Till Lindemann – Zunge

Zunge est le troisième album de la carrière solo de Till Lindemann (Rammstein), entamée en 2015. Il s’agit également du premier disque sorti sous son nom propre (les deux précédents étaient sortis sous le projet Lindemann). Sans révolutionner la roue ni être un chef-d’œuvre, Till Lindemann délivre un album en forme de grand huit malsain et rock.

Même s’il est indéniable que la formule Rammstein sous stéroïdes est très agréable, ce n’est rien que nous n’ayons entendu de Rammstein ou de Lindemann avant aujourd’hui. Rien de particulièrement neuf, hormis les expérimentations risquées de “Tanzlehrerin”, ballade flamenco magnifique portée par des chœurs féminins; “Altes Fleisch”, plus influencé par le rock pop des années 1980 que par le metal industriel (on note une ressemblance avec le terriblement efficace “Platz Eins”) et l’excellent “Übers Meer”, lui aussi très influencé par les années 1980 avec ses synthés et ses mélodies entêtantes. Il constitue en tout cas une belle transition avec “Du Hast Kein Herz”.

“Alles Für Die Kinder” est quant à lui un morceau qui verse à la fois dans l’expérimentation et dans l’étrangeté : des effets dubstep perturbants, des notes de piano effrayantes, sans oublier les rires d’enfants particulièrement flippants. On renoue avec l’inquiétante étrangeté de Till Lindemann.

On note également la production très correcte et de bonne facture : là où les effets sur la voix de Lindemann dans les deux autres disques pouvaient être grotesques, ils sont ici très bien produits et s’intègrent parfaitement dans les morceaux.

Dernière petite surprise : le titre caché, sorte de morceau/hymne de stade complètement fou.

Dans l’ensemble, Zunge est un excellent album, et bien qu’il soit injuste de comparer des éléments de Rammstein ou de Lindemann avec celui-ci, il est presque impossible d’éviter les comparaisons les plus évidentes, tant celles-ci sautent aux yeux (ou aux oreilles) : des morceaux comme “Du Hast Kein Herz”, “Zunge” et “Sport Frei” pourraient être issus des albums de Rammstein, tant ils reprennent les refrains accrocheurs et le côté industriel/marteleur du groupe. Malgré tout, Lindemann semble ici prendre son indépendance et assumer ses influences et ses envies. Ce qui pourrait passer pour un disque moyen de Rammstein est ici un solide album de Till Lindemann.