En 2006 nait Vampire Weekend, groupe formé de quatre kids new-yorkais, qui se sont rencontrés sur les bancs de la faculté de Columbia. Tous étudiants en musicologie, ils livrent à l’obtention de leurs diplômes, leur premier album, “Vampire Weekend” (2008). Acclamée par la critique, la formation explose par ses sonorités pop sophistiquées empreintes d’afrobeat. Dans la même lignée et avec la même fraîcheur pop sort “Contra” en 2010. Assez attendu, “Modern Vampires Of The City” débarque enfin et d’après les dires de Ezra Koenig, c’est la face sombre de Vampire Weekend qui est livrée le long de ces douze titres.
Triste et aérien, “Obvious Bicycle” démarre l’opus, beat expérimental, son de machine à laver détraquée et guitare parcimonieuse font la part belle à la voix apaisante d’Ezra Koenig. Plus secoué, “Unbelievers” revient sur les traces de “Contra” avec une atmosphère nettement plus positive. Le centre de gravité reste la voix sans cesse croissante de l’auteur-compositeur Ezra Koenig, voix de fausset à grâce sans faille qui sera d’ailleurs synthétiquement ralentie lors de “Step”, titre au clavecin enchanteur. “Hannah Hunt” comprend les lavages de l’échantillon statique et les tons d’origines mystérieuses. Dans l’ensemble, le résultat est un disque captivant, digne de fois répétition et obsession. La qualité de production et surtout de construction musicale est encore montée d’un cran depuis l’album précédent. “Hannah Hunt” en restera la preuve flagrante, d’une perfection déconcertante, les claviers baroques et le romantisme intello se mêlent au meilleur de Paul Simon, saupoudrés d’une folie expérimentale électronique. “Everlasting Arms” reviendra sur l’afrobeat inhérente chez Vampire Weekend, boosté à l’acid jazz. Certains morceaux seront nettement plus explosifs, “Diane Young” prendra le pas d’un surf rock accrocheur, “Finger Back” tirera vers le noise rock et “Worship You” permettra à Ezra Koenig de balancer cent mots à la minute, sur fond de rock irlandais expérimental. La part sombre revient au galop, “Hudson”, sombre et horrifique, prendra le pas des “saigneurs”, le vampire, de “Vampire Weekend”, prendra ici tout son sens. “Young Lion” viendra mettre un terme à ce voyage magistral dans l’univers des quatre new-yorkais. Piano feignant une comptine pour enfant à la construction complexe, emportée par des chœurs capiteux, la plénitude gagne les oreilles, les yeux se ferment et le sourire aux lèvres, la piste se termine.
Koenig a déclaré dans de récentes interviews que les trois opus du groupe forment une trilogie. Et cette trilogie se termine en apothéose sur un sujet qui va de pair avec une histoire démarrée il y a de ça sept ans, le temps. Son passage pèse lourdement, et Koenig observe intensément les frustrations et les espoirs qui vont avec. Il fait de “Modern Vampires Of The City” un hymne à l’audace et à la perfection. Fort d’émotions et d’idées, Vampire Weenkend livre un album grand, intelligent et captivant d’étrangeté.
Informations
Label : XL Recordings / Beggars
Date de sortie : 13/05/2013
Site web : www.vampireweekend.com
Notre sélection
- Hannah Hunt
- Diane Young
- Hudson
Note RUL
4.5/5