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ALTER BRIDGE (21/08/19)

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La sortie d’un nouvel album d’Alter Bridge est toujours un événement en soi ! Pour la sortie de “Walk The Sky”, rencontre avec Myles Kennedy pour en découvrir plus. Dans la joie et la bonne humeur, évidemment !

Bonjour Myles, comment vas-tu ? Entre le voyage de presse pour l’album et la tournée qui démarre prochainement, auras-tu le temps de te reposer un peu ?

Myles Kennedy (chant/guitare) : Je vais bien ! A vrai dire, une fois chez moi, je vais garder une journée pour jouer avec mon chien et faire quelques petits travaux, nettoyer le toit et ensuite, direction les répétitions.

Vous présentez “Walk The Sky” comme le successeur de “AB III” (2010), qui est lui très sombre. De toute évidence celui-ci est plus clair et positif. Mais pourquoi l’opposer à “AB III” ? Les sujets évoqués y sont, tout de même, toujours graves et sérieux.

Myles : Avec cet album, il y a quelque chose de réconfortant. Certaines des réponses que je cherchais lors de “AB III”, je les ai aujourd’hui trouvées. Je voulais en exprimer une partie au travers de cet album. Mais tu as également des titres comme “Native Son” où l’on traite simplement de différentes émotions. Mark a également composé un titre pour un ami, disparu, avec “Godspeed”. Il y a toujours différentes émotions vers lesquelles on tend, et certaines sont une fois de plus présentes sur cet album.

Cette fois-ci, le processus était différent. Mark et toi avez travaillé séparément. Pourquoi avoir choisi cette manière de faire ?

Myles : C’était avant tout une question de temps, d’optimiser notre agenda. J’étais en tournée, que ce soit avec Slash ou pour mon album solo; Mark, idem avec Tremonti. On n’aurait pas eu l’occasion de se retrouver ensemble dans un studio. On faisait chacun nos démos et au final, tout marche plutôt bien. Ça aurait pu être un désastre, on était vraiment inquiet. Mais au final, tout va bien.

Quel état d’esprit aviez-vous avant d’attaquer la composition de ce nouvel album ?

Myles : A part le fait d’être sans cesse occupé, je dirais que ces nouvelles philosophies, ces manières de voir la vie, ma vie, qui m’ont beaucoup aidées, j’ai avant tout retrouvé la paix. En étant plus posé, j’ai été beaucoup plus productif. J’étais en quelque sorte libéré et plus déterminé que jamais. Et j’estime que ça se ressent à l’écoute des morceaux.

Sans même comparer vos apports distincts, l’ensemble est cohérent. Y avait-il une ligne directrice ? Ou les interactions sont avant tout musicales ?

Myles : Oui, l’un des éléments que nous avions en commun était cette volonté d’intégrer des textures renvoyant aux synthés des années 80, directement inspirés, et surtout, de John Carpenter et ses vieux films et ses bandes sons. Mark a aussi découvert le groupe Gunship, et il a souhaité s’en inspirer pour apporter ce type d’approche qu’on entend clairement sur “Pay No Mind”, “Godspeed” et “Clear Horizon”.

On espérait que ces éléments sonores impriment une sorte de dynamique, tout au long de l’écoute. C’est également le cas de “In The Deep”, où ça se promène quelque part dans le morceau. D’ailleurs ce titre est parti d’une boucle que j’avais faite mais au final je me suis dit : “bon OK, on remet les guitares”. (rires) Je dirais que la ligne directrice est présente, mais elle apparaît de manière subliminale. Merci d’avoir remarqué ça !

N’était-il pas également curieux que vos travaux personnels restent, une fois réunis, toujours aussi cohérents ?

Myles : Je dois t’avouer qu’on était tous les deux surpris et fascinés. Mark le disait d’ailleurs qu’Elvis (ndlr : le producteur) lui avait fait une remarque intéressante. Lui-même n’arrivait pas à définir quels titres sont de Mark et lesquels sont les miens, car on arrivait chacun à composer comme l’autre, ce qui est naturel au final. On joue ensemble depuis maintenant plus de dix ans, donc on se connait musicalement. J’étais davantage dans le classic rock, blues, et le jazz alors que lui était plus metal et rock moderne. Voila aussi pourquoi l’album est cohésif.

As-tu travaillé sur ses idées et vice versa ? Comment avez-vous procédé ?

Myles : Il y avait des titres, comme “Godspeed” par exemple, où sa base ne nécessitait que quelques arrangements ou modifications. Mais il y avait également des morceaux tels que “Native Son” où j’avais le riff d’intro, les couplets et le refrain, mais il me manquait une passerelle pour le break. C’est là qu’il est intervenu avec une excellente idée. Idem pour Mark, pour “Dying Light”, Mark avait cette excellente intro, couplet et refrain. J’ai repris le refrain et j’avais une idée pour le break. 20% de l’album a été fait de cette manière mais 80% des morceaux étaient quasi tous fidèles aux démos d’origine.

Mark a donc utilisé de nouveaux sons et certains sont présents sur l’album, et c’est en effet très intéressant. Mais quelle a été ta première réaction lorsqu’il t’a envoyé ses démos ?

Myles : A vrai dire je faisais la même chose. On avait comme un plan de jeu. On s’échangeait nos titres via un cloud et j’étais convaincu qu’on allait dans la bonne direction avec les claviers, tout en espérant que les fans adhérent également, car c’est un réel saut dans l’inconnu !

Quid de l’aspect live ? Avec tous ces ajouts, les guitares additionnelles aussi.

Myles : On doit encore y réfléchir car on se disait qu’on pourrait avoir nos guitar techs jouer les claviers, mais tu as déjà entendu un guitar tech aux claviers ? (rires) J’en ai jamais vu un personnellement, donc on verra bien. Ça pourrait être une bonne comme une mauvaise idée. Je ne sais pas comment on va s’en sortir. (rires) Tu jouerais pas du claviers par hasard ? (rires)

Qu’en est-il de l’apport d’Elvis ?

Myles : Son assistant Jeff et lui en sont responsables à 90%. Mark et moi avions les idées, eux ont su les faire réellement vivre. Elvis est très calé en synthés polyphoniques et de cette manière, on n’aurait pas eu à faire des arrangements trafiqués à la guitare. De plus, Jeff faisait partie de toute la scène Nine Inch Nails à l’époque, donc il comprenait réellement ce qu’on souhaitait faire. J’avais établi les mélodies sur des pistes midi puis ensuite on retravaillait ça.

Mais Elvis était-il étonné au premier abord ? Vis a vis de cette volonté d’incorporer de nouveaux sons.

Myles : Il a sûrement été surpris et excité à l’idée d’essayer de nouvelles choses. Il est vraiment excellent, c’est un véritable caméléon technique. Il sait faire tellement de choses que c’était sans doute là le challenge.

On a trouvé l’ensemble de l’album très cinématique. Il y a également beaucoup d’effets flanger, chorus et pas mal de guitares additionnelles. On se sent presque surélevé, au-dessus du monde. Était-ce l’effet recherché ?

Myles : Surélevé, oui. Je pense que ça rejoint ce sentiment d’euphorie qui découle de cette meilleure compréhension de la vie. Aussi je pense que “Walk The Sky” résume parfaitement et de belle manière tout cela. A l’image de la pochette de l’album, c’est presque une illumination. Je suis heureux de constater que tu ressentes ça, et j’espère que les fans saisiront ça aussi.


Quid du titre de l’album ? Il y a le morceau “Walking On The Sky” et “Walk The Sky”, celui de l’album.

Myles : En effet, il découle du morceau. Lorsqu’on cherchait un titre pour l’album, il y avait une phrase qui plaisait à tout le monde dans ce morceau. Ça représentait très bien le contenu même de l’album et l’ensemble des émotions, c’était d’une logique. Le morceau évoque un funambule, le rush d’adrénaline que les gens ont lorsqu’ils pratiquent des choses si extrêmes et comment le fait de mettre sa vie en jeu, procure ce sentiment d’être si vivant. Avez-vous vu “Free Solo” (2018) ? C’est un grimpeur qui pratique sans harnais, sans rien. C’est incroyable. Ça souligne parfaitement le rush, cette volonté de pousser les choses au maximum et à l’extrême.

Mark chante la ligne principale sur “Forever Falling” mais on était surpris qu’il ne chante pas sur “Godspeed”, qui évoque un ami, disparu, à lui. Comment avez-vous géré cet aspect ? Souhaitait-il chanter sur plus de titres ? On aurait pensé que oui.

Myles : Il n’a jamais évoqué l’envie de chanter sur “Godspeed”. C’est moi-même qui l’ai poussé pour “Forever Falling”. C’était un titre fait pour Mark. Pour “Godspeed”, j’ai trouvé quelque chose en accord avec mes capacités, donc ça m’a paru logique et naturel de chanter là-dessus. Mais j’ai vraiment poussé Mark pour “Forever Falling” et le résultat est splendide. On n’avait pas fait ça depuis “Fortress” (2013) avec “Waters Rising” et j’adore. Pas mal des groupes qu’on a écouté en grandissant présentent cette association. A l’image de Jerry Cantrell avec Layne Staley.

Quel a été le plus gros challenge lors de ce processus ?

Myles : Le fait de faire les démos tout seul je dirais. On y passe un temps fou. Tu peux y passer des douzaines d’heure pour un seul morceau et tu ne sais même pas si ça en vaut le coup. La seule personne qui me donnait son avis était ma femme, elle me disait : “celle là est bien / celle là non”, mais je n’avais pas mes potes. C’est l’un des trucs que j’ai appris lorsque j’ai bossé sur mon album solo : faire davantage confiance à son instinct. Ça n’a jamais été le cas depuis The Mayfield Four. Il est difficile de s’investir autant lorsque tu dois gérer les guitares, le chant, les paroles, les arrangements etc. Il faut tout enregistrer et ça prend un temps fou alors que tu dois bientôt monter sur scène, pendant deux heures, pour jouer avec Slash. (rires) A peine j’arrive à la salle, j’installe mon matériel, je prends ma guitare et avant même de commencer on me dit : “sur scène dans trente minutes”. (rires) Il n’est pas toujours facile d’endosser plusieurs rôles à la fois.

Quelles furent les réactions de Brian et Scott la première fois ? Quant à ces nouveaux sons. Quels furent leurs apports ?

Myles : Honnêtement je ne sais pas ce qu’ils en pensaient au départ. La seule personne avec qui j’ai échangé, hors Mark, c’était Elvis. Lui me disait si c’était intéressant ou non. Lorsqu’on s’est tous retrouvé, on bossait déjà sur les arrangements, on avait neuf jours pour tout finaliser. Scott se foutait de moi parce que les pistes de batterie que j’ai faite via logiciel étaient nazes : “mais mec, tu peux faire ce que tu veux en fait !”. (rires)

Un mot de “Clear Horizon”. On a beaucoup apprécié ce titre. Quel est le message ou l’idée derrière ce morceau ?

Myles : Je pense que c’est dans la droite ligne de “Wouldn’t You Rather”. “Wouldn’t You Rather” évoque la recherche du bonheur, de faire ce que tu aimes faire en ne tenant pas uniquement compte de l’aspect matériel des choses. Dans la société occidentale, on se concentre beaucoup sur l’accumulation de biens et l’amour envers le Tout-Puissant dollar au détriment de ton propre bonheur. Je ne dirais pas “plus pure” mais dans le but d’être heureux, tout simplement. “Wouldn’t You Rather” et “Clear Horizon” évoquent, toutes les deux, toute cette idée là, la manière de naviguer dans ce monde, de faire ce qui nous parle parce que tu as vraiment envie de les faire.

“Dying Light”, le dernier titre, est très reposante et paisible, et est une parfaite fin. Qu’en penses-tu ?

Myles : Exact. C’est pourquoi nous l’avons choisi pour clore l’album. C’est sans doute le morceau le plus “Alter Bridge” dans la manière d’avoir abordé les arrangements. C’était un morceau assez différent à la base et il a pas mal évolué. Un peu dans la même veine que “Blackbird”. On en est très fier. Effectivement, ce ressenti est parfait pour terminer l’écouter, ça fait également écho à l’introduction avec “One Life”, ça prend tout son sens.


Comment définirais-tu un bon morceau ? Est-ce avant tout un bon refrain ?

Myles : Ça dépend de ton interlocuteur. Certains groupent ne sont pas fixés sur les refrains. Le nouvel album de Tool en est un bon exemple. Je l’adore, il est incroyable et c’est avant tout un voyage, une expérience musicale. Mais tu as également des groupes tels qu’Alter Bridge qui sont davantage dans le riff, la mélodie et des paroles universelles. Mais effectivement, pour nous, les refrains sont importants. On a d’ailleurs une private joke à ce sujet, au sein du groupe : “arrêtes de traîner, balances tout de suite le refrain”. (rires)

Avais-tu la même approche pour ton album solo ?

Myles : Non. Justement, j’ai pris cette private joke et je l’ai envoyée valser. Je ne voulais pas me préoccuper des refrains ou quoi. Je voulais surtout me concentrer sur le contenu, les paroles qui étaient plus intimes évidemment. Ça n’aurait pas eu de sens d’avoir de gros refrains.

Peut-être sur un second album solo ? Est-ce prévu ?

Myles : J’espère ! J’adorerais ! C’était sans doute l’une des expériences les plus gratifiantes, musicalement, que j’ai vécue. Pourquoi ? Parce que j’ai pu jouer beaucoup de guitare, j’adore ça ! C’est mon premier amour. J’aime chanter aussi, mais la guitare a toujours été ma première passion.

Te rappelles-tu de ton concert solo à Paris ?

Myles : Comment ne pas l’oublier ? Il faisait presque mille degrés dans la salle, il faisait si chaud ! Mais c’était superbe ! Les fans sont si cools ici, j’adore jouer en France. Je pense souvent à ce concert et j’avais mal pour vous, tout le monde donnait l’impression de mourir, cherchant un peu de fraîcheur. (rires)

Comment présenterais-tu l’album aux fans qui l’attendent avec impatience ?

Myles : C’est de toute évidence un album d’Alter Bridge. Tout ce qui caractérise notre musique est là, les riffs, les mélodies, les paroles également, qui trouveront échos auprès des fans. Mais nous avons testé de nouvelles choses, de nouveaux sons et de nouvelles ambiances. Puis cette fin épique ravira les fans de la première heure, et au-dessus de ça, nous développons une approche optimiste au travers de thèmes qui renvoient à la libération et à l’éveil de soi.

Enfin, nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est-ce qui rock plus que tout Myles Kennedy ?

Myles : Qu’est-ce qui rock ma life ? Ma femme me rock ! J’aime ma femme, elle est incroyable ! (rires)

Site web : www.alterbridge.com