Your Favorite Enemies – Between Illness And Migration

Your Favorite Enemies, groupe atypique québécois de noise rock, formé de Miss Isabel, Alex Foster, Jeff Beaulieu, Sef Lemelin, Ben Lemelin et Charles “Moose” Allicy, a sorti son nouvel album : “Between Illness And Migration”. La particularité de cette formation : cette dernière est plus connue dans nos contrées ou en Asie que sur leur propre terre. Autre singularité, il s’agit de la quatrième version de cet opus. En effet, il est déjà sorti au Japon, en Australie et au Canada. Ils aiment faire des mixes pour s’adapter à chaque pays. Alors réelle envie de ravir les fans ou vraies techniques marketing ?

YFE vient de Montréal où il a installé son studio dans une ancienne église. Studio très bien équipé qui lui permet d’enregistrer tous ses disques ainsi que des vidéos. Comme les Shaka Ponk par chez nous, le combo est très présent sur les réseaux sociaux et balancent régulièrement de nombreuses photos, clips, news etc. Et à l’image de l’Echelon de Thirty Seconds To Mars, ils ont une vraie fan base : le Secret Family Cult Club. Ils ont également une grosse production de merchandising qu’ils fabriquent eux-mêmes et vendent à travers le monde. Autour des six musiciens gravite toute une communauté (graphiste, interprète etc.) C’est plus qu’un groupe, c’est un vrai collectif, une famille qui a pour mot d’ordre : simplicité volontaire. Ils sont tous très liés, et cela se ressent dans la musique. “Between Illness And Migration” se compose de dix titres. Le chant est uniquement anglais, agrémenté de quelques textes japonais, parfois uniquement parlé. L’essai a été composé comme une quête, un voyage. Voyage initiatique pour nous emmener au cœur de nous-mêmes. L’ordre des chansons compte vraiment. L’effort ouvre sur une intro instrumentale, “Satsuki Yami”. On reconnaîtra des cris d’oiseaux (“Migration”) puis une guitare vient prendre le dessus doucement, douloureusement (“Illness”). Chaque titre nous emporte alors dans une transe qui remue les tripes, qui nous prend et qui ne s’arrêtera qu’au moment où l’on aura lâché prise. La force de l’ensemble : les textes. Parfois très poétiques. Par moment très simple. Juste une phrase répétée, martelée comme dans “From The City To The Ocean”. Gimmick entêtant, chanté à plusieurs voix. Souligné par une guitare lancinante, puissante qui prend vraiment aux tripes. Le tout est très bien rythmé pour nous amener jusqu’à la libération : “Muets Au Temps Des Amours”. Dernier morceau dans lequel on ressent de l’apaisement, le retour de la lumière, la renaissance.

Les YFE offrent là une œuvre très personnelle, entêtante, prenante. Ils parlent à notre âme, à nos tripes. On regrettera cependant l’absence de pistes en français quitte à s’adapter à chaque pays, pourquoi ne pas le faire jusqu’au bout.