Avec Only God Was Above Us, Vampire Weekend s’aventure dans une exploration profonde de l’héritage du passé dans la construction du futur. Une véritable expérience introspective qui semble partagée entre une essence familière et la modernité. Le résultat parviendra-t-il à séduire ?
Une poésie nostalgique
Only God Was Above Us se distingue par sa capacité à plonger l’auditeur dans une réflexion sur l’impact des générations passées et la manière dont notre héritage façonne notre présent. Des morceaux comme “Capricorn” et “Gen-X Cops” illustrent cette méditation sur la transmission et les empreintes laissées par nos prédécesseurs. Le groupe, à travers ces compositions, invite à une contemplation sur la manière dont les événements historiques et les tendances culturelles s’entremêlent pour définir notre époque.
La chanson “Ice Cream Piano”, par exemple, débute l’album sur une note mélancolique. Elle évolue ensuite vers une critique subtile des tumultes historiques et sociaux. Le morceau se présente comme un voyage lyrique qui passe de l’intime au collectif. Only God Was Above Us est truffé de références quelque peu obscures. Par exemple, le morceau “Gen-X Cops” doit son nom à un film d’action japonais sorti en 1999. “Prep-School Gangsters” s’inspire d’un article de couverture du magazine New York de 1996, où la journaliste explore Manhattan en compagnie d’une bande de voyous issus de la haute société. C’est cette envie de partager l’Histoire qui donne de la profondeur au disque.
Entre innovation et confort
L’ensemble se voulait un terrain d’expérimentation, avec des morceaux tels que “Prep-School Gangsters”, où le groupe a intégré des éléments de free jazz et des sonorités avant-gardistes. Il rappelle des influences puisées chez The Kinks et des percussions déstructurées caractéristiques de Dev Hynes de Blood Orange. C’est un témoignage sur l’énergie dégagée par la ville de New York. Ariel Rechtshaid intègre des techniques d’enregistrement peu conventionnelles qui contribuent à sa singularité. Ces méthodes incluent l’utilisation de structures de chansons abstraites et des arrangements musicaux qui flirtent avec l’avant-garde. Cela crée des textures sonores complexes et inattendues.
Cependant, ces tentatives se soldent parfois par des compositions confuses, manquant de la cohésion qui caractérisait les précédentes sorties du groupe. Un morceau comme “Mary Boone” reflète cette envie de créer un univers hypnotique et expérimental. Le résultat est débattable. Il y a comme une certaine dissonance entre la volonté d’innover et le maintien d’une zone de confort mélodique. Une forme de redondance dans les lignes de chant. Le désir d’explorer de nouveaux horizons sonores conduit à une perte de l’identité musicale qui avait forgé la réputation de Vampire Weekend. Les artifices de la production sont peut-être trop présents ?
Vampire Weekend prend un détour un peu trop prudent pour une formation autrefois à l’avant-garde de l’indie rock.
Informations
Label : Sony Music / Columbia
Date de sortie : 05/04/2024
Site web : www.vampireweekend.com
Notre sélection
- Capricorn
- Prep-School Gangsters
- Gen-X Cops
Note RUL
3/5