Quelques heures avant leur concert complet au Trianon, RockUrLife a eu la chance de s’entretenir (courtement) avec Pierre Bouvier et Jeff Stinco de Simple Plan concernant leur futur cinquième album annoncé pour début 2016. Un échange qui ne durera en tout et pour tout que treize minutes, mais qui sera ponctué par quelques rayons de soleil réchauffants et quelques anecdotes drôles. Un, deux, trois, top chrono !
Nous avons appris que vous aviez été victimes d’un accident de la route il y a quelques jours. Tout va bien pour vous ?
Pierre Bouvier (chant) : Tout va bien oui. Il y a une rumeur qui dit que le conducteur était en état d’ébriété.
Jeff Stinco (guitare) : En fait, lorsque cet accident est arrivé, j’ai posté un tweet “the driver fell asleep at the wheel but maybe he was drunk” (“le conducteur s’est endormi au volant… Peut-être saoul”). Mais en fait il ne l’était pas. Le conducteur voyageait de Monaco à Paris et je pense que c’était un peu trop long pour lui. Il y a plus de dommages sur sa voiture que sur notre autobus. Heureusement que notre moyen de transport n’a pas été une Fiat, sinon cela aurait été une autre histoire. (rires)
Cela fait plus de quinze ans que vous faites de la musique ensemble sous le nom de Simple Plan. Il y a quatre ans est sorti “Get Your Heart On!“, votre dernier album en date. Que s’est-il passé depuis cette sortie ?
P : Beaucoup de tournées. Il y a eu aussi la période d’écriture nécessaire pour notre prochain disque. Mais je comprends ta question : les gens pensent que l’on fait des longues pauses pendant quatre ans, que l’on part en vacances. Mais en réalité, lorsqu’un disque sort à une certaine date, il y a encore au moins deux ans de travail et de promotion. Par exemple, “Summer Paradise” est sorti un an après le disque, ce qui a enclenché une nouvelle vague de succès et de nouvelles tournées. Ce n’est qu’après cela qu’on a pu prendre quelques mois de repos avec notre famille, avant de reprendre la création d’un album qui aujourd’hui nous prend plus de temps qu’on ne le pensait. Surtout pour un groupe comme nous, rendu à son cinquième album. C’est important d’avoir un disque dans lequel on peut croire, que l’on aime vraiment. Puis, cela prend aussi du temps d’écrire des chansons. On a dû composer soixante-dix à quatre-vingt chansons avant d’en choisir une dizaine pour celui-ci. Mais aussi, les fans ont beaucoup d’attente envers notre musique : ils ne veulent pas qu’on change, mais ils ne veulent pas non plus qu’on reste pareil. Donc, c’est notre défi de trouver le bon son à sortir et la bonne identité à capter.
J : En plus de cela, il ne faut pas oublier aussi que notre mode de tournée est particulier. Certains groupes font des stades, font le tour du monde pendant un an et ne rendent visite qu’aux grandes villes. Nous, nous allons un peu au delà des circuits typiques de tournée, ce qui, nécessairement, nous prend plus de temps. Surtout lorsque tu ne fais pas que deux concerts par semaine, mais quatre ou cinq. Mais nos fans commencent à accepter la durée qu’il faut à Simple Plan pour sortir un album.
Pour ce fameux #SPAlbum5, vous avez travaillé avec Howard Benson aux West Valley Studios, là où sont passés également les 5 Seconds Of Summer, My Chemical Romance ou encore P.O.D.. Comment expliquez-vous ce choix et qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler avec ce producteur ?
P : Je pense que certains disques nous ont poussé vers cette direction, comme celui de My Chemical Romance ou “Move Along” de The All-American Rejects, qui est l’un de mes disques préférés. Mais c’est difficile de choisir la bonne personne lorsque tu veux être moderne en termes de son, mais qu’il te faut les équipements nécessaires à l’enregistrement des guitares, de la batterie, de la basse etc. Les producteurs les plus récents ne savent pas comment enregistrer tout cela. Alors nous avons choisi Howard Benson, qui est un gars qui a fait des disques que l’on aime bien et qui connait la musique rock assez bien, en plus d’avoir une super équipe. Il a récemment travaillé sur le disque de Hunter Hunted et le résultat sonne super cool tout en étant moderne.
J : Chaque travail avec un producteur nécessite des compromis et c’est au groupe de pallier les faiblesses du réalisateur. Chaque réalisateur offre de son expérience à l’enregistrement. Mais il est vrai que, d’année en année, nous sommes aussi de plus en plus impliqués dans le processus et à la fin, nous sommes les cinq à se regarder dans les yeux et choisir la direction que va prendre l’album, ce qui amène le producteur à devenir une sorte de soutien, voire d’arbitre, qui oblige le groupe à se structurer en studio. Grâce à cela, on arrive à faire ce que l’on a envie de faire.
Pour cet album, vous avez fait appel à Lenny Castro, un grand percussionniste porto ricain. Comment s’est passée cette collaboration et devons-nous nous attendre à d’autres collaborations sur ce disque ?
P : Une des choses qu’Howard Benson nous a suggéré, c’est de pousser un peu plus loin les percussions sur certains de nos titres. Habituellement, nous faisons nous même les sons, à partir de shakers, en partant d’une base simple. Mais Benson voulait quelque chose de plus professionnel et plus humain dans la production, ce qui l’a amené à appeler Lenny Castro pour faire quelques percussions. Et il est vrai que pour certaines chansons, cela rajoute un petit peu de vie en plus de sons cools.
J : C’est le genre de choses que l’on peut se permettre après plusieurs albums : travailler avec des gens d’envergure. Il ne faut pas se mentir : c’est un vrai luxe, car pas forcément nécessaire, qui rajoute un petit côté spécial. En ce qui concerne d’autres collaborations : oui, il y en aura. Le fait d’avoir repoussé la sortie de l’album nous permet justement de prendre plus notre temps pour tout mieux coordonner et pour s’adapter à l’emploi du temps des autres artistes. Une vraie logistique qui se met en place jusqu’au mois de janvier.
Aurons-nous la chance d’entendre Pierre faire de l’harmonica sur ce disque ?
P : (rires) J’ai vraiment essayé, mais les gars n’ont pas accepté.
J : (rires) Il n’en était pas question. Pas de Neil Young dans le groupe !
En parlant de la date de sortie de l’album, cela n’est pas la première fois que vous repoussez la sortie de votre cinquième album, étant donné qu’il était à la base prévu pour mi-2015. Aucune date n’est, par ailleurs, connue à ce jour.
P : Cela a pris plus longtemps que prévu. Il existe d’autres raisons qui nous ont forcé à décaler ce disque, mais surtout, on veut que le disque sorte au bon moment. Il y a aussi un côté purement marketing, car aujourd’hui ce que l’on veut également, c’est que les gens aient la chance d’entendre le disque. A l’ère d’Internet, il y a tellement de musiques qui sortent toutes les semaines qu’il faut savoir tout bien préparer avec la maison de disques. Il faut choisir le bon single et le bon moment où le pousser. Pleins de facteurs qui nous ont fait réaliser qu’il fallait que l’essai sorte au bon moment au lieu de le sortir dès maintenant pour les quelques fans qui se plaignent. Lorsque tu travailles plus de deux ans sur un disque, tu ne souhaites qu’une seule chose : qu’il soit entendu.
J : Il y a un paradoxe un peu con. Aujourd’hui, on pourrait sortir sur le web les chansons qui sont terminées d’un coup de clé USB. Mais par respect pour le travail que l’on fait, on patiente. En parlant de compagnie de disques, il y a une réalité qu’il ne faut pas oublier : nos albums sortent internationalement, ce qui nécessite encore plus de coordination, de travail et de pourparlers. Il y a par exemple quelqu’un en Espagne qui pense qu’il serait bien de le sortir à telle date, alors que les Parisiens et les Québécois pensent autre chose. Des échanges qui, aujourd’hui, nous amènent à début 2016.
P : Il ne faut pas non plus oublier que notre carrière dépend du succès de nos disques. On aime la musique et on continue d’en faire par plaisir, mais c’est notre gagne-pain. Si un disque fonctionne, on pourra continuer de faire ce que l’on aime. Si l’album n’est pas bien reçu pour X raisons, notre vie sera compliquée, entre nos crédits, nos familles etc. Il est donc important de choisir le bon moment pour sortir un disque.
Deux extraits ont été révélés à ce jour, dont l’hymne pop rock “Boom” qui s’est vu accompagné par un clip mettant en scène des artistes de la scène alternative tels que Mike Herrera de MxPx, Alex Gaskarth de All Time Low ou encore Lynn Gunn de PVRIS. Quelle a été votre volonté derrière cette démarche ? Une façon pour vous de vous rattacher à vos racines ?
J : Au début des années 2000, il y avait comme une sorte de tendance à faire cela, des clips avec des apparitions d’autres artistes. Limp Bizkit l’a fait, notamment. Et comme cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu quelqu’un faire cela, on s’est dit “pourquoi pas”. Mais outre cela, ce clip est une façon de maintenir un lien entre notre scène qui date de fin 90 avec les MxPx, New Found Glory, et les groupes plus jeunes du type PVRIS. C’est notre manière à nous de dire qu’on fait parti de cette scène là, malgré que certains de nos titres sonnent pop. Il ne faut pas oublier que le coeur de Simple Plan, c’est du pop punk et que ce style est encore pertinent et demandé en 2015. Je vois par exemple des groupes comme Neck Deep qui fonctionnent super bien et qui ressemblent très fortement à ce qui se faisait dans les années 2000. Et c’est rassurant de voir que les gens en demandent encore puisque cela veut dire que Simple Plan a encore sa place aujourd’hui.
Pour finir, puisque le temps ne joue pas en notre faveur, notre site s’appelle “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rocks votre vie les gars ?
P : Pour moi, c’est faire des spectacles et de la musique. Faire des démos, des maquettes et travailler dessus, cela me donne de bons feelings.
J : Personnellement, c’est de voir un vrai groupe sur une vraie scène. Cet été, nous avons fait des festivals et j’ai eu l’occasion de voir des groupes que j’aimais beaucoup ne pas trop se donner en live comparé à d’autres comme Mumford & Sons qui donnaient de vrais concerts. Voila ce qui rock ma life, voir un vrai groupe avec de vraies chansons qui est capable de générer de la joie à toute une foule. Tout cela me rappelle mon enfance lorsque je débutais dans la musique.
Site web : simpleplan.com