Wallows – Model

Qui dit arrivée de l’été, dit soirées en extérieur bercées par une indie pop légère et dansante. Et quel autre groupe que Wallows pour nous plonger dans des sonorités estivales et vacancières ? Avec Model, le trio américain nous propose un disque frais et aérien, dans la continuité de leurs sorties précédentes, mais sans grand esprit d’aventure.

C’est l’été

Wallows est là pour nous rappeler que les beaux jours arrivent vraiment, même si la météo ne nous en convainc pas. Comme en 2019 et en 2022, il sort son album en plein printemps, histoire qu’on puisse apprécier les douze titres de Model dans une ambiance solaire. Des sonorités aux paroles, tout nous donne envie de partir en road trip dans la campagne ou de faire des soirées en bord de quais jusqu’au lever du soleil.

Dès “Your Apartment”, ouverture du disque, le riff de guitare et les claviers qui viennent s’y greffer nous indiquent que Wallows n’a pas changé de cap pour ce troisième album. On retrouve cet indie rock insouciant tout au long de l’écoute, dans les leads de guitare dansants (“Anytime, Always”, “Calling After Me”, “Canada”), l’importance des multiples textures éthérées proposées par les synthés (“Bad Dream”, “Don’t You Think It’s Strange?”) et les textes évoquant amourettes et problèmes de cœur, saupoudrant le tout.

Bref, la jeunesse manifeste qui se dégage de la musique de Wallows rappelle les origines du groupe, véritable boys band à sa création. Dylan Minnette (connu pour avoir incarné le personnage principal de la série à succès 13 Reasons Why), Braeden Lemasters et Cole Preston lancent leur projet musical au Join The Band studio, qui fabrique des groupes à travers des cours de musique et des camps d’été. De cette étiquette de boys band est restée la structure interne centrée sur deux voix lead plutôt que la division classique entre chanteur soliste et choristes. Dylan Minnette et Braeden Lemasters ont chacun leurs moments en lead, et se rejoignent souvent sur les refrains. Sur “A Warning”, Dylan se charge du premier couplet tandis que Braeden est mis à l’honneur sur le second. Cela permet des variations d’ambiance au niveau des parties vocales et de jolies harmonies sur les sections co-chantées.

Confort plutôt qu’originalité

Celles et ceux s’étant familiarisés avec les deux premiers albums de Wallows (Nothing Happens sorti en 2019, et Tell Me That It’s Over datant de 2022) savent que les trois Américains s’adonnent parfois à quelques expérimentations s’éloignant des sentiers battus d’une indie pop simpliste. Et ces morceaux sont souvent les meilleurs : “Treacherous Doctor” et ses sections chaotiques où les instruments semblent entrer en collision les uns avec les autres, “Worlds Apart” et sa montée en intensité de fin couplée à une splendide transition avec “What You Like”, “Hard To Believe” et ses violons saccadés, “I Don’t Want To Talk” et l’entraînante folie de ses synthés accompagnés par un harmonica… l’originalité de ces parties offrait une réelle identité musicale à ces deux disques, le premier dans son style indie rock/post punk, le second dans sa vitalité power pop.

C’est ce dont Model manque un peu. Il y a bien “I Wouldn’t Mind” et sa section rythmique désorientante, mais de façon générale, on reste un peu sur notre faim. D’autant que Model propose une pop moins entraînante, et que les refrains catchy se font plus rares que d’habitude. “Your Apartment”, “Don’t You Think It’s Strange?” et “Going Under” remplissent bien cette description, mais de façon générale, ce sont plutôt les guitares et les claviers d’ambiance qui semblent avoir le lead. Ainsi, “Bad Dreams” nous rappelle l’électro pop texturée de Tame Impala (y compris dans l’intention vocale). Ce manque de relief provoque une certaine impression de monotonie, qui se traduit aussi dans l’écoute des paroles. Même l’intro nostalgique très Robbie Williams de “You (Show Me Where My Days Went)” et les synthés à la Two Door Cinema Club de “Canada” nous laissent un goût d’inachevé. On a un peu l’impression que chaque chanson a été passée dans un moule correspondant à une base restreinte du son de Wallows, laissant de côté ses subtilités et son potentiel d’originalité, même si certaines tirent leur épingle du jeu (“Calling After Me” est particulièrement groovy). La fin de l’album nous amène vers quelque chose de plus vitaminé, notamment avec “Don’t You Think It’s Strange?” et “Going Under”.

Model est un bon album d’été, mais… pas beaucoup plus. Ses meilleures chansons ne sont pas à la hauteur des pépites passées, et il affiche un certain manque de relief et d’ambition expérimentale qui faisaient la saveur des deux disques précédents. Pour autant, l’écoute est très agréable, et s’inscrit dans l’identité musicale de Wallows; il est donc à prévoir que les fans se l’approprient sans grande peine.