Après “Beyond Hell/Above Heaven” qui avait reçu en 2010 une critique unanime à l’international, Volbeat, le groupe danois de “heavy metal rockabilly” (oui oui, c’est possible), revenait en début de semaine dans les bacs avec un nouvel opus : “Outlaw Gentlemen And Shady Ladies”. Dès l’annonce de la sortie du nouvel album, la question que tous les amateurs de “Elvis metal” se posaient alors, était de savoir si le groupe allait de nouveau réussir la prouesse de produire une synthèse parfaite (le chainon manquant) entre la musique de Johnny Cash et celle de Metallica. Question d’autant plus pertinente qu’entre la galette de 2010 et celle de 2013, une modification majeure au sein de la formation a eu lieu : le départ du guitariste Thomas Bredahl remplacé par Rob Caggiano (ex-guitariste d’Anthrax, ex-The Damned Things et ex-Boiler Room). A ce sujet, on notera que les fans du groupe sont restés un moment dans l’incertitude quant à la nouvelle composition de Volbeat : alors que le départ de Bredahl a été révélé en novembre 2011 ce n’est qu’en février 2013 que Caggiano a été intronisé comme guitariste du groupe.
A la première écoute de ce “Outlaw Gentlemen And Shady Ladies”, deux sentiments se trouvent mêlés. Tout d’abord la satisfaction de retrouver tout ce qui caractérise le son de Volbeat : des airs rockabilly et de country, des riffs ultra-lourds et des motifs qui rappellent les grandes chansons rock (“Pearl Hart”, “Dead But Rising”, “Black Bart”). On notera ici tout de même une place accrue laissée aux riffs heavy metal old school – certainement imputables à la présence de Caggiano. Mais cette impression de continuité est aussi accompagnée du sentiment que les frontières entre tous les styles qu’abordent le combo sont moins prononcées qu’elles ne l’étaient par le passé (“The Nameless One”, “Dead But Rising”, “Doc Hollyday”). Les écoutes suivantes affinent cette impression. Il semble alors que le passage d’un genre à l’autre ne se fait plus entre chansons – comme c’était en général le cas dans les précédents albums où l’on pouvait identifier une influence dominante pour chacun des titres, mais s’opère au travers d’une cohabitation des genres à l’intérieur même des pistes. Par là, on peut dire que l’ambition du groupe pour cet opus a été plus grande : Volbeat a cherché à aller plus loin, franchir une étape supplémentaire, dans le mélange des genres. Mais paradoxalement, in-fine, cet effort rend la galette moins originale, plus lisse et avec moins de relief que par le passé. Au-delà du titre accrocheur de l’ensemble et de sa charte graphique évocatrice, les quatorze pistes qui constituent “Outlaw Gentlemen And Shady Ladies” nous plongent dans le monde dans le Far West du XIXème siècle. Chacun d’entre-deux renvoient en effet à des histoires de cow-boys, bandits, et autres flingueurs. Personnages qui sont tantôt bien réels comme par exemple Black Bart (bandit américain du XIXème siècle qui détroussait les diligences) ou la célèbre braqueuse hors la loi Pearl Hart, qui ont chacun droit à une chanson à leur nom, et tantôt fictifs. Pour trouver l’inspiration, Poulsen (auteur/chanteur/guitariste) raconte dans les interviews qu’il s’est complètement isolé du monde et a trouvé l’inspiration en visionnant les vieux westerns spaghetti qu’il regardait avec son père quand il était enfant. Avant de conclure, une chanson est à citer plus particulièrement : la sixième de l’album, “Room 24”. Celle-ci a été écrite et enregistrée avec une des légendes du heavy metal danois : King Diamond.
Pour conclure, on peut retenir ici qu’au travers du nouvel album “Outlaw Gentlemen And Shady Ladies”, Volbeat prouve avec sa capacité d’évolution constante, sans pour autant abandonner ses fondamentaux. Cette évolution, qui conduit à un disque plus homogène décevra certainement plus d’un fan des premiers efforts studio. Mais, dans la mesure où ce “lissage” rend l’album plus accessible, cette évolution ralliera certainement dans le même temps un nouveau public au groupe.
Informations
Label : Universal Music / Mercury
Date de sortie : 08/04/2013
Site web : www.volbeat.dk/3/home
Notre sélection
- Pearl Hart
- Cape Of Our Hero
- Doc Hollyday
Note RUL
3.5/5