l’ancien et du nouveau. Certains morceaux comme “Tell Me Straight” n’apportent pas grand-chose à l’ensemble; ce titre est quelque peu pauvre en rythme et assez répétitif. Mais dans le cas spécifique de The Rolling Stones, il est difficile de continuer à surprendre après soixante ans de carrière. Les Londoniens ont tout de même relevé le défi avec Hackney Diamonds.

1962-2023

Sur l’ensemble de ce disque, il est impressionnant d’entendre autant de dynamisme de la part des octogénaires. La voix de Mick Jagger se tient à merveille, les musiciens suivent en proposant des riffs originaux qui font plaisir à entendre. En réalité, cela n’a pas été clairement indiqué par The Rolling Stones, mais Hackney Diamonds sonne tout de même comme un ultime au-revoir à la scène musicale. Tous les musiciens invités à collaborer sur cet album (Paul McCartney, Stevie Wonder, Elton John, Lady Gaga) donnent à l’ensemble une couleur particulière. Une sorte de célébration du répertoire du groupe et en quelque sorte, d’un bout de l’histoire. En parlant d’histoire, il faut souligner le morceau qui clôture Hackney Diamonds, “Rolling Stone Blues”, qui est merveilleusement bien choisi, et presque émouvant. Il s’agit d’un clin d’œil aux débuts de la formation, qui a choisi son nom de scène par hasard au téléphone pour prospecter des salles de concert au début des années 1960. L’interlocuteur demande quel est le nom du groupe, sous les yeux de Brian Jones, un disque de Muddy Waters où le titre “Rollin’ Stone Blues” est inscrit au dos, c’est ce Brian répondra. Les Stones n’avaient jamais écrit leur “Rolling Stone Blues”, il aura fallu attendre soixante-et-un ans pour l’entendre. Ce titre est là pour clôturer quelque chose : un album, une carrière.

Hackney Diamonds n’est certainement pas le plus marquant des vingt-quatre disques de The Rolling Stones. Cependant, n’est-il pas fantastique d’avoir une formation aussi emblématique que celle-ci, proposer à ses fans, des plus vieux aux plus jeunes, de continuer à faire frétiller leurs mirettes une dernière fois ?