Près de deux ans après son dernier passage dans la Capitale, le duo belge de Black Box Revelation vient nous présenter son merveilleux nouvel album “Tattooed Smiles” sorti un peu plus tôt dans l’année. L’occasion pour RockUrLife de passer quelques minutes avec Jan et Dries avant qu’ils montent sur la scène du Point Ephémère. Le duo, fort sympathique et accessible, nous parlera de son rapport à la France, du succès que les artistes belges peuvent rencontrer dans notre pays et, évidemment, de ce nouvel album si ambitieux.
Bon retour à Paris ! Vous commencez à bien connaître la France maintenant.
Jan Paternoster (chant/guitare) : Oui, nous venons de terminer une tournée de trois semaines en France avec Triggerfinger, c’était super de pouvoir revenir en France et de voir d’autres villes. C’est vrai que nous avons l’habitude de jouer à Paris, cela faisait seulement deux ans que nous sommes venus pour la dernière fois. Mais pour le reste du pays, cela faisait longtemps que nous n’avions pas vu d’autres villes. Donc c’était super de pouvoir parcourir les routes pendant un peu plus de trois semaines. C’était cool aussi de revenir sur la route tout court aussi. Nous avons passé énormément de temps à travailler en studio et donc là ça fait plaisir d’en sortir, de retrouver la scène et de voir les réactions des gens sur les nouvelles chansons. C’est un album différent que nous voulions présenter aux gens.
C’est un peu grâce à vous que la France a découvert Triggerfinger d’ailleurs. Ils ont ouvert pour vous en 2012.
Jan : C’est exact ! Et maintenant nous faisons leur première partie. C’est dû au fait que durant ces dernières années, nous ne sommes pas souvent venus jouer ici tandis que Triggerfinger ont passé beaucoup de temps en France. Du coup, nous avons profité de cette dernière tournée pour réveiller les gens et faire en sorte qu’ils se souviennent de nous.
Justement, maintenant que vous connaissez bien les deux pays, quelles sont les comparaisons que vous pourriez faire entre l’accueil du public en France et celui en Belgique ?
Jan : La dernière fois que nous sommes venus ici, il y avait beaucoup d’énergie. C’était juste après les attaques au Bataclan et donc c’était vraiment un moment très spécial. Nous pouvions sentir que les gens étaient vraiment excités à l’idée de sortir et d’aller en concert. Juste histoire de faire vivre la vie dans la capitale. Ce sont des moments que nous apprécions car le public nous donne beaucoup d’énergie et on en tire un grand bénéfice sur scène car le concert s’en retrouve amélioré de notre part. Je dirais donc que les Français sont plus… flamboyants (rires). Ils sont plus ouverts à se lâcher, à danser contrairement aux flamands qui sont un peu plus réservés. Mais on a la chance qu’en Belgique nous sommes plus connus qu’en France donc les jauges devant lesquelles nous jouons sont plus grandes.
La France commence à connaître la musique venant de Belgique ces dernières années, notamment grâce au rap avec Damso, Caballero & JeanJass ou encore Roméo Elvis qui est présent sur votre album. La musique rock belge est développée depuis plus longtemps cependant mais n’a pas rencontrée le même succès ici. Que pensez-vous de la musique en Belgique ?
Dries Van Dijck (batterie) : Il se passe énormément de choses en Belgique. Sans même parler de la scène hip hop qui a explosé depuis cinq ans, il y a énormément de choses qui fonctionnent en Belgique. Tous les deux ans, il y a de nouveaux groupes qui apparaissent, se mettent à énormément passer en radio, jouent dans d’énormes festivals devant d’immenses audiences et deviennent énormes en tous points. C’est fou. C’est ce qu’il se passe en Belgique.
Jan : C’est très cool de voir, par exemple, une fille comme Angèle qui est en train de devenir si populaire ici tandis qu’il y a six mois elle jouait seule sur son piano dans des bars devant vingt personnes. (rires) A ce moment, Roméo Elvis son frère était déjà populaire. Ca donnait l’impression que seul le hip hop bruxellois était populaire et capable de s’exporter alors qu’en réalité, la musique belge peut rencontrer un public ailleurs. Mais ce n’est pas parce que Roméo a du succès que nous avons voulu faire un morceau avec lui. Nous avons joué sur son album, nous nous connaissons depuis longtemps. Nous avions un morceau qui avait un feeling plus hip hop que rock.
Dries : Nous adorons le hip hop aussi. Quand nous avons joué à l’Ancienne Belgique en 2016, nous avons demandé à Stikstof de faire la première partie. Les gens ont un peu halluciné car ils venaient voir un concert de rock et ont vu un artiste hip hop en première partie. Mais au final je crois que tout le monde a trouvé ça cool.
En parlant de l’album justement, c’est très cliché de dire “l’album de la maturité” mais on sent tout de même que vous avez souhaité évoluer dans votre musique via cet album. C’est votre album le plus “produit”.
Jan : C’est marrant parce que nous n’avions justement pas de producteur. (rires) Nous avons vraiment pris le temps d’écrire et d’être en studio. Avant, nous avions l’habitude justement de travailler avec un producteur externe, quand nous avons enregistré nos albums à New York, L.A ou Londres. Mais ces gens sont toujours limités dans le temps. Cette fois-ci nous avons travaillé avec un ami, quelqu’un de très proche de nous. Nous pouvions aller au studio quand nous le souhaitions. Cela nous a permis de vraiment écrire des chansons très personnelles sans avoir en tête que nous avions une limite de temps. Nous ne voulions pas faire un album en se dépêchant, et l’écouter deux ou trois semaines après en le trouvant cool mais sans vraiment en être fiers. J’imagine que l’âge joue aussi. Nous ne sommes pas vieux mais c’est la première fois que nous avons pris du recul sur ce que nous avions déjà fait. Notre premier album date d’il y a déjà onze ans donc nous avons pris le temps de vraiment nous demander ce que nous voulions faire. Au départ nous partions pour faire un album vraiment grunge mais au final c’est un album un peu plus pop. Un album plus agréable à écouter plutôt que des chansons où un mec passe son temps à brailler. (rires)
Etait-ce aussi une forme de challenge de vous demander si vous étiez capable d’écrire ce genre de chansons ?
Dries : Ce n’était pas un vraiment un challenge. Nous savions que nous allions faire quelque chose de différent et de meilleur que ce que nous avions déjà produit tout simplement parce nous n’aimons pas faire deux fois le même album. Même concernant les anciennes chansons en live, nous les jouons désormais différemment parce que nous ne voulons pas qu’elles nous ennuient et puis parce que nous jouons différemment et voyons les choses d’un autre oeil aujourd’hui. Et pour cet album, nous voulions vraiment faire ce que nous voulions. On ne voulait s’imposer aucune limite. Faisons ce que nous voulons et si jamais c’est bon, on le garde pour cet album, peu importe ce que c’est. C’est aussi “à cause” de ça que lorsque nous avons commencé à répéter les nouvelles chansons, nous nous sommes immédiatement rendus compte que nous ne serions pas en mesure de jouer ces nouvelles chansons correctement uniquement à deux sur scène. Et ça nous ouvre des perspectives incroyablement.
Jan : Nous ne voulions vraiment pas être restreint dans notre expression sur scène. Et c’est ce que nous avons commencé à ressentir au début des répétions donc nous avons pris la décision d’inclure un troisième musicien avec nous sur scène.
Avez-vous été influencés par des groupes dont la démarche musicale vous a inspiré ce changement de manière d’écrire vos chansons ?
Jan et Dries : Pas vraiment à vrai dire.
Jan : Il y a des groupes supers que nous écoutons mais qui n’ont pas forcément eu une influence directe sur les chansons de cet album. Par exemple, dans la chanson “Tattooed Smiles”, à un moment je chante : “Hands on the wheel while I listen to The War On Drugs”. Je voulais simplement montrer dans les paroles que j’écoutais The War On Drugs, mais c’est tout. (rires) Je suis bien plus influencé par des moments qui nous sont arrivés, le fait de rencontrer ma copine par exemple. Plutôt que des groupes de musiques.
Dries : Désormais nous sommes un groupe depuis plus de quinze ans donc nos sources d’inspirations ne se trouvent plus seulement dans la musique.
Notre site internet s’appelle “RockUrLife”, qu’est-ce qui rock votre life ?
Jan : (rires) Pour moi c’est juste le fait d’avoir la possibilité de faire ce que j’ai envie de faire. Ca n’est pas forcément des choses très rock n’roll d’ailleurs, c’est juste de se lever heureux le matin avec plein de choses de prévues pour la semaine à venir. Pour moi tout ça c’est rock n’roll ! Par exemple, on caricature les hippies avec des dreadlocks etc… Mais les hippies n’ont pas forcément de dreads ! C’est pareil pour le rock selon moi, tu n’as pas forcément besoin de faire des choses rock n’roll pour que ta vie rock. Tout le monde peut avoir une vie rock n’roll !
Dries : Un bon café dès le matin !
Site web : blackboxrevelation.com