Unprocessed – …And Everything In Between

On ne pourra pas dire qu’Unprocessed ne chôme pas. Moins d’un an après le très bon Gold, les Allemands sont de retour avec …And Everything In Between. Un album tout en maîtrise, virtuose et absolument cathartique.

Évolution maitrisée

Sorti tout début décembre, le nouvel album des Allemands continue d’explorer la nouvelle direction déjà évoquée sur le précédent. Les premiers efforts du quatuor touchaient déjà au metal progressif, avec un accent sur les sonorités djent. Les comparaisons avec les géants du genre, Periphery, sont légion et pas vraiment usurpées.

Sans renier cette partie de son identité, Unprocessed évolue. Un nom en particulier cristallise cette transformation : Polyphia. Le groupe américain avait en effet invité les Teutons à officier en première partie de sa tournée américaine en 2023.

On n’en est pas jusqu’à dire que c’est ainsi devenu une influence majeure, mais il est impossible de nier les similarités entre les deux groupes. C’est d’autant plus flagrant sur des titres comme “Glass”, avec son tapping d’intro magnifique, ou l’immense “Die On The Cross Of The Martyr”. Scott LePage et Tim Henson (guitaristes de Polyphia) font d’ailleurs une apparition sur celle-ci et livrent une prestation de haut vol sur un morceau déjà particulièrement incisif.

Virtuose & catharsis

Ces ressemblances ont bien sûr en grande partie à voir avec la technique déployée par Manuel Gardner Fernandes (guitare, chant) et Christoph Schultz (guitare). Tapping, picking alternatif, harmoniques… Les techniques les plus spectaculaires sont mises à contribution dans les compositions du groupe. Ce qui donne ce son si particulier qui domine aujourd’hui dans leurs morceaux.

Là où Polyphia possède sa niche de sons funky et assez peu heavy, Unprocessed conserve la lourdeur de ses compositions d’autrefois. “Lore” est peut-être l’exemple le plus approprié, avec ses riffs lourds et djent à souhait, ses screams et ses sections rythmiques époustouflantes.

La plupart du temps, le nouveau s’allie avec l’ancien. “Blackbone” s’ouvre sur un magnifique et impressionnant riff de guitare, floral, avant d’enchaîner sur des sections intenses où la basse de David John Levy et la batterie de Leon Pfeifer brillent plus particulièrement. N’oublions pas de mentionner le breakdown ravagé de “Thrash” tout en palm mute, difficilement descriptible avec de simples mots. Il faut l’entendre pour le croire.

Incursion pop

Le plus étonnant, en fin de compte, est qu’en plus de ce mélange des genres particulièrement puissant, Unprocessed surfe également sur un côté R’n’B et pop très attractif. Et ce depuis quelques années déjà. La plupart des refrains sont immédiatement entêtants et apportent un contraste intéressant avec les screams déployés par Gardner Fernandes et Levy. Ceux de “Thrash” et de “Die On The Cross Of The Martyr” en particulier.

La métamorphose d’Unprocessed déjà amorcée sur Gold continue donc avec ce disque percutant. Manuel Gardner Fernandes nous montre là toute l’étendue de son talent de guitariste mais aussi de songwriter. Et par la même, nous offre l’un des albums les plus excitants de la fin 2023.