Turin Brakes – We Were Here

Pendant plus de dix ans, les deux londoniens de Turin Brakes, qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école primaire, n’ont cessé de cultiver leur goût pour la musique pop et folk. À leur début chez Source, avec leur premier album “The Optimist” (2001), les Turin Brakes sont acclamés par la critique, à contre-courant du son de l’époque, leur douceur et légèreté acoustique leur installent une place de choix dans le giron de la folk indé. Enchainant les EP et LP aussi intimistes qu’optimistes, Olly Knights et Gale Paridjanian commencent à rythmer leur musique. “Ether Song” (2003), suit, tragiquement sous-estimé, et le funk “JackInABox” (2005) recevra le même sort. Depuis 2010 chez Cooking Vinyl, Turin Brakes continue son bonhomme de chemin dans l’univers folk. Pour son sixième album “We Were Here”, le duo passe dans les mains d’Ali Staton (Madonna, Tricky). Le disque s’annonce plus éclectique que prévu.

Le picking de la guitare retentit pour l’introduction de “Time And Money”, le titre rappelle la patte acoustique du duo avec ce timbre de voix à la fois puissant et doux. Les riffs se mélangent et chantent un folk à la sauce canadienne qui amorce un très bon opus. “We Were Here” suit et apporte avec lui une mélancolie aux sonorités celtiques qui pourraient être sortie de “The Optimist”. “Part Of The World” continuera cette voie avec ses envolées de violons proches de The Corrs mais avec cette ambiance plus universelle qu’amène avec eux Olly Knights et Gale Paridjanian. Les Turin Brakes lance les hostilités groovy avec “Dear Dad”, Olly Knights fait monter sa voix à la manière d’un kid du Texas, tandis que la basse prend le pas d’un vieux gimmick funk des 70’s. “Blindsided Again” laissera transpirer des soli de guitares psychédéliques quasi-expérimentales emmenés par une voir criarde rock britannique. Par la suite, les ballades folk, plus ou moins classiques, s’enchainent tantôt empruntées à Texas avec “Guess You Heard”, tantôt à Bon Jovi avec “Sleeper”. Au milieu, “No Mercy” se détachera par sa tendresse communiquée par la guitare claire acoustique et scintillante, enchantée par la voix gracieuse d’Olly. Plus tard, “Inbetween” ravira par son ensoleillement proche de la pop de George Harrison. “Goodbye” viendra clore avec tristesse et mélancolie cet opus. Les guitares en parfaite harmonie avec les voix de Olly Knights et Gale Paridjanian qui se répondent par écho.

Le dernier né des Turin Brakes, “We Were Here”, n’est pas le meilleur, “The Optimist” restant un fardeau très lourd à porter pour le groupe. Cela n’empêche pas le sixième essai des londoniens d’être une réussite. Quelques répétitions et moments de lourdeurs sont présents au milieu de l’album mais elles sont dissipées par la réussite de certains morceaux comme “Dear Dad” ou “Blindsided Again”, deux pépites surprenantes. Ils n’étaient pas vraiment attendus dans ce registre. En s’aventurant sur des sentiers inconnus, c’est peut-être là que Turin Brakes sont les meilleurs.