A l’automne dernier, Andrew, le joueur d’oud de la formation, annonçait sur le mur de la street team du groupe que Viza allait entrer en studio à la fin du mois d’octobre, pour enregistrer un nouvel album dont la sortie serait pour le début de l’année suivante. Quelques mois plus tard, nous voilà en 2014, et, “Aria”, le petit frère de “Carnivalia” (2011) et de “Made In Chernobyl” (2010) est terminé, comme prévu. Pour l’enregistrement de cet opus, mais également pour sa distribution, sa promotion et ses concerts, les membres se sont tournés vers une plateforme de financement participatif. En échange de leurs donations, et en fonction des montants de ces dernières, les mécènes se sont vu attribuer le droit à différentes faveurs (téléchargement anticipé de l’album deux semaines avant sa sortie, concert privé dans la région de L.A., etc.). Les mois de travail et l’argent investi par les donateurs se concrétisent aujourd’hui au travers d’une galette de treize titres (dont un bonus track), un peu différente des albums précédents, mais néanmoins très cohérente avec la discographie de la formation.
Dès les riffs d’ouverture du disque (“Never Feel”), à la fois plus durs et modernes que ceux auxquels Viza nous a habitué, l’évolution du son du groupe est palpable. Mais, pas d’inquiétude, passées les trente premières secondes, les craintes de voir la musique de Viza perdre de son identité et son originalité s’estompent. A partir du moment où la voix de Knoup retentie, suivie des sons venus tout droit du folklore des confins de l’Europe de l’Ouest et des pays des “Mille Et Une Nuits”, l’amateur de Viza s’y retrouve complètement. Ce sentiment d’évolution dans la continuité que l’on ressent dès le premier titre sera dominant à l’écoute de la majorité des chansons de l’album et se retrouvera tantôt au niveau de la cadence, tantôt au niveau de la coloration musicale, de la tonalité ou encore de l’intention émotionnelle. On peut prendre à titre d’exemple “Quicksand”. Celui-ci débute comme un morceau “classique” de la formation. Mais, arrivé au milieu, la chanson prend une toute autre couleur. D’un coup retentit d’on ne sait où des rugissements. La guitare s’accélère et le son devient plus saturé. “Quicksand” prend alors une tournure digne des titres des plus grands groupes de metal, comme System Of A Down. Il est difficile de chroniquer un album de Viza sans en avoir une approche track by track tant chaque chanson a une couleur musicale qui lui est bien spécifique et mériterait d’être citée ici. Aussi, au-delà du sentiment général exprimé plus haut qui ressort de l’écoute de la galette dans son ensemble, et passée la frustration de ne pas parler de chaque titre, ce qui distingue “Aria” des deux efforts précédents, c’est d’abord une chanson qui apparaît comme un clin d’œil au public français de Viza, de par son titre, et un gimmick répété tout au long de la chanson : “C’est La Vie”. C’est aussi, sur “The Girl That Doesn’t Exist”, la sortie des claviers et accordéons pour une des chansons les plus émouvantes de l’ensemble de la discographie du combo. La galette comporte également un court morceau instrumental, “Beneath The Wave”. Dans la continuité de la discographie du groupe maintenant, il nous faut noter la présence sur “Aria” d’un nouvel épisode, très réussit, des aventures de Victor (“Victor’s Vanguard”). Titre, qui ne manquera pas de ravir tous ceux qui suivent le groupe depuis 2010.
L’artwork de “Aria”, conçu par le photographe Andrew Hall évoque, comme le caractérise K’noup lui-même, l’évolution. Les quatre spirales bleues qui se superposent les unes aux autres sur un fond noir, constituent un visuel principal de pochette beaucoup plus simple et futuriste que celui de “Carnivalia” et évoquent bien l’idée de changement. Ainsi, l’emballage et le contenu de la galette sont donc très cohérents. Par cet album, au son plus contemporain celui des précédents, Viza nous prouve qu’elle a su évoluer sans se perdre. Aussi, assurément, avec “Aria”, l’identité si particulière que le groupe a su se construire depuis qu’il a pris le nom de “Viza” s’enracine un peu plus. Et, la musique très punchy du groupe, servie par les sonorités folkloriques venues à la fois des pays arabes et d’Europe orientale, conjugués à la prestation du charismatique chanteur, reste toujours aussi efficace et plaisante à écouter.
Informations
Label :
Date de sortie : 17/01/2014
Site web : experienceviza.com
Notre sélection
- Viktor’s Vanguard
- Quicksand
- Brunette
Note RUL
4/5