Thomas Howard Memorial est né il y a plus de deux ans, à l’initiative de Yann Ollivier et Marc Corlett, membres du groupe The Craftmen Club. Après un premier EP en demi-teinte, malgré un aspect de sous Pink Floyd, THM apparaissait comme un diamant brut indispensable dans le paysage post rock atmosphérique actuel. Il faut se rappeler que Thomas Howard est le patronyme de Jesse James lorsqu’il voulait se “mettre au vert” un moment, avant de retourner à l’assaut des banques. De retour avec un deuxième EP nommé “How To Kill Kids”, THM se sent prêt à attaquer Fort Knox ! Se réclamant aussi bien de The Besnard Lakes, de Radiohead et de Archive, les jeunes de Guingamp offrent un mélange original, calme et paisible, entre voix spatiales, batterie déstructurée, piano mélodieux et guitares électriques enivrantes…
L’EP démarre avec “Wise Guys”, guitare électrique aux sonorités western, le duel va commencer, les flingues vont tirer…. Et bien non, c’est juste un pétard mouillé. Après une intro des plus prometteuses, un marasme sourd se fait entendre, la transition est loupée, la rythmique ne suit pas, mais les guitares apportent une beauté indéniable au morceau et l’ensemble se tient, plus souvent dans les descentes, que dans les montées. La voix est sur un fil, toujours à la limite du déséquilibre, ce qui apporte un charme mais risque de déranger certains. L’outro tient la distance, l’ensemble se marie, enfin la perfection et apporte un univers des plus étranges. “Rupture” démarre avec des élans de “Kid A”, avant de se rapprocher de The Cure et The Pixies dans l’émotion, et d’une structure basse/batterie inhérente à l’album “The Wall”. Le lead guitar suit le mouvement et régale avec des distorsions intergalactiques. La voix et les chœurs soutiennent l’ensemble, ça détonne et Thomas Howard Memorial revient d’entre les morts. La voix se fait beaucoup plus oppressante sur “How To Kill Kids”, le texte est glauque, assez logique puisque le titre dénonce un fait de société qu’est la pédophilie. Ça démarre comme un bon vieux Archive, sonorité sombre et lourde. Et, tout à coup, une explosion de guitare et une voix tirant vers les aigus détériore l’idée même du morceau, une sorte de Keane avec une guitare disto, un gout de déception amère se colle au palais. La dernière piste, “Cruel”, porte bien son nom : c’est cruel d’attendre la fin pour montrer ces capacités aériennes et minimalistes, où enfin toutes les influences sont digérées pour apporter un envol piano/voix qui explose de façon crescendo à l’arrivée de la basse et de la batterie. Tout est millimétré à la perfection, la batterie s’amuse entre douceur rapide et lourdeur tempérée, la guitare apparaît et disparaît comme le fantôme de Thomas Howard Memorial, la basse tient la rythmique avec une harmonie déconcertante. Le morceau s’immisce dans le cerveau sans jamais en sortir.
Thomas Howard Memorial arrive à créer une belle ambiance musicale, aussi sombre que cotonneuse. Les morceaux ont la qualité des chansons post rock, avec de belles montées qui ne demandent qu’à exploser, alors que le style en lui-même reste du rock psychédélique planant. Porté par une basse rocambolesque, une guitare sous acide, un piano maitrisé en douceur et soutenue par une batterie qui a quelques irrégularités, THM offre un second EP hasardeux par moment mais arborant une créativité et une singularité plus qu’intéressante.
Informations
Label : Avel Ouest
Date de sortie : 26/11/2012
Site web : www.facebook.com/thomashowardmemorial
Notre sélection
- Cruel
- Rupture
- How To Kill Kids
Note RUL
3.5/5