Aujourd’hui, Century Media Records nous dévoile une nouvelle bombe, “Will To Power”. Pour l’occasion, l’équipe de RockUrLife a rencontré Michael Amott et Alissa White-Gluz. Retour sur un entretien fascinant et honnête pour en savoir plus sur le nouvel album d’Arch Enemy, l’évolution du groupe et leur relation avec les fans.
Avec Alissa au Canada, Jeff aux Etats-Unis et le reste du groupe en Suède, comment s’est passé le processus de création de “Will To Power” ?
Michael Amott (guitare) : Alissa et Jeff ont pris l’avion (rires). Nous passons beaucoup de temps ensemble en tournée, et évidemment quand la tournée se finit, Alissa retourne au Canada, Jeff aux States et nous en Suède. Mais c’est facile maintenant, on peut s’envoyer des idées par e-mails et parler de cela via internet. Nous avons enregistrés des démos, Alissa a un home studio, Daniel s’occupe de l’enregistrement des démos, en fait c’est plutôt simple. Pour l’étape finale, Alissa est venue en Suède et nous avons travaillé vraiment intensément chaque jour. Et tu sais les décalage horaires peuvent être un problème mais pas avec Alissa parce qu’elle ne dort jamais. Je peux lui écrire à n’importe quel moment “qu’est-ce que tu pense de ça ?”, je suis sûr d’obtenir une réponse dans la minute.
Alissa White-Gluz (chant) : Oui parfois je reçois des e-mails a 4h du mat’ et je suis toujours réveillée.
N’est-ce pas un problème en tournée ?
Alissa : Si ça l’est.
Michael : Mais elle dort en ce moment.
Alissa : Oui il y a des cordes qui me permettent d’ouvrir les yeux.
Sur “Reason To Believe” Alissa chante en voix claire. Qui est venu avec cette idée ? Comptez vous l’utiliser d’avantage sur les prochains albums ?
Michael : Concernant le prochain album, nous ne savons pas pour l’instant. Comment c’est arrivé sur cet album ? En fait, on a juste suivi la chanson. Ce n’est pas quelque chose que nous avions prévu, on ne prévoit pas ce genre de choses. C’est juste venu naturellement, on a utilisé des tons plus clairs. Mais on en a pas mal parlé, de comment l’utiliser de la bonne façon. C’est juste quelque chose que nous pouvons faire maintenant. Si on ne se fait pas tuer pour ça. (rires)
Non, les fans seront ravis car beaucoup d’entre eux réclamaient du chant clair.
Alissa : Oui, je pense que beaucoup de gens voulaient entendre quelque chose comme ça. Je pense qu’après dix albums, un groupe a la liberté de sortir de sa zone de confort. Et ce qui est cool avec “Reason To Believe”, c’est que même en ayant introduit quelque chose de jamais entendu chez Arch Enemy, ça ressemble quand même à du Arch Enemy.
Où avez-vous trouvé l’inspiration pour cet album ?
Alissa : Personnellement je trouve de l’inspiration tous les jours dans une chose ou une autre. Tu ne peux pas chercher l’inspiration. Tu peux aller dans un bel endroit avec des montagnes et tout, ou lire un livre, ou regarder les infos et ça peut t’inspirer mais pas forcément. Donc je laisse plutôt l’inspiration me dire quand je dois écrire. C’est pour cela que c’est important d’avoir suffisamment de temps pour le faire, et c’est ce qu’on a fait. C’était cool, on n’avait pas de rush pour faire l’album. Donc personnellement, ça peut sembler ringard, mais je laisse l’inspiration aller et venir jusqu’à ce que je sois satisfaite de ce que j’ai fait.
Pouvez-nous confier un secret ou nous dire quelque chose que nous n’aurions jamais supposé à propos de “Will To Power” ?
Alissa : De mon point de vue, il y a plein de choses ou de sonorités dans l’album que tu n’entends pas forcément dès les premières écoutes. Il y a plusieurs phrases par-ci par-là qu’on n’entend pas, ou des murmures entre les phrases, et sous certains sons, dont il faudrait plusieurs écoutes pour les entendre. Il y a aussi des choses qui peuvent paraître comme des effets spéciaux mais ce sont en fait des sons que je fais avec ma voix. (rires) Et je pense que c’est plutôt cool.
Michael, n’as-tu pas le sentiment que le public d’Arch Enemy a un peu changé depuis l’arrivée d’Alissa dans le groupe ? Par exemple, il y a deux sortes de fans. Les fans qui connaissent chaque parole de “War Eternal” et qui aiment beaucoup Alissa. Et il y a aussi les anciens fans, qui connaissent surtout les anciens morceaux avec Angela.
Michael : En France, oui, carrément ! Parce que le groupe a pris plus d’envergure en France. Je le ressens plus en France que d’en d’autres pays. Sûrement car les Français sont les premiers a vraiment avoir accepté et accueilli “War Eternal” et Alissa dans le groupe. C’était une belle surprise pour nous par ailleurs. Nous avons une très bonne relation avec les fans français. Et nous acceptons volontiers les nouveaux fans. Et puis, je pense, que l’on a réussi à garder nos anciens fans.
Alissa : Après plus d’une centaine de shows, je ne pense pas qu’il y ait encore une division entre les anciens et les nouveaux fans. Je pense surtout que les plus jeunes fans ne sont pas vraiment familiers avec les anciens morceaux quand ils viennent à nos concerts, parce que nous souhaitons toujours jouer les anciennes chansons. Certains check même la setlist avant le concert, et en profitent pour écouter les anciens sons que nous jouons en live. Donc je trouve ça plutôt cool. Ça amène les jeunes fans à écouter les anciens morceaux tandis que les anciens fans continuent d’écouter ce que nous faisons actuellement.
Alissa, n’est-ce pas difficile de suivre un mode de vie straigh edge lorsque vous êtes sur la route ?
Alissa : Non pas du tout, c’est sûrement le plus facile. (rires) Enfin je ne sais pas, mais je n’ai jamais été intéressée par les drogues ou l’alcool. Je déteste la cigarette, je trouve ça répugnant, vraiment je déteste ça. Je sais qu’il y a plein de bons chanteurs qui fument, boivent et font souvent la fête mais je ne sais pas comment ils font ça. Je suis très à cheval sur ma santé, sur mon sommeil, la nourriture saine, être bien hydratée. Je fais en sorte de bien suivre tout cela, pour être sûre de pouvoir assurer un bon show, ou d’être en studio pendant trois jours non stop pour un album. Il y a Jeff dans le groupe aussi qui est quasiment straigh edge. Donc je ne suis pas la seule. Mais à part cela, je n’ai pas de problèmes avec les gens qui fument ou qui boivent. Enfin, s’ils fument à côté de moi, je leur demanderais d’aller un peu plus loin. Mais cela ne me dérange pas, tant qu’ils ne le font pas de façon destructive, je trouve les gens qui boivent plutôt marrants. (rires) Donc bref, je trouve ça plus simple pour moi, et je suis sujette à aucune tentation.
Comptez-vous faire autant de concerts pour ce album que l’année dernière ?
Michael : Oui ! (rires). Oui, je pense que oui. On va annoncer les dates prochainement. Le “Will To Power Tour” va être immense, on va tourner partout dans le monde. Cela va être cool. J’ai être d’y être.
Avez-vous déjà pensé à la scénographie pour les prochains concerts ? Allez-vous garder la pyrotechnie ?
Michael : Ce sera vraiment en rapport et connecté avec l’album. Ce sera plus qu’un fond avec la pochette de l’album dessus. J’ai d’ailleurs reçu des messages, tout à l’heure, à propos de comment on pouvait imaginer la scène. Donc je suis sensé dire si c’est cool ou si c’est de la merde. Mais il y a plein de bonnes idées, plein de nouvelles technologies, comment on pourrait travailler la lumière, etc. On a une super équipe avec nous qui a bossé, par exemple, sur le show du Wacken et c’était un show super. Et c’est donc cette équipe qui bosse avec nous sur la nouvelle scène. On veut pouvoir jouer devant mille personnes ainsi que devant quarante mille personnes, comme ça arrive souvent en festival. Donc on aimerait avoir une scène adaptée pour tout type de show, et que ça rende toujours aussi bien, que ce soit intéressant et captivant. Cela m’enchante de faire ça. Je ne vois pas ça comme du travail, surtout quand on a de super personnes qui travaillent avec nous. Car bien sûr, nous ne faisons pas cela nous mêmes. C’est pareil que pour la pochette de l’album et tout, on a besoin de gens talentueux et créatifs à nos côtés. Parfois les idées viennent du groupe, mais on a surtout des gens doués dans ce qu’ils font. J’aimerais qu’on fasse plus de changement de scènes comme on l’a fait au Wacken, j’aimerais trouver un moyen de le faire, ce serait super cool. On va voir. Ce sera une surprise aussi pour les premiers concerts. Puis ce sera sur YouTube et les gens seront genre “oui j’ai vu qu’ils faisaient ça”. (rires) On va mettre une tonne de fric pour que les gens disent “j’ai déjà vu ça”. (rires)
Alissa, tu travailles sur ton album solo. Peux-tu nous en dire un peu plus ?
Alissa : Alors le projet solo intitulé ALISSA est quelque chose qu’Angela m’avait vraiment suggérée de faire. Et c’était une bonne idée. Le concept de l’album est de pouvoir m’exprimer lorsque j’ai un break avec Arch Enemy. Donc là évidemment, comme on vient de lancer la nouvelle ère de “Will To Power”, je ne vais plus tellement avoir de break. Alors, quand j’ai un petit peu de temps, je me consacre à mon projet solo à l’instar de Michael avec Spirtual Beggars ou Jeff avec ses projets solo, donc je m’installe avec une guitare et je commence à composer quelques démos. J’ai à peu près, la moitié de l’album d’écrit, mais j’ai encore énormément de choses à faire. J’ai passé la plupart de mon temps l’année dernière, sur la route ou en studio, ou à essayer de progresser en chant et à la guitare, toujours essayé de progresser. Donc je continuerai d’avancer dès que j’en aurai le temps. Mais je pense que c’est préférable de dire qu’il ne sortira pas cette année parce que on vient juste de sortir notre DVD (“As The Stages Burn”), “Will To Power” arrive, donc j’ai déjà pas mal de choses sur le feu. (rires) Disons que ça arrivera sûrement l’année prochaine.
Michael, pensez-vous refaire une tournée “Black Earth”, comme vous l’avez fait au Japon ?
Michael : Euh…non. (rires) Je ne pense pas non. Pour des raisons variées.
Pour “War Eternal”, vous avez fait comme une trilogie avec trois vidéos clip. Pensez-vous faire la même chose pour “Will To Power” ?
Michael : Nous avons déjà tourné deux clips, là nous bossons sur le troisième qui est presque prêt. Puis, nous allons en tourner d’autres, certains en live. On compte en faire pas mal. Les vidéos ont toujours bien marché pour Arch Enemy. “War Eternal” est à plus de vingt-cinq millions de vues sur YouTube. C’est un autre et cool moyen de montrer le groupe. Ce n’est pas tout le monde qui peut nous voir souvent, donc au moins, ils peuvent nous voir dans des vidéos. Donc oui, il y aura beaucoup de vidéos.
Alissa : J’adore faire des vidéos et je trouve ça très intéressant de voir ce que le groupe peut faire d’une chanson. Surtout du point de vue du public, si tu as déjà entendu la chanson, c’est intéressant d’en voir le support visuel.
Que pensez-vous des packages VIP, des Meet & Greet, des fans qui paient pour pouvoir être side stage etc ?
Alissa : Nous ne faisons pas souvent ce genre de choses parce qu’on rencontre les fans tout le temps en fait. (rires) Mais parfois c’est cool de pouvoir apporter aux fans une garantie de nous rencontrer parce qu’il arrive que des fans voyagent des heures pour nous voir, et ils veulent être sûrs de pouvoir nous rencontrer et avoir leurs choses signées. Et ils n’ont pas tous la possibilité de rester des heures devant le tour bus. De ma perspective, je trouve ça cool de pouvoir apporter cette garantie aux fans. D’ailleurs, ils me demandent toujours d’organiser des M&G. Nous ne faisons jamais de grands M&G, on le fait seulement avec une vingtaine de fans pour qu’ils aient tous le temps de parler, de pouvoir prendre des photos, etc. Parfois quand je parle à des fans sur Instagram, je leur dis “rappelez moi votre nom Insta quand vous me rencontrer”, car je trouve cela intéressant de garder contact avec des fans sur du long terme. Donc je trouve que c’est cool pour nous et cool pour les fans. Après, nous ne mettons jamais des fans en side stage, car c’est une production et cela peut même être dangereux quand il y a de la pyro ou autre. Et puis, je ne trouve même pas que ce soit un bon angle pour regarder et apprécier le concert. Mais j’ai toujours trouvé l’idée de payer pour me rencontrer assez étrange. Mais d’un autre côté, le monde de la musique a changé et les habitudes ont changé. Et je pense que le fait que les musiciens soient de plus en plus accessibles tout le temps a crée plus de demandes pour cela. Donc si les gens apprécient cela, nous serons plus que ravis de le faire.
Michael : Je suis d’accord avec ce que tu as dit mais je n’aime pas vraiment le fait cela soit ancré dans l’industrie de la musique. Mais ça semble plus ou moins inévitable.
Alissa : Je sais, c’est dur à comprendre. Et puis maintenant, quand je rencontre des fans près du tour bus gratuitement, je me sens mal pour ceux qui ont payé. Mais après on offre toujours des “bonus” pour ceux qui ont un M&G, comme un sac avec pas mal de choses dedans.
Michael : Nous l’avons fait quelque fois de faire payer pour un M&G.
Alissa : Oui, mais nous avons jamais fait payer tant que ça. (rires) Contrairement à d’autres groupes.
Michael : Je pense qu’on l’a surtout fait aux Etats-Unis.
Alissa : Oui c’est ça. J’aime bien faire ça avant le concert, car j’aime bien voir des fans que je viens juste de rencontrer dans le public pendant le show. Après le concert, je suis exténuée.
Michael : Nous avons l’habitude de rencontrer nos fans après chaque concert. Et parfois, on est malades ou juste épuisés, mais on ne peut pas se permettre de le montrer.
Alissa : Je me souviens d’un M&G, c’était en Suisse je crois, le matin même j’étais à l’hôpital, et je pensais que je devrais annuler le concert, mais je voulais vraiment le maintenir. Et puis, on avait un M&G, mais je ne pouvais pas parler, j’avais même dit à l’ingénieur de mettre le son du micro plus fort ce soir là, et le M&G se résumait à une sorte de langage des signes. Et c’était super frustrant parce que je voulais vraiment répondre aux questions des fans.
Michael : C’est génial de pouvoir rencontrer des fans. C’est toujours intéressant de connaître leurs histoires. J’adore leur demander comment ils ont connu Arch Enemy, car ils ont tous une histoire différente à raconter. Quand j’ai commencé à faire des tournées, j’étais très jeune, et un mec m’avait demandé un autographe, et je ne pouvais pas dire “non” mais j’étais embarrassé. Car c’est quelque chose que je ne comprends pas vraiment, je n’ai jamais été intéressé par les autographes. Enfin, il y a des gens qui viennent juste pour voir le concert, et il y en a d’autres qui veulent plus.
Alissa : Voilà, c’est leur choix, nous ne forçons personne. (rires) Si c’est important pour eux, alors ça l’est aussi pour nous. J’ai du mal à m’en rendre vraiment compte, car nous avons une façon de pensée différente.
Michael : Oui c’est ça. Nous avons tourné avec énormément de pointures du metal, de grosses influences pour nous. Par exemple avec Black Sabbath. Je les ai vus encore il y a quelques mois, et je n’ai même pas cherché à les rencontrer. Pour leur dire quoi ? Que leur musique m’a beaucoup influencé ? Je ne savais pas quoi leur dire.
Alissa : D’ailleurs c’est aussi pour ça que les M&G sont si importants pour les fans car ils ont le temps de préparer, et ils savent exactement ce qu’ils vont dire. Car parfois, on rencontre des fans qui ne s’y attendent pas forcément, et ils se retrouvent devant nous et restent silencieux. Alors, je leur demande “vous avez apprécié le concert ?” car il faut que j’engage la conversation d’une façon ou d’une autre.
Michael : Pour conclure… Nous aimons nos fans !
Avez-vous l’impression que c’est un fardeau d’être un modèle pour vos fans ?
Michael : Je ne sais pas si nous pouvons nous définir comme des modèles. Mais, je pense que nous sommes quand même de bonnes personnes, nous ne sommes pas de mauvaises personnes. Je suis assez stricte sur certaines choses. C’est comme dans les paroles, j’essaie toujours d’être positif. Même si ce sont des paroles sombres, j’aime toujours faire entrevoir une lumière pour que les gens se sentent forts. Je ne veux pas véhiculer des messages destructeurs, encore moins pour les jeunes fans. Et je ne veux pas faire de promotion pour la drogue ou l’alcool.
Alissa : Mais ce n’est même pas un fardeau, c’est qui nous sommes vraiment. J’ai été contacté pour faire de la pub pour toutes sortes de conneries et on voulait me payer des tonnes pour ça, mais j’ai toujours refusé car je ne veux pas promouvoir des choses comme ça. Même si ce n’est pas quelque chose de mauvais, même si c’est Fitea ou peu importe, je trouve cela irrespectueux pour mes fans. Et je ne veux pas être associée à ce genre de choses. Quant à être qualifiée de modèle.
Michael : Je pense que les gens apprécient surtout notre musique. Et lorsqu’on aime un musicien, on aime croire que c’est aussi quelqu’un de bien, avec qui on aurait de super discussions, qui pourrait même être notre meilleur ami.
Dernière question, nous sommes “RockUrLife”, qu’est ce qui rock votre life ?
Michael : La musique rock ma life. Je continue d’écouter de la musique chaque jour et d’en composer. La musique a toujours été mon obsession depuis que je suis très jeune.
Alissa : Cela peut paraître mielleux, mais je dirais les animaux. J’adore les animaux, c’est pour ça que je suis vegan.
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