Yann Destal – Let Me Be Mine

C’est au sein du duo Modjo, à la grande époque de la french touch et avec le tube “Lady”, que Yann Destal a fait son entrée sur la scène de la pop française. Après un premier album en solo avec la collaboration de Stephen Hague (Blur, New Order), Paul Kendall (Depeche Mode, Goldfrapp) et Bertrand Burgalat, Yann revient avec “Let Me Be Mine”, un disque où le songwriting de Destal frappe autant par son style que par son alliance de sonorités diverses. Multi-instrumentaliste, fan de Pierre Et Le Loup et de rock 60’s et 70’s, l’auteur de “Lady” n’a pas perdu son modjo.

L’éponyme “Let Me Be Mine” annonce une pop claire et cotonneuse, arpège clair enclin à des envolées d’instruments à vent imitant des chants d’oiseaux exotiques. En rupture complète, “You Know Me” amène une guitare psychédélique, des hurlements restructurés aux synthés, une sorte de voyage initiatique dans le cosmos Destal. Ce dernier évolue entre douceur psychédélique, pop aérienne et baby rock nerveux. “I’m Away” et “Need You So” volubilement pop seront agrémentées de touches électro minimalistes. Plus proche d’un rock garage et des sonorités indus’ expérimentales rappelant Eels, “Fell It” fait la part belle à la voix, très glam, de Yann Destal. “Our Child” mélangera le rock de Wheatus et la pop de Sting. “Walk With Me” emprunte la guitare des Pink Floyd pour l’incorporer dans la noirceur de The XX. Des années 80 à 70 et même jusqu’aux années 60 grâce à une adaptation noire et personnelle de “Oh Darling”, la bonhomie des Beatles y est remplacée par la tristesse criarde de David Gilmour. “You Look Like Heaven” ira pointer vers la ballade pop folk en utilisant un harmonica tout en douceur. “Life It Goes On” continuera cette percée folk en y insufflant un on-ne-sait-quoi de Brian Adams. L’album se clôture sur “Stand By Me” et permet la rencontre étrange d’Enio Morricone et Muse.

A l’instar de son précédent effort, le ton très lounge et la molesse de la plupart des titres risquent de lasser. Mais si l’auditeur tend l’oreille et écoute attentivement, il comprendra le talent de Yann Destal de sa composition mélancolique qu’il arrange avec brio à la manière d’un Bowie ou des Beatles après leur rencontre avec Ravi Shankar. Il y a quelque chose d’universel et d’hétéroclite dans la patte créative de Yann Destal qui lui permettra, sans être dans la rotative des majors et du rendement maximum, de trouver un public éclectique.