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3 DOORS DOWN (08/03/16)

English version

Trois jours avant la sortie internationale du nouvel album, RockUrLife a eu le privilège de rencontrer le chanteur Brad Arnold, de passage express dans la capitale pour la promo de “Us And The Night”. L’occasion d’évoquer le passé, le présent et le futur du quintette américain rock alternatif en toute humilité !

Salut Brad, ça va ?

Brad Arnold (chant) : Super ! Et toi ?

Très bien, merci !

Heureux d’être de retour à Paris ?

B : Absolument. C’est toujours un plaisir de venir ici.

La dernière fois que tu étais là, c’était pour votre concert au Bataclan, avant les attentats de Paris en novembre dernier. Quel souvenir gardes-tu de ce concert ?

B : Je me souviens d’avoir été à un super concert. Le public est toujours génial ici, et je me rappelle vraiment d’avoir passé un bon moment.

Vous êtes de retour avec un nouvel album, “Us And The Night”. Comment te sens-tu à quelques jours de sa sortie ?

B : Très très nerveux ! (rires) C’est toujours le cas, car c’est le moment. Tu prends tellement de temps pour composer l’album, surtout en faisant quelque chose de différent cette fois-ci, avec un son un peu différent, et en ayant de nouveaux membres au sein du groupe. Nous savons que nous aimons les chansons, mais on ne sait jamais si les fans vont les aimer ou non. Il sort dans trois jours et nous sommes juste assis là, à la fois nerveux et excités !

Que s’est-il passé durant cette longue période entre la sortie de l’album précédent “Time Of My Life” (2011) et ce nouvel opus ?

B : Nous avons tourné durant un an et demi pour le dernier album, puis nous avons sorti notre greatest hits, et nous avons tourné un petit moment, puis nous avons consacré une année entière à une tournée acoustique. Ensuite nous avons commencé à composer cet album et nous avons passé un an et demi à l’écrire et à l’enregistrer. Pour nous, cela n’a pas paru aussi longtemps, mais lorsqu’on regarde en arrière : “Wow, ça fait cinq ans !”. (rires)

Oui c’est l’entre deux albums le plus long de toute votre carrière.

B : Oui, ça fait longtemps.

Quelle est la signification du titre “Us And The Night” ?

B : C’est tiré du titre de la chanson éponyme de l’album. Cette chanson parle du fait d’être au sein d’une équipe.

Oui, c’est comme une sorte d’invitation au voyage.

B : Oui, absolument. Et juste d’apprécier la vie et de la considérer comme un voyage, et de rester ensemble. C’est un peu comme un morceau “nous contre eux”, mais en même temps, que ce soit dans un groupe ou dans un couple, c’est pareil : il faut apprécier le voyage et continuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.

Comment s’est passé le processus d’écriture et d’enregistrement pour “Us And The Night” ?

B : C’était similaire à ce que nous faisions par le passé, mais en même temps, c’était différent, parce que nous avons deux nouveaux membres dans le groupe. Ils ont apporté pleins de sonorités différentes. Nous avons invité tout le monde à écrire sur ce disque, alors que par le passé, parfois, il n’y avait que quelques personnes qui participaient à la composition. Cette fois-ci, nous avons apporté un nouveau souffle créatif et avons essayé de faire les choses différemment et nous avons juste eu une approche plus ouverte. Et on s’est juste beaucoup amusé à faire cet album, je pense que jusqu’aujourd’hui nous n’avons jamais pris autant de plaisir à enregistrer et à composer un disque.

 

 

Comme tu l’as dit, c’est le premier album avec Chet Roberts et Justin Biltonen. Qu’ont-ils apporté comme idées ?

B : Ils ont assurément apporté des riffs de guitares différents, auxquels nous n’avions pas nécessairement pensé auparavant. Chacun, en tant que musicien, s’exprime dans son propre langage, d’une certaine façon. Donc ils ont quasiment apporté différents langages que nous n’avions pas l’habitude de parler.

Sont-ils responsables de l’un des morceaux les plus surprenants et les plus ambitieux, “I Don’t Wanna Know”, qui possède une vibe flamenco ?

B : Oui ! J’avais les paroles et le refrain de cette chanson depuis un petit moment. En fait, je les avais écrit il y a quelques années. Je chantais ce titre dans ma tête, avec cet espèce de vibe latino. Un jour, lorsque j’ai commencé à le chanter, ce morceau avait comme une vibe latino et nous l’avons tous aimé, donc nous avons composé en suivant cette vibe. C’est vraiment drôle, car nous l’avons joué en live pendant un moment en tournée avant de l’enregistrer. Et nous avons eu beaucoup de compliments par rapport à ce morceau, parce que c’est différent lorsque tu joues une chanson en live et que tu sais que personne ne la connait, donc la première fois ils étaient tous calmes, puis ils ont fini par danser etc et on s’est dit : “oui, on doit la mettre en boîte !”

Et en même temps, il y a un solo de guitare au milieu de cette chanson. Comment l’expliques-tu ?

B : J’adore les soli de guitares.

On dirait une chanson flamenco mais aussi du hard rock, avec ce riff heavy sur le bridge.

B : Oui ! (rires) Je pense que la guitare est vraiment une partie importante au sein d’une musique latino, qui possède toujours ce son de guitare flamenco, et ça colle tellement bien à cette chanson.

“Believe It”, mais aussi “Inside Of Me” sont clairement composés pour les concerts. Etait-ce le but durant le processus d’écriture ?

B : Nous n’y avons pas trop pensé. Je veux dire, parce que nous n’avions aucune direction que nous voulions suivre sur ce disque, nous ne voulions juste pas refaire ce que nous avions déjà fait auparavant. Ces deux morceaux évoquent le fait de croire en soi, et se transposent bien en live. “Believe It” est davantage une chanson racontant une histoire, alors que “Inside Of Me” est davantage une chanson introspective. Elles ont beaucoup de choses en commun : se fixer un objectif et croire en soi.

Il y a également d’autres thèmes, particulièrement l’amour, un sujet sur lequel vous écrivez beaucoup.

B : Oui. Je pense que c’est quelque chose que tout le monde peut s’identifier, les bons côtés de l’amour et potentiellement ses mauvais côtés. Et les deux sont, en quelque sorte, un peu représentés sur ce disque. (rires)

Cette fois-ci, vous avez choisi de collaborer avec Matt Wallace (Faith No More, Train). Comment était-ce ?

B : Il a été super ! Nous avons discuté avec trois producteurs, et nous avons choisi Matt. Il possède vraiment une approche très cool d’un album. Il est un peu comme un coach. Il n’est pas du genre à venir faire une modification qui a besoin d’être faite juste pour le fait de modifier quelque chose, mais il était vraiment bon lorsque, selon lui, il restait quelque chose à ajouter à une chanson, il était vraiment bon pour aller la chercher pour toi. Et ce n’était pas un producteur insistant, il était juste du genre : “viens avec moi”. C’était un producteur très orienté sur le collectif. Il a fait un super boulot, c’est un plaisir de bosser avec lui.

Us And The Night” est un mélange de la spontanéité du premier album “The Better Life” (2000), du côté heavy depuis “3 Doors Down”(2008) et une diversité en terme de son. Es-tu d’accord avec ça ?

B : Tout à fait.

En ce sens, il s’agit en quelque sorte d’un retour aux sources, mais avec une nouvelle vibe.

B : Oui tu as entièrement juste. Nous voulions retourner à nos racines et en même temps, nous avons eu assez d’expérience en le faisant à plusieurs reprises, tout en devenant plus méticuleux. Mais aussi en ayant de nouveaux membres avec des idées neuves.

Tu as déclaré dans une interview que le groupe était sous son meilleur jour.

B : Absolument. Nous sommes sous notre meilleur jour, depuis toujours. Nous prenons juste à nouveau du plaisir à être dans ce groupe. Je pense qu’il est facile de tomber dans une routine au bout d’un long moment. Et nous n’avons plus du tout l’impression d’être sur la route. Comme si nous avions une nouvelle vie. Et après avoir sorti le greatest hits, c’était comme une sorte de conclusion du premier chapitre de notre carrière. Et aujourd’hui nous débutons un nouveau chapitre, avec de nouveaux membres et un nouveau son. C’est un peu comme une nouvelle foi, d’une certaine manière. Nous sommes là et nous prenons à nouveau du plaisir.

Donc tu considères que d’une certaine façon le greatest hits était une conclusion à l’ancien 3 Doors Down et qu’aujourd’hui 3 Doors Down est un tout nouveau groupe.

B : Oui, absolument. Je pense qu’il était important pour nous de clore ce livre, ou du moins ce chapitre, et d’en commencer un nouveau.

Votre nouveau clip pour “In The Dark” voit la participation de RJ Mitte, l’un des acteurs de la série “Breaking Bad”. Comment en êtes-vous arrivés à collaborer avec lui ?

B : En fait, c’était l’idée du réalisateur. Pour la vidéo, plusieurs pistes nous ont été proposées et il nous a dit que pour celle-là nous pouvions faire appel à RJ Mitte et notre réaction était du genre : “carrément !”.  Et il a fait un super boulot dans la vidéo, qui est vraiment intéressante par ailleurs. J’adore les clips racontant une histoire, bien plus que les vidéos de performance, car c’est un peu démodé : on filme le groupe, on revient à l’histoire, on retourne au groupe. Alors que lorsqu’il y a juste une vidéo racontant une histoire, cela donne davantage de temps au réalisateur de raconter cette histoire. Et il a fait un super boulot sur cette vidéo.

 

 

Il y a également une référence à votre hit “Here Without You” dès la première scène, lorsque la fille débranche le casque du jeune homme et lorsque “In The Dark” sort des enceintes. Est-ce un clin d’oeil pour dire “bordel, nous ne sommes pas uniquement ce groupe auteur d’un tube !” ?

B : Exactement ! C’est une référence vraiment cool à cette chanson. Cela rappelle aux gens qu’elle est là. C’est exactement ça ! D’une certaine façon, ça pourrait être un sujet de réflexion : “oh oui, c’est eux ça aussi !”, mais c’est plus : “ça c’était avant, maintenant, c’est ça !”.

Parce que beaucoup de gens ont découvert 3 Doors Down grâce à ce morceau.

B : Oui, cette chanson a été une bénédiction pour nous, je prends toujours autant de plaisir à la jouer et j’apprécie de voir à quel point elle est devenue importante. Mais en même temps, vous devez avancer et recommencer avec quelque chose d’autre.

Avec du recul, pensais-tu que cette chanson d’amour allait devenir un tube ?

B : Pas du tout. J’ai toujours aimé cette chanson. Mais je ne savais pas ce qu’elle deviendrait. “Here Without You” sera toujours l’un de mes morceaux préférés que nous ayons composé. Et c’était juste surprenant de voir que depuis sa sortie, il y a douze ans, on dirait que cette chanson possède une nouvelle jeunesse depuis ces quelques dernières années. Et la nouvelle génération commence à l’écouter aussi.

Que peux-tu nous dire à propos de cette chanson que les gens ne savent pas encore ?

B : La plupart des gens pensent qu’il s’agit d’une chanson triste. Or, j’ai toujours pensé que c’était une chanson joyeuse en raison de ces paroles : “You’re still with me in my dreams and tonight there’s only you and me” (ndlr : “tu es toujours avec moi dans mes rêves et ce soir, il n’y a que toi et moi”). Et ces paroles de cette chanson me réconfortent parce que je peux rêver de ma femme en train de l’écouter, et juste l’imaginer ici auprès de moi.

 

 

Oui, parce que beaucoup de gens pensent que c’est à propos d’une déception amoureuse, le manque d’une personne etc.

B : Oui, c’est un peu une chanson triste, mais qui possède ses côtés positifs.

 

 

En parlant de ballades, il n’y en a que deux sur ce disque, “Pieces Of Me” et “Fell From The Moon”. Ecris-tu des ballades juste parce que tu dois le faire ou est-ce parce que tu aimes écrire des ballades ?

B : J’aime écrire des ballades, oui. Certains albums ont davantage de morceaux plus calmes, mais en même temps nous voulions vraiment faire du rock avec cet album là ! Et la seule chose que nous nous sommes fixés c’était de composer un album plus heavy. Nous savions qu’il y aurait quelques ballades mais nous ne voulions pas en faire quatre.

Que peux-tu nous dire sur ces deux ballades ?

B : “Pieces Of Me” est sans doute pour moi la chanson la plus personnelle de ce disque, parce qu’elle évoque des luttes auxquelles nous faisons tous face et le fait de surmonter notre partie faible pour se concentrer sur notre partie forte. Et je pense que beaucoup de personnes pourront s’y reconnaitre. Parce que tout le monde arrive à un moment dans la vie où on souhaite qu’on puisse surmonter une épreuve. Et il faut juste être assez fort pour abandonner ces parties et se concentrer sur les parties positives.

“Fell From The Moon” signifie également beaucoup pour moi. Ce morceau parle juste du fait que même en étant au sommet du monde nous pouvons facilement retomber.

Au premier abord, lorsqu’on lit le tracklisting de l’album, on remarque comme une progression sombre. Parce que ça commence par “The Broken”, suivi de “In The Dark”, pour finir avec “Fell From The Moon”.

B : Je ne sais pas, ce n’est pas intentionnellement fait pour être sombre, je pense que certains noms de morceaux sonnent juste comme ça ! (rires)

Oui, parce que lorsqu’on écoute l’album, il s’agit en réalité de chansons joyeuses.

B : Oui ! Je pense juste que ce sont les titres qui sont un peu décevants. (rires)

Quels sont les projets à venir pour 3 Doors Down ?

B : Beaucoup de tournées, beaucoup de tournées aux Etats-Unis, et on espère, en Europe.

Une chance de vous voir peut-être en France donc ?

B : Absolument ! Nous tentons de planifier un voyage pour venir ici, probablement en octobre ou en novembre.

Les groupes américains rock alternatif jouent rarement en France. Daughtry, Theory Of A Dead Man, par exemple, ne viennent jamais.

B : Vraiment ? Je ne sais pas !

Il y a quelques mois, nous avons discuté avec Bryce de Lifehouse, et ils n’étaient jamais venus en quinze ans. C’était leurs deux premiers concerts sold out à Paris.

B : Vraiment ? Wow ! Lifehouse n’était jamais venu ici ?

Jamais. Il nous a dit qu’ils voulaient explorer de nouvelles régions afin d’établir une fanbase, ainsi ils pourraient revenir davantage. Est-ce la même logique pour 3 Doors Down, particulièrement avec la France ?

B : Oui, nous aimons toujours venir ici. Ici nous ne sommes pas aussi gros qu’aux Etats-Unis mais nous continuons de venir. La première fois remonte aux alentours de 2002 et nous avons probablement joué à Paris peut-être cinq fois. Mais nous continuerons de venir jusqu’à ce que nous trouvons finalement notre place dans le paysage !

Que penses-tu de la scène rock alternative d’aujourd’hui ?

B : Je pense que le rock revient. Pendant un petit moment le rock n’roll était en difficulté. Et d’autres genres de musique ont un peu commencé à prendre sa place. Mais comme vous savez ce qu’ils disent : “le rock n’roll ne meurt jamais” et le rock n’roll ne mourra jamais. Il était peut-être absent pendant un temps, mais aujourd’hui il revient et c’est tant mieux pour nous !

Quels sont les groupes que tu écoutes actuellement ?

B : En fait, je viens justement de télécharger une nouvelle chanson de Disturbed il y a quelques minutes, “The Sound Of Silence”. Et j’aime beaucoup Nothing More. Il y a quelques groupes en ce moment, comme Panic! At The Disco, qui sont cool, et pas mal d’autres trucs. J’écoute beaucoup différents styles de musique.

Quels autres styles par exemple ?

B : Je pense qu’en ce moment, c’est l’album de Jason Isbell que j’ai eu il y a environ deux semaines, “Southeastern”, et il est super. J’écoute beaucoup de musique country, pas autant qu’avant, parce que la country est étrangement perçue ces derniers temps, mais sinon j’écoute un peu de tout.

Que fais-tu lorsque tu n’es pas avec le groupe ?

B : Je tiens une ferme dans le Tennessee, donc lorsque je ne fais pas de musique, je prends soin de la ferme, de ma femme et de mes chevaux. Je voyage avec ma rockeuse de femme lorsqu’elle participe à des courses de chevaux et j’aime vraiment ça. Donc ça occupe la plupart de mon temps.

Pour finir, question traditionnelle : notre site web s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock ta life, Brad ?

B : Les fans. J’adore les fans. C’est ce qui donne de la valeur à notre travail. Juste le fait de rencontrer des gens dans le monde entier, et entendre qu’ils aiment votre musique et peuvent s’y reconnaître. Tous les voyages, les soirées tardives, les réveils à l’aube et tout, tout ça c’est pour les fans.

Ok, merci !

B : Merci à toi également !

 

 

Site web : 3doorsdown.com

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife