Neuf ans que les fans l’attendaient. Les Yeah Yeah Yeahs reviennent au premier plan avec Cool It Down. Un album qui le temps de développer ses chansons, avec une douce euphorie à la clé.
Les New-Yorkais nous avaient laissés en 2013 avec Mosquito, disque électrique au possible, quoiqu’un peu pompeux, qui avait reçu à l’époque des avis polarisés. Entre temps, le trio s’est offert une pause bien méritée qui a notamment permis à sa frontwoman, Karen O, de s’offrir une aventure solo avec deux disques au compteur.
Qui peut le plus peut le moins
Beaucoup d’artistes font aujourd’hui le choix de proposer des albums à rallonge, dépassant les deux heures et la vingtaine de morceaux. Tout cela pour engranger les streams sur les différentes plateformes. Les Américains font ici le choix de la sobriété. Pas dans le son, qu’on se rassure, mais bien dans la durée.
Huit morceaux, trente-deux minutes au compteur. Voilà en quoi consiste Cool It Down. Après neuf ans de silence, les fans étaient en droit d’attendre plus du groupe. Il se trouve cependant que ces huit morceaux se suffisent à eux-mêmes. Yeah Yeah Yeahs livrent un disque focalisé, à l’efficacité immédiate.
Électrique électro
La formation s’était déjà aventurée sur les plates-bandes de la fusion électro rock pour l’album It’s Blitz! (2009). Il n’est donc pas tout à fait surprenant de les voir s’y essayer à nouveau avec ce disque. Qu’on se rassure, les guitares et l’urgence punk des débuts de la bande ne sont jamais bien loin. La formation plonge cependant un peu plus dans les profondeurs des sonorités électroniques.
“Spitting Off The Edge Of The World”, premier single et premier morceau de l’ensemble, s’ouvre par exemple avec un rythme de lent de batterie qui vient supporter timidement des nappes de synthé ronflantes. Le titre suivant, “Lovebomb”, a des airs d’élégie post-apocalyptique qui n’aurait pas détonné dans la bande-originale d’un film comme Inception. Les arpèges colorés de “Wolf” font tourner la tête et donnent envie de danser.
Le fil synthétique se tisse donc tout au long de l’album, avec des apparitions remarquées de morceaux plus pêchus et rock. C’est le cas du très groovy “Fleez”.
Mélancolique mais optimiste
Si en lançant l’album on se demande si Yeah Yeah Yeahs n’est pas tombé dans un puit de mélancolie liée à la pandémie, l’ambiance change rapidement au sein du disque. Certes, il y a des passages décidément bien mélancoliques sur ce Cool It Down, mais ils sont vite mis de côté pour laisser place à un optimisme sans faille.
Cela passe par les compositions instrumentales, bien sûr, comme sur “Fleez”, qui incite presque au lâcher-prise, ou sur “Wolf”, dont le refrain se retrouve orné d’une orchestration magnifique et puissante. “Burning”, avec sa lente progression, profite du même traitement.
Mais c’est surtout l’assurance sans faille qui exsude de Karen O et de son chant qui renforce cette impression d’optimisme. Comme si, à l’entendre chanter avec un tel aplomb, rien ne saurait assombrir son humeur. Ni la nôtre. Lorsque la chanteuse nous dit qu’elle se sent “différente aujourd’hui” sur la chanson du même nom, on n’a pas l’impression que ce soit en négatif.
Derrière des aspects froids au premier abord, Cool It Down prend le temps de se dévoiler comme un album bariolé qui respire la joie de vivre. Misant sur la qualité plutôt que la quantité, Yeah Yeah Yeahs livre huit morceaux aboutis sur lesquels on reconnaît aisément la patte du groupe tout en ayant leur propre identité.
Informations
Label : Secretly Canadian
Date de sortie : 30/09/2022
Site web : yeahyeahyeahs.com
Notre sélection
- Wolf
- Spitting Off The Edge Of The World
- Different Today
Note RUL
3,5/5