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WE ARE THE LINE (17/02/18)

RockUrLife s’est entretenu avec Jérôme, tête pensante et moteur de l’énigmatique We Are The Line. Entre la sortie en octobre dernier du prometteur “Through The Crack” et l’arrivée d’un nouvel EP sous peu, il lève un peu plus le voile sur lui-même, son projet et ses ambitions.

Cela fait quelques mois que l’EP est sorti, et il a déjà reçu un très bon accueil chez tous les médias qui se sont penchés dessus. Comment te sens-tu par rapport à ça ?

Jérôme : Ça fait un plaisir dingue et ça donne vraiment confiance, mais en même temps ça fait un peu peur. Tous ces retours sur le premier EP, ça met une pression, une exigence sur la suite. Ce qui est une mauvaise façon de voir les choses d’ailleurs, puisqu’au départ, j’ai réalisé le premier EP parce que je voulais faire de la musique qui me plaisait avant tout. En sortant du mixage et avec le mastering, j’étais déjà super fier. Mais rien n’est gagné, il reste beaucoup de choses à faire et ça me porte beaucoup. Je vais voir comment ça va se passer tout en essayant de rester fidèle à moi-même.

Comment le projet We Are The Line a-t-il vu le jour ?

Jérôme : Pour la forme, je l’ai en tête depuis très longtemps, 2009 à peu près. Je voulais faire une sorte de cycle, où plusieurs choses se mêlent dans une sorte de parcours. C’est pour ça qu’il y a plusieurs EP, le premier en tant qu’introduction, puis il y en aura deux autres derrière. En fait, il s’est passé quelque chose de fort dans ma vie professionnelle et personnelle qui a fait que je me suis lancé. A l’origine, je ne voulais absolument pas me mettre en avant, je me suis caché derrière le nom d’un groupe. Les textes ont été écrits à partir de ma propre expérience, mais bien sûr je ne prétends pas du tout détenir une vérité. Dès le début, l’idée était que tout le monde puisse s’identifier à ce que propose We Are The Line. Ce sont autant des réflexions personnelles, existentialistes, que politiques. On peut mettre plein de significations derrière ça, et justement, c’est aussi ça La Ligne, l’important est le sens qu’on y met. Après musicalement, j’ai été bercé par la musique électronique. Le premier artiste que j’ai écouté, c’est Jean-Michel Jarre, et juste après Depeche Mode. J’ai grandi dans tout ça, donc fatalement, l’esthétique musicale du projet s’y rattache.

 

 

Et au-delà du domaine de la musique, as-tu d’autres sources d’inspiration ?

Jérôme : Je dirais avant tout le cinéma. Il y a un retour qui revient très souvent lorsqu’on me parle de ma musique, c’est qu’elle est très cinématographique. Et c’est vrai que l’image m’intéresse beaucoup, entre Lynch, Kubrick. Je ne comprends pas tout de Lynch, mais j’adore. (rires) J’aime beaucoup les signes cachés, les jeux de pistes, l’idée des sensations que ça peut procurer. La musique et le cinéma sont les arts qui me touchent le plus, avant tout autre. La littérature beaucoup moins, même si j’apprécie des auteurs comme Asimov, Camus ou Boris Vian.

We Are The Line a sorti son premier clip pour le titre “A Cold Place”. Peux-tu nous en dire plus ?

Jérôme : Le clip a été réalisé par Astrid Karoual, qui est vraiment une super artiste. Je suis tombé sur son travail par hasard et j’ai adoré. On est entré en contact, le courant est bien passé et je lui ai laissé carte blanche. Tout s’est fait très vite et simplement, les idées, le lieu… Le résultat est incroyable. Ca fait limite court-métrage sur lequel on a mis une bande son, et sur lequel il y a vraiment beaucoup de choses à dire.

Le visuel est-il une voie que tu vas creuser à l’avenir ? En visionnant le clip, on se rend compte que ta musique s’y prête très bien.

Jérôme : Complètement. A la base du projet, je voulais faire quelque chose de transmédia avec We Are The Line. Avant de travailler avec Astrid, j’ai moi-même bossé sur des idées pour le clip et je me suis dit que la musique et le visuel devait absolument marcher ensemble. En fait, la dimension visuelle a toujours été ce que je voulais faire en parallèle d’une narration. Donc pour la suite, pour les prochains clips en tout cas, je vais continuer, j’espère avec Astrid, parce qu’elle a vraiment apporté un truc énorme au projet.

 

 

Du nom du projet qui sous-entend un collectif à la façon dont tu en parles en général, tu entretiens un véritable mystère autour de l’identité du projet. C’est très intriguant.

Jérôme : Le but du jeu est de rester sur le “nous”, de ne surtout pas rattacher le projet à une personne. Je suis quelqu’un d’assez timide et à la base je n’assumais pas forcément que ça soit moi l’artiste. Je connaissais peu la musique. Le côté “nous” était pour se cacher derrière le projet, mais petit à petit, ça a fait sens. J’estime que ce que je vis n’est pas exceptionnel, c’est même assez universel et je voulais que les gens s’approprient au maximum le projet. Moins on met un côté personnel dans les choses et plus les gens s’y impliquent, à mon sens. Mais il y a aussi le fait que les gens se posent des questions, et là tu suscites forcément une curiosité.

Ça sent la stratégie marketing tout ça (rires) !

Jérôme : Ce qui compte avant tout pour moi c’est une cohérence, une sincérité. Le marketing ne vient que pour servir cela, et surtout pas l’inverse. Pour moi, le marketing, c’est mettre en cohérence les choses. Aujourd’hui, j’assume de plus en plus le “je”, mais le “nous” va rester.

Tu sembles être quelqu’un de très gai et ouvert dans la vie. Qu’est-ce qui te pousse à créer une musique et un univers aussi sombres et troublants ?

Jérôme : Plusieurs choses : j’ai vraiment bercé dans la musique sombre, avec des groupes comme Pink Floyd ou Nine Inch Nails, Bowie, Queen, Depeche Mode, Massive Attack. Ce sont ces artistes qui m’ont le plus nourri. Et même si je suis quelqu’un de jovial, j’ai des côtés assez durs, je peux être un vrai dictateur. (rires) Je suis quelqu’un d’extrêmement exigeant. Ca apparait certainement dans ma musique, en tout cas dans ma façon d’envisager les choses.

A l’écoute de l’EP, on ressent une progression dans les ambiances. Les premiers morceaux sont très lourds, oppressants. Puis “Our Last Sight” est une instrumentale qui offre à l’auditeur, et sûrement au musicien, un petit moment pour respirer. Enfin “Shining Edge” clôture l’EP avec une atmosphère toujours inquiétante mais au moins plus ouverte et décidée. N’est-ce pas un hasard ?

Jérôme : Il y a très clairement une progression. Les premiers titres sont en effet très oppressants. “Our Last Sight” est plus ambivalente. Il y a un côté plus énigmatique, qui ouvre sur le dernier titre de l’EP. Je voulais finir sur cette coupure là et préparer la suite, puisque l’idée est de connecter les EP entre eux. Pour le prochain, ça sera encore différent mais il y aura le même genre de progression émotionnelle.

Comment s’est déroulée la composition de ces premiers morceaux ?

Jérôme : Tout est venu naturellement. Je n’ai pas de formation musicale sur le plan technique, j’ai d’ailleurs pris des cours de chant. C’est mon premier projet musical, en tout cas celui dans lequel je m’investis complètement. Pour composer, ce qui vient le plus facilement est le son. Souvent, je commence un morceau par un son de piano. Puis pour aller au-delà, je construis les atmosphères, et les mots viennent au fur et à mesure. A l’origine, c’était un album, qui s’appelait “Songs Of Light And Darkness”. De cet album sont restés “A Cold Place”, “Restless (In Vain)” et “Shining Edge”. Les autres morceaux ont été composés ensuite en s’en inspirant. Le prochain EP reprend également quelques titres de l’album. Il va d’ailleurs s’appeler “Songs Of Light And Darkness” et prend la suite du premier EP. Enfin, une fois que tout s’est mis en place, j’ai restructuré le tout et retravaillé la production, pour la cohérence du son de l’ensemble.

 

 

Le projet est entièrement studio pour le moment. Penses-tu déjà à concrétiser tes compositions sur scène ?

Jérôme : Très clairement. Je n’ai pas voulu en faire jusqu’à présent, déjà parce que je suis tout seul et surtout parce que je n’avais pas de public. Je viens du monde de la tournée et je sais pertinemment que jouer dans des salles vides, ça fait certes les armes mais ça épuise, ça prend du temps et de l’argent. Mais j’en ai très envie. On parlait de l’aspect visuel tout à l’heure, et c’est une chose sur laquelle je veux travailler. Dans le même temps, je ne veux pas rentrer dans la facilité, mais sur ce point j’ai déjà beaucoup d’idées. Ça ne nécessite pas forcément beaucoup de moyens, mais ça demande que des gens s’embarquent dans l’histoire et croient en le projet.

Et 2018 pour We Are The Line ?

Jérôme : Le live, j’aimerais beaucoup mais je dois encore bosser dessus. Je n’ai pas encore de dates mais ça serait peut-être pour la fin de l’année. Pour le deuxième EP, je vais lancer une campagne de crowdfunding. Je trouve ça intéressant d’impliquer d’autres personnes, le public. C’est aussi un véritable indicateur : soit j’arrive à impliquer des gens, soit non et je dois voir les choses différemment. Le troisième EP, qui est déjà presque fini, devrait arriver aussi, ainsi qu’un autre clip.

Pour conclure, notre webzine s’appelle “RockUrLife”. Donc qu’est-ce qui rock ta life ?

Jérôme : Je vais répondre un truc très personnel, mais définitivement ma fille. Et après, la remise en question. Systématiquement, ne jamais prendre pour argent comptant ce qu’on présente comme la vérité. Et même si au bout du compte ce qu’on m’aura dit était vrai, c’est une façon de voir les choses qui met beaucoup de piment dans la vie.

 

 

Site web : wearetheline.org/fr

Gabrielle de Saint Leger
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