Throws – Throws

Entre post rock et électrofolk, Throws propose un premier opus éponyme au charme indéniable. 

En 2003, les Britanniques Mike Lindsay et Sam Genders forment le groupe d’électrofolk Tunng et écrivent trois albums ensemble. Puis Sam quitte le groupe en 2007. Mais les deux amis ne peuvent rester éloignés bien longtemps, ils réitèrent donc l’expérience, en duo, en formant Throws. Ils se sont ainsi retrouvés à Reykjavik, en Islande, où vit Mike, pour composer ce petit bijou. L’ensemble se révèle chaleureux et aérien. “The Harbour”, morceau introducteur de l’album, et ses premiers rythmes de batterie signés Magnús Trygvason Eliassen, nous emmènent dans un autre monde avec ses sonorités électroniques et les voix incroyablement complémentaires de Mike et de Sam qui nous emplissent : “We are human, and we hurt each other, and we hurt ourselves”. L’entrée en matière promet déjà un disque doux, recherché, tant dans les sonorités que dans les paroles, et presque magique. Qui dit que le Huldufólk (le peuple caché) n’y est pas pour quelque chose ?

Sur la ballade “Silence In Between”, la voix de Sam va chercher dans le falsetto tandis que celle de Mike se veut plus suave. Et le quatuor à cordes islandais Amiina (qui a collaboré avec Sigur Rós) accompagne les musiciens à merveille, entraînant l’auditeur dans un voyage au spleen envoûtant. On retrouve la même ambiance sur “Sun Gun” et ses notes de piano mélancoliques et pourtant si simples qui apportent leur lot d’émotions.

Pour des notes plus énergiques, il faudra se pencher du côté des titres “Knife” et “Bask”, plus électroniques. Le dernier morceau, “Under The Ice”, avec sa voix introductrice presque radiophonique, est un des morceaux les plus intéressants de l’essai. La voix chaude et rassurante de Mike contraste avec ce morceau glaçant. Côté voix, on notera aussi “High Pressure Front”, marqué par la collaboration avec la chanteuse Sigurlaug Gísladóttir (Múm).

“Throws” est si cohérent qu’il s’écoute comme un seul long morceau. Il semble nous raconter une histoire : celle de deux amis qui se retrouvent et partagent leurs visions de la vie, de l’amour et de l’amitié après tant d’années passées sur différents fuseaux horaires. Mais on peut aussi s’amuser à l’écouter de manière aléatoire afin de créer une toute autre logique à cette sorte de film musical où l’imaginaire de l’auditeur est constamment sollicité. Seul petit bémol, les morceaux se terminent parfois de manière trop abrupte comme sur la non moins excellente “Punch Drunk Sober”.

Ainsi, le duo britannique nous offre un premier opus de très bon augure pour la suite; à la fois singulier et universel, mélancolique et plein d’espoir. Les terres islandaises semblent avoir influencé le duo qui accouche d’un album des grands espaces. Une découverte lumineuse !