Le groupe canadien Theory Of A Deadman poursuit son évolution pop rock avec “Say Nothing”. Un album qui surprend plus par son engagement sociétal que par sa musique.
Theory a des choses à dire
La prise de parole engagée pour Theory Of A Deadman n’a jamais fait partie des marqueurs du groupe. Les protégés de Nickelback s’étaient aventurés, sur leur précédent disque “Wake Up Call” (2017), sur le terrain de l’addiction, pour un résultat mitigé. Sur “Say Nothing”, l’engagement est plus radical et semble sincère. “History Of Violence” dépeint la vie d’une femme victime d’abus domestiques, qui cherche une échappatoire et la trouve dans le meurtre de son agresseur. Les paroles sont prenantes et le clip est un support visuel fort pour cette histoire. A noter que le morceau a été écrit par Tyler Connolly avec la participation de son ex-femme.
“Strangers”, aux influences très Imagine Dragons, adresse le clivage politique américain actuel. Il met en avant les conséquences destructrices de la logique individuelle. Tyler Connolly, explique dans la presse qu’il souhaiterait que ce morceau aide les personnes à prendre conscience de leur division, pour les pousser à s’allier et s’entraider. Un pari ambitieux !
Le fait que ces deux titres aient été choisis comme single démontre la volonté des Canadiens de suivre une voie plus engagée, plus politique.
Toujours plus de pop et de hip hop
Le groupe, qui sort un album tous les trois ans, avait amorcé un virage très pop avec “Wake Up Call” et le single “Rx (Medicate)”. Une stratégie “adapt”, survive, and “evolve” comme les musiciens aiment le dire. C’est dans cette lignée que “Say Nothing” s’inscrit. Des influences hip hop bien présentes sur “Affluenza” ou l’éponyme “Say Nothing”.
Connolly s’est mis au piano depuis quelques années et s’en sert de plus en plus pour composer. L’instrument prend logiquement plus de place sur ce disque comme sur “World Keeps Spinning” ou “White Boy”.
“Quicksand” s’offre une chorale gospel pour apporter plus d’émotion. L’association avec une partie instrumentale minimaliste, portée par des percussions accrocheuses fonctionne.
Un album un peu trop lisse
Theory Of A Deadman explore des approches musicales, s’ouvre à de nombreuses influence et cherche à évoluer. La démarche est louable, mais le résultat tombe un peu à plat. Le chant de Connolly tourne un peu en rond entre les accents pop rock et le phrasé presque rapé.
Le quatuor livre dix morceaux, qui mériteraient plus de relief pour devenir réellement intéressants. Le final un peu mielleux avec “It’s All Good”, malgré des paroles assez sombres en est un bon exemple. L’envie de bien faire est présente, mais le résultat n’est ni bon ni mauvais.
Un sixième album pop rock et engagé, qui manque un peu de saveurs.
Informations
Label : Roadrunner Records
Date de sortie : 31/01/2020
Site web : www.theoryofficial.com
Notre sélection
- History Of Violence
- Strangers
- Quicksand
Note RUL
3/5