Annoncé par un “One Way Trigger” aux déroutants effluves eighties, rappelant tristement A-Ha, The Strokes livre son cinquième album “Comedown Machine”. Pour la petite histoire, les new-yorkais se sont retrouvés sur le devant de la scène en 2001 avec le terriblement efficace “Is This It” non contents d’être les nouveaux fils du rock. Ils allaient eux-mêmes engendrer une large progéniture. Les Franz Ferdinand, Arctic Monkeys, The Hives et d’autres se sont engouffrés dans la brèche. Et les Strokes ont continué à faire sonner leurs guitares, juste avant le break en 2008. Le quintette est revenu en 2011 avec le très décevant “Angles”. Dans une autre veine, “Comedown Machine” ressemble beaucoup plus aux précédentes productions strokesiennes : riffs entêtants, soli travaillés et modulations de voix périlleuses pour Julian Casablancas. Toujours sur le fil, The Strokes se tempère et pond ici un disque audacieux, calme mais dans un pur esprit rock n’roll.
Démarrage en trombe, guitare électrique à souhait, stoppée net par un riff coldwave à tendance funk et à l’ambiance eighties. “Tap Out”, premier titre de l’ensemble explique la galette en moins de vingt secondes. Les petits jeunes ont relancé le rock brut de décoffrage, mais ils s’engouffrent désormais dans la brèche du retour de la new wave. Et dans ce domaine ils sont très bons, voir excellent. “All The Time”, revient sur les traces de “Is This It”, en version pop branchouille. “One Way Trigger” avait déjà annoncé la couleur avec son riff 8 bits très discuté, mais qui au fur et à mesure des écoutes, il s’avère d’une efficacité redoutable. “Happy Ending” dans la même veine, les guitares sont de hautes volées, c’est ludique et fun. On avance un peu dans le temps avec “Welcome To Japan”, véritable hommage à David Bowie à mi-chemin entre “China Girl” et “Let’s Dance”, toujours pop, mais tourné vers les années 90. Au milieu de ce mélange des genres, The Strokes s’offre des accords plaqués et des guitares enflammées sur un “50/50” addictif, l’effluve des Ramones se fait sentir. En parlant de morceaux explosifs, “Partners In Crime”, riffs distordus et précis entremêlés de soli détonnants, le tout surplombé par un Julian Casablancas désenchanté et criard, imparable. L’opus offrira également de belles ballades, “80’s Comedown Machine”, un synthé psychédélique, une voix qui semble tourner en boucle, la machine des Strokes hypnotise, file le tournis mais n’écoeure jamais. “Call It Fate, Call It Karma”, autre ballade du CD, présente un Strokes complétement différent de tout l’album, mais ne perd rien de sa superbe. Comme écouter sur le mange disque de vos grand-parents, Julian concède un titre 50’s, rempli de douceur de coton, une seule envie vous enivrera, faire des calins à tout le monde (ce qui est rare avec les Strokes). De plus, la voix du chanteur n’en finit plus de muer sur ce disque passant des graves barytons aux aiguës de George Michael.
Plus excitant, plus énergique, plus enjoué que “Angles”, “Comedown Machine” n’a en effet rien de révolutionnaire mais marque une évolution notable dans le style de The Strokes. Effet synthétique sur la voix de Julian Casablancas, le leader s’essaie à des hauteurs vocales improbables et ne chute jamais. C’est un sacré bon album plein de pop groove et fun très 80’s et de guitares malines et léchées. On jette les perfectos et les Ray-Ban, on sort les Vuarnet rétroviseurs et les vestes bouffantes fluos !
Informations
Label : Sony Music / Jive Epic
Date de sortie : 25/03/2013
Site web : www.rcarecords.com/artists/strokes
Notre sélection
- Call It Fate, Call It Karma
- 50/50
- Tap Out
Note RUL
4/5