Très (pour ne pas dire énormément) attendu après un dernier album “Vulnérable” (2012) sous l’enseigne de Hopeless Records qui annonçait déjà une certaine évolution dans le style et les ambitions, The Used est de retour en cette année 2014 avec le tout nouveau “Imaginary Enemy” aux nuances de guerre, de révolution et de rébellion. Actuellement en tournée avec Taking Back Sunday, l’un de ses vieux camarades à l’étiquette “emo” sur le dos, retour sur cet essai surprenant mais plein de bonnes volontés.
The Used a toujours su, au fur et à mesure des années, jouir d’une certaine facilité à pondre des disques ou des titres facilement perceptibles et appréciables par le public et “Imaginary Enemy” n’ira pas à l’encontre de cette règle… si bien qu’on en arrive à regretter cet excès de facilité ! Il semble même que le groupe, comme Obélix, soit tombé récemment dans une marmite pleine de tubes génériques et complaisants qui, en parallèle, effacent plusieurs caractéristiques, qui ont toujours eu leur place dans leurs précédents opus en apportant un charme concret. Le côté standard de ce nouveau disque et sa production actuelle (surtout au niveau vocal et des screams de Bert McCracken passant quasi inaperçus) enlève avant tout une énorme part de sensibilité, de sensationnel et d’intimisme, tombant dans un train plus pop et contemporain. Une réalisation lisse dans l’ensemble allant dans une direction opposée des thèmes évoqués dans l’album : un appel aux révoltes, un soulèvement d’une sorte de mouvement de contre-culture agressive face à la société de consommation et à la politique actuelle. Une boutade qui fera perdre en crédibilité au produit final. Ceci étant dit, il faut aussi avouer, sur un ton objectif, qu’on retrouve quelques bons morceaux musicalement parlant avec de belles tentatives de mélanges de genre, entre le post hardcore “A Song To Stifle Imperial Progression (A Work In Progress)” au refrain dragouillant le ska, la progressive “El-Oh-Vee-Ee” (“Love” pour ceux qui se demanderait le sens de ce titre) ou encore la catchy “Make Believe” qui saura rameuter de nouvelles têtes à la fanbase. On retrouve aussi quelques traces du passé de The Used dans des chansons comme “Force Without Violence” avec une certaine cohésion instrumental/chant qui fait remonter quelques souvenirs des essais précédents. Appréciables à écouter sous leurs indéniables airs radio friendly, les pistes “Imaginary Enemy” et “Generation Throwaway” semblent même représenter la face actuelle de la formation emo, avec des mélodies envoutantes, à la limite de l’hymne et des “oh oh” traditionnels. Parfait pour les futures performances live et pour casser les codes d’un passé à l’attention restreinte. Les qualités de musiciens de Quinn Allman (guitare), Jeph Howard (basse) et Dan Whitesides (batterie) continuent simplement d’être, liées à une volonté d’élever les sons ainsi que leur musique à un niveau supérieur et cette véritable adaptation à un style moins brutal et plus travaillé.
En laissant de côté ce paradoxe d’anticapitalisme aux sonorités pop, il reste quand même à la fin de l’écoute de ce CD des morceaux entrainants et solides, avec une réelle efficacité dans les refrains qui sauront faire leur part du travail sur scène. The Used, ne pouvant être blâmé de prendre des risques, a réussi à faire un effort musicalement actuel, mais n’a pas su marier des ingrédients aux goûts différents que sont le thème et l’atmosphère générale, bien trop bon enfant pour parler d’un soulèvement du peuple. Une prochaine fois, peut être !
Informations
Label : Hopeless Records
Date de sortie : 31/03/2014
Site web : theused.net
Notre sélection
- Imaginary Enemy
- Revolution
- A Song To Stifle Imperial Progression (A Work In Progress)
Note RUL
2.5/5