VV (Ville Valo) – Neon Noir

L’annonce de la séparation de HIM en 2017 avait laissé orphelins des milliers d’éternels adolescents gothiques. Mais au tout début de l’année 2020, Ville Valo sortait l’EP Gothica Fennica Vol.1 sous le nom de VV. Il aura fallu attendre deux ans de plus pour entendre la suite et voir les réseaux sociaux du groupe revenir en tant que Heartagram. L’inventeur du love metal est donc de retour et nous présente enfin son premier album solo, Neon Noir.

ASMR gothique

Le titre qui ouvre l’ensemble, “Echolocate Your Love”, surprend par ses sonorités électroniques. Mais dès les premières notes de chant, on respire : Ville Valo est bien là et sa voix facilement reconnaissable est intacte. Cette voix toujours aussi profonde et sensuel qu’aux débuts de HIM, qui a fait la particularité et le succès du groupe pendant vingt-cinq ans. C’est elle qui est au centre de cet album et en fait un disque de VV et non de HIM. Sur des morceaux comme “Saturnine Saturnalia” et “Run Away From The Sun”, elle reste dans un registre grave sur les couplets pour mieux monter pendant les refrains et c’est un pur ravissement pour les oreilles.

One man band

Neon Noir ayant été majoritairement composé pendant le confinement, Ville a tout fait tout seul. Cela se ressent notamment sur la batterie remplacée par une boîte à rythmes, ce qui est d’ailleurs le seul reproche qu’on peut faire à cet album. Évidemment le spectre du groupe n’est jamais loin, comme l’attestent “Salute The Sanguine”, “Vertigo Eyes” ou encore le titre éponyme. Mais Valo explore de nouveaux horizons, plus planants ou même plus sombres. Le single “The Foreverlost” est très pop et donne furieusement envie de danser. “In Trenodia” donne l’impression d’être dans une bulle réconfortante, une bulle qui ramène à l’apogée de HIM, mais d’une manière plus moderne. La voix est douce, posée et magnifiée par les chœurs, et les synthé donnent une touche aérienne à l’ensemble.

La deuxième moitié de l’album est beaucoup plus surprenante et expérimentale que la première. Elle comporte deux titres de plus de six minutes et une piste instrumentale d’une grande richesse. On y trouve aussi la belle surprise de Neon Noir, à savoir “Heartful Of Ghosts”. Le titre s’ouvre sur une guitare très sludge/doom mais les lignes de chants, accompagnées d’une guitare acoustique, rappellent… Taylor Swift. Oui, oui. Seul Ville Valo pouvait réussir à concilier deux univers aussi opposés.

Kill the light

Pas trop de surprise concernant les paroles puisqu’elles ont pour sujet l’amour, la mort, les vampires, la littérature et les films d’horreur (“with those Sadako eyes“), avec toujours cette poésie macabre et sensuelle qui caractérisent le créateur du love metal. Certains vers sont d’une beauté folle et collent à merveille aux mélodies aussi entrainantes que lancinantes composées par le bariton (“Just like braille I read your kintsugi heart/Feel my way back home through the scars in darkness“). Le Finlandais dit en interview avoir écrit la plupart des paroles lors du confinement, d’où sûrement l’omniprésence de références au soleil et à la lumière (“Trapped in a loop, I’m chasing shadows/Of all we have lost and all that will never ever be/Love, you are the song I sing alone/The darkness I keep dreaming of“).

Celles et ceux qui n’ont pas connu ou suivi HIM ne pourront peut-être pas comprendre, mais ce groupe était à la scène gothique ce que My Chemical Romance était à la scène emo. Le retour de son chanteur charismatique était donc très attendu. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente en valait la peine. Ce premier album est une énorme claque de nostalgie, mais pas seulement. On y trouve des sonorités familières associées à des touches plus modernes qui forment un ensemble cohérent et émouvant. Neon Noir est la sortie idéale pour commencer cette année en douceur.