Interviews

SKUNK ANANSIE (07/12/15)

English version

Juste avant la sortie de “Anarchytecture”, Skunk Anansie était de passage à Paris pour parler de la fabrication de l’album. Voici notre interview avec Skin.

Votre nouvel album “Anarchytecture” sera disponible le 15 janvier. Dans quel état d’esprit es-tu ?

Skin (chant) : J’ai été détendue. J’ai été vivre en Italie pour faire une émission de TV, donc je me suis concentrée là dessus. J’ai fait tellement d’autres choses que je n’y ai pas pensé plus que ça. Je suis très contente parce que tout le monde a l’air enthousiaste pour cet album. On a eu des retours incroyablement positifs. On l’a fait très vite, on a travaillé très dur dessus, et après j’ai fait d’autres trucs et je l’ai oublié. (rires)

Ca fait un moment que votre précédent album est sorti, qu’est-ce qu’il s’est passé entre temps ?

S : Je crois qu’on avait juste besoin d’une pause vis à vis des autres, vis à vis de tout le monde. J’ai fait plein d’autres trucs, par exemple je suis aussi DJ de techno, j’ai fait un film, je fais aussi du mannequinat maintenant. Je voulais juste prendre le temps de faire quelques autres trucs. Il fallait vraiment qu’on fasse une pause, un pas en arrière pour décider quel genre de musique, quel genre d’album on allait faire. On voulait amener des choses un peu plus électroniques, mais ça prend du temps. On est un groupe de rock. Mais j’adore l’électro, Mark aussi, Cass aussi. Ace non, Ace déteste ça. (rires) Donc il a fallu qu’on expérimente pour faire ça bien, que tout le monde soit content, et ça prend longtemps. On se voyait tous les deux mois pour faire une ou deux semaines d’écriture. Donc on a dû mettre environ deux ans à écrire cet album.

 

 

Le processus d’écriture et d’enregistrement était-il différent des disques précédents ?

S : Pas vraiment. Dans les années 90, j’écrivais beaucoup de mon côté, et cette fois j’ai écrit avec le groupe. Il y a deux morceaux que j’ai écrit seule. En général on se retrouve dans une pièce et on balance nos idées, et on enregistre tout sur un de ces trucs (elle montre l’enregistreur), on a la même machine. Et après on expérimente. Je crois qu’on est bien meilleurs quand on écrit ensemble. On ne perd pas notre temps, si quelque chose ne fonctionne pas, on laisse tomber. Une fois, l’alarme incendie s’est déclenchée quand on enregistrait, du coup on a enregistré un riff qui s’appelle “Fire Alarm”. (rires) Donc on peut être inspirés par absolument tout. “Charlie Big Potato” (ndlr : 1999) a été inspiré à Ace par un fax qui faisait “ta-ta-ta-ta ta-ta”, et il a écrit ce riff.

Du coup, vous n’aviez pas d’idée précise de ce à quoi l’album devait ressembler en le commençant ?

S : Je crois qu’on est juste arrivé à un point où on savait qu’on avait assez de bonnes idées et de morceaux pour faire un album. On avait une deadline par contre. (rires) L’album devait être fini en août. Parce que j’étais trop occupée après ça pour m’en occuper. (rires)

 

 

Quelles ont été vos principales difficultés, s’il y en a eu ?

S : J’ai un peu eu le syndrome de la page blanche, parce que je faisais plein d’autre choses. C’était difficile d’écrire dans ces circonstances. J’ai littéralement écrit des textes sur la table de mix pour aller les chanter directement ensuite. Je n’avais jamais fait ça avant. J’ai changé pas mal de trucs, même des morceaux qu’on avait géré, je disais “c’est pas assez bien”. “Bullets” et “Death To The Lovers” sont deux morceaux qu’on a entièrement écrit dans le studio. Normalement, tous les morceaux sont écrits quand j’arrive en studio ou au moins tous les refrains. Cette fois, je n’en avais que deux. Je travaille vraiment bien sous pression, quand je dois me forcer, quand il y a du challenge. Quand c’est trop facile, ma paresse ressort. Je suis quelqu’un de très fainéant, même si on ne dirait pas.

A propos de l’album en soi, comment avez-vous eu l’idée pour le titre “Anarchytecture” ?

S : Il vient de la combinaison de deux mots, “anarchie” et “architecture”. Et je crois que ça décrit bien mon état d’esprit et comment je vois les relations. Je crois que je les décrirais comme : construire un mur de verre autour d’une émeute. (rires) Tu essayes toujours de trouver une structure, de la solidité dans ta vie. Mais quand tu es avec une autre personne, c’est juste de la folie, et tu ne sais jamais ce qu’il va se passer.

 

Et à propos de l’artwork ?

S : L’artwork est génial. C’est par un gars qui s’appelle No Curves. Il utilise de la bande adhésive pour construire des portraits et des oeuvres. Il a commencé dans le street art et il se servait de ses bandes sur des cabines téléphoniques ou des bâtiments. On l’a découvert grâce à notre maquilleuse. Il est venu quand on faisait un shooting photo, il nous a montré ce qu’il faisait, et on s’est dit “woah, c’est super cool”. Il n’utilise que des lignes droites, mais la façon dont il coupe la bande donne l’impression qu’il peut faire des courbes. Donc il a fait ce super portrait de nous, et puis tout l’artwork.

C’est très coloré, comparé aux précédents.

S : Ouais, très différent. C’est assez inhabituel pour les groupes de travailler avec les artistes comme ça. La plupart du temps quand tu regardes sur iTunes, c’est juste une photo du visage de l’artiste. Parce que tu veux retenir l’attention des gens, et tu n’as qu’un petit espace. Alors on s’est dit “on va faire un vrai artwork, et tant pis si c’est tout petit, on va dépenser de l’argent et faire un truc cool”. Parce que c’est toujours une oeuvre musicale, et quand tu as le vinyle entre les mains, tu en profites vraiment.

 

 

Quel message ou impression voulez-vous que les gens captent en écoutant l’album ?

S : Et bien, chaque titre est différent. C’est un album surprenant, genre “c’est un morceau de Skunk Anansie ça ?”. (rires) Donc je pense que les gens doivent juste rester ouverts, pas se dire “ce n’est pas du Skunk Anansie, moi j’aime le Skunk Anansie des années 90” ou quoi. Si on faisait la même chose depuis vingt ans, les gens se plaindraient aussi en disant qu’on n’a pas évolué. (rires) Je trouve ça intéressant de créer ce débat.

Dernière question : notre site s’appelle “RockUrLife”, alors qu’est ce qui rock ta life ?

S : Bonne question ! Ce qui rock ma vie… Je crois que c’est juste plus sympa d’être intéressant et intéressé, par les gens et leurs histoires. J’aime juste être ouverte et positive avec les gens. Essayer de créer un bon environnement.

 

 

Site web : skunkanansie.net