We Are Scientists – Megaplex

Le groupe new-yorkais We Are Scientists n’est pas un projet que l’on peut considérer comme étant sous-productif voire paresseux : deux ans quasi jour pour jour après la sortie de l’agréable “Helter Shelter“, celui-ci remet le couvert avec “Megaplex”, un dix pistes affichant de façon colorée les têtes pensantes de la formation, à savoir le guitariste chanteur Keith Murray et le bassiste Chris Cain. Assistons-nous à la confirmation de l’efficacité du duo avec ce septième disque ?

Résultat d’un travail en commun avec le producteur Max Hart (ex-Katy Perry) – qui avait également posé sa patte sur le précédent opus – on retrouve dans “Megaplex” tout ce virage pop synthétique dans lequel la formation s’investit ces dernières années. Un ensemble un peu moins organique et énervé qu’au début mais musicalement plus riche, divertissant, immersif, où guitares et lignes de basse s’allient subtilement à d’autres éléments synthétiques tout aussi recherchés, sous une production particulièrement léchée.

Comme l’artwork, cet essai se veut donc plein de couleurs, plein de différences, de singularité formant un tout plutôt réussi : de la douce ballade “Kit” à l’explosif riff de “Your Light Has Changed”, en passant par l’électro-pop “One In One Out” au frais morceau alt rock “No Wait At Five Leaves” ou encore la Two Doors Cinema Club-friendly “Not Another Word”, We Are Scientists ne s’est imposé que peu de limites pour cet effort qui, comme son nom le laisse supposer, regorge de multiples salles, de multiples ambiances plus ou moins spacieuses. En somme, un album avec du dénivelé, des surprises qui propose une collection de morceaux parfois éloignés, parfois significativement proches, telle une bande démo des capacités nouvelles des Américains.

“Dans le passé, nous avons utilisé notre musique pour éduquer, éclairer, éveiller les gens à la profondeur et la complexité des préoccupations morales, cette fois, nous voulions vraiment tout abandonner et faire de notre musique un pur divertissement”, affirme le chanteur. Même si “Megaplex” a comme ambition d’être un objet de pur amusement, chose qui semble lui réussir après de nombreuses écoutes, on y retrouve malgré tout un fond intriguant, bien que moins important que les autres disques. Un poids en moins qui a permis au groupe d’explorer des sonorités plus élémentaires, justifiant par la même occasion une succession de hits, de refrains fédérateurs que l’on peut assimiler rapidement.

We Are Scientists n’est donc plus aussi complexe et prémédité mais assume de désormais poursuivre son activité pour la musique en elle-même. Attention cependant à ne pas prendre les envies de ce disque au pied de la lettre puisque celui-ci, distrayant, dépasse quand même le stade du divertissement simplet, dénué de sens. Il serait même triste de ne pas considérer le travail important d’Hart sur ce disque, tant les nuances instrumentales fonctionnent bien et que l’ensemble exhibe un paysage animé très envoûtant dans lequel il est facile de s’y perdre. Une aventure donc plaisante en plus d’être inspirante.

Avec “Megaplex”, We Are Scientists confirme que le duo Keith Murray/Chris Cain mérite encore notre attention et nos oreilles, au vu des multiples ambiances dressées par ce septième album. Un disque qui se veut sans prise de tête mais qui se trouve être plus étoffé, digne et intense qu’annoncé, regorgeant de petits gimmicks surprenants. Si l’ambition première des Américains était de nous divertir, le pari est réussi !