Le groupe floridien post hardcore Underoath est revenu en catimini avec Voyeurist, nouvel album depuis 2018.
Pas mal d’entre nous sont passés à travers à cause soit d’une actualité musicale chargée, soit d’un manque d’intérêt. Loin de nous l’idée de délaisser le nouveau disque d’Underoath, tant sa carrière et son impact sur le post hardcore (la musique chrétienne plus largement) sont grands. Attelons nous donc à décortiquer cet album au titre évocateur.
Piliers du style hardcore plus ou moins influencé par le metalcore, Underoath a pour lui cette aura de grandeur et de respect : peu importe ce que fait le sextette, les fans et les puristes l’attendent toujours. Alors qu’en est-il cette fois ? La formation tient-elle toujours la dragée haute à tous les nouveaux arrivants du post hardcore ?
Ultime chant du cygne ou redécouverte ?
D’aucuns diront que cet album est un peu le chant du cygne du groupe. On préfère prendre le contre pied à cet état d’esprit, et se concentrer sur ce qui en fait un disque solide d’Underoath influencé par son époque.
Commençons par les thèmes abordés tout au long de l’ensemble : des questions profondes sur le sens de la vie et de la mort, sur la nature et le but de l’existence (et de la non-existence) et sur le rôle que la foi et la religion jouent dans nos vies. Soit. On reste dans les thèmes de prédilection des Floridiens, donc tâchons de creuser musicalement ce qu’il en est.
On entame les hostilités avec l’un des cinq singles (!), “Damn Excuses” : exactement le genre de metalcore brut pour démarrer. Avec un soupçon de groove assez incongru, il mène à “Hallelujah”. Plus mélodique et travaillée, ce morceau est impactant et particulièrement émouvant. Les plus connaisseurs y retrouveront le style de Bring Me The Horizon dans les chœurs mélodiques, signe que le groupe vit avec son époque et l’air du temps.
La perte de foi est au centre de ce titre, et plane comme une ombre sur chacun des morceaux. Cette question existentielle, si chère aux Américains, ne trouve toujours pas de réponse ici. C’est probablement la chanson la plus tragique et la plus pathétique (au sens premier du terme) de ce Voyeurist.
Tout est affaire de contraste et de clair-obscur
“I’m Pretty Sure I’m Out Of Luck And Have No Friends” commence timidement avant que le son n’explose en riffs lourds et agressifs. “Cycle” ne perd pas de temps pour ramener la lourdeur. Mettant en vedette Ghostmane, il balance une série de riffs lourds, permettant à la batterie de reprendre sa toile de fond tonitruante.
On touche du doigt le contraste de cet album, ce qui en fait un disque tout à fait correct de post hardcore, mais un album extrêmement intéressant pour Underoath. Ce contraste est d’autant plus parlant avec “Pneumonia”, longue composition de près de sept minutes sur laquelle nous allons nous attarder un peu plus longtemps. De belles mélodies, des pianos moroses et languissants, une atmosphère à la Blade Runner et un volume oppressant : voilà comment on peut résumer ce titre. Sauf qu’il incarne parfaitement toute la teneur de Voyeurist : Clair et sombre. Tendre et violent. Dur mais doux. Immédiat mais inquiétant. De véritables montagnes russes émotionnelles et musicales.
Ceux qui n’attendaient rien d’Underoath pourraient être déçus comme comblés. Tout dépend ce qu’ils viennent chercher au fond de ce Voyeurist, un voyage étrange et contrasté. Soyez avertis, il n’est pas à mettre entre toutes les mains et pourrait vous désarçonner.
Informations
Label : Fearless Records
Date de sortie : 14/01/2022
Site web : underoath777.com
Notre sélection
- Hallelujah
- Pneumonia
- I’m Pretty Sure I’m Out Of Luck And Have No Friends
Note RUL
3/5