RockUrLife a eu l’occasion de rencontrer le groupe blues du moment : Blues Pills, mené par la charismatique Elin Larsson accompagnée par son guitariste français Dorian Sorriaux. Une conversation dans la joie et la bonne humeur avec deux prodiges de la musique rock à l’occasion de la sortie du second album, “Lady In Gold”.
Pour commencer, pouvez-vous juste nous décrire le groupe en quelques mots ?
Dorian Sorriaux (guitare) : J’ai toujours dit organique, en quelque sorte, comme du fait maison, ça vient du coeur.
Elin Larsson (chant) : Oui, émotion.
Dorian : Emotion, énergie, sensation.
Elin : Qui vient de l’âme.
Dorian : Oui, qui vient de l’âme. J’espère que les gens comprendront de quoi on parle avec ces mots. (rires)
Vous avez toujours eu des visuels assez particuliers aux influences hippies. Qu’est-ce qui vous a inspiré et quelle est la signification ?
Elin : Je pense qu’on est vraiment chanceux de pouvoir travailler avec cette artiste. Elle s’appelle Marijke Koger Dunham et c’est une artiste légendaire. Elle est allemande mais elle vit en Californie depuis très longtemps. Elle a travaillé avec le groupe Cream en peignant leurs guitares dans les années 60. Je crois qu’elle a également peint des guitares des Beatles. Avant que l’on sorte notre premier album, on envoyait des photos de ses peintures à d’autres artistes en leur demandant de s’en inspirer, et puis quelqu’un a suggéré que l’on s’adresse directement à elle, on se savait pas si elle continuait ou pas. Finalement, on l’a contactée et on a utilisé quelques unes de ses créations. Je pense que son art reflète notre musique à la perfection parce qu’on a déjà fait trois pochettes d’album avec ses peintures : le premier album, l’album live et le dernier, “Lady In Gold”. Elle les a tous peints dans les années 60 mais elle les a recolorés pour qu’on les utilise pour cet album. Je pense qu’il y a beaucoup de similarités avec Blues Pills, il y a beaucoup de symboles dans son art, c’est une sorte d’équilibre entre le bien et le mal, il y a toujours cette opposition dont on a besoin. Et cela crée une bonne connexion avec notre musique.
Dans quelle genre d’atmosphère musicale avez-vous grandi ?
Elin : De mon côté, j’ai grandi avec de la soul musique comme du Aretha Franklin. Je chantais sa musique. J’ai toujours été surprise par tous les chants en général, la façon dont les gens parlent. Tout le monde a un ton spécifique, et j’étais surtout impressionnée par ceux qui avaient une grosse voix, une voix forte et puissante. J’essayais de l’obtenir dans ma voix, mais au début, ça sonnait comme de la merde. (rires)
Dorian : L’atmosphère était pour moi du ZZ Top quand j’avais quatre ou cinq ans. Et puis j’ai découvert d’autres artistes du rock blues et rock en général comme Rory Gallagher. La musique était omniprésente à la maison, mon père jouait de la cornemuse, donc il y avait une atmosphère de musique celtique.
Le nouvel album s’intitule “Lady In Gold”, pourquoi avez-vous choisi ce titre ?
Elin : C’est la première chanson de l’album, et je pense que c’est une bonne représentation de l’album. L’album reste du blues rock, mais je pense que sur cet album, nous avons une grande influence de soul comme vous pouvez l’entendre. Je trouve que c’est un bon titre d’album.
Dorian : Nous aimions tous ce morceau. On a donc trouvé ça bien d’appeler cet album “Lady In Gold”.
Et donc, qui est cette dame en or ? Est-ce toi ?
Elin : Elle représente chaque femme autour du monde, elle représente la mort, comme un personnage fictif. Ceci est une fiction. Mais c’est une femme puissante, elle est mortelle, mais elle est la seule à décider et tu ne veux pas la croiser car peut-être qu’elle te fera passer de l’autre côté. En fait, c’est un conte de fées.
Avez-vous une chanson spéciale dont vous souhaitez nous parler ?
Elin : Je pense à “Little Boy Preacher” qui est l’une de mes chansons préférées. Mais c’est aussi ce genre de fiction que j’ai l’habitude d’inventer. Et aussi “Bad Talkers” qui a un bon message, elle demande pourquoi ce monde où nous vivons est entouré par le racisme, l’homophobie. Ce genre de choses relatives aux droits de l’Homme. Il ne faut pas juger les autres. Les gens peuvent être ce qu’ils veulent être et sont ce qu’ils sont. Je pense que c’est une bonne chanson.
As-tu un sujet très personnel qui te touche particulièrement ?
Elin : Oui, j’écris beaucoup de choses sur la culpabilité et je pense que c’est intéressant pour nos auditeurs parce que mes paroles évoquent souvent le potentiel des femmes. Je pense qu’aujourd’hui, une femme ressent beaucoup de culpabilité, nous avons beaucoup d’obligations. Si nous ne prenons pas soin de quelque chose, nous nous sentons coupables. Nous avons souvent à prendre des décisions très difficiles, jeunes et âgées, et je pense que c’est intéressant pour les auditeurs, en particulier dans le milieu du rock, dominé par les hommes. J’aime écrire sur ces sujets, par exemple, les abus qu’une femme subit dans une relation, elle se sent seule et elle ne peut pas être elle-même. Cet album évoque beaucoup le potentiel des femmes et un grand nombre de sujets importants.
Ressens-tu souvent cette pression masculine dans le milieu du rock ?
Elin : Dans le milieu du rock ? Oui. Dans l’ensemble, je pense que toutes les femmes sont jugées plus que les hommes. Maintenant, ça commence à changer, il y a de plus en plus de musiciennes et d’artistes féminines dans le milieu. Mais je pense que nous sommes jugées beaucoup plus sur notre aspect extérieur. Nous sommes sous pression, nous devons être mieux que tous les hommes, nous devons avoir l’air meilleur qu’eux. Mais en fait, pourquoi devons-nous toujours avoir cette pression dans tout ce que nous faisons ?
Pour revenir à l’album, quelles étaient les conditions d’enregistrement ?
Dorian : Les conditions (rires), c’était dans une salle…
Elin : En fait, cette salle est plus grande ! (rires)
Dorian : Oui, cette chambre est beaucoup plus confortable. (rires) Il n’y avait pas de fenêtres dans le studio. Il était vraiment petit. C’était vraiment intense, nous dormions sur le sol, on travaillait toute la journée, c’était vraiment difficile.
Elin : Oui, c’était difficile, nous étions dans cette ville en Suède et nous revenions d’une longue tournée, donc nous avons eu beaucoup de pression au niveau du timing. Nous avons beaucoup tourné et nous avons tout juste commencé à écrire les chansons. Notre dernier enregistrement datait de fin 2014; deux ans sans mettre les pieds en studio ! Nous sommes donc retournés en studio avant de repartir en tournée, c’était aussi beaucoup de pression. Après un certain temps, quand tu as l’habitude d’aller là-bas, tu ne sais même plus comment tu t’appelles. (rires) Et pendant l’hiver, souvent, il n’y a pas de soleil, c’est très sombre. Tu ouvres les portes et c’est complètement noir. (rires) Et parfois, nous pouvions travailler pendant quinze heures d’affilée, et puis tu te rends compte que ça va être comme ça pendant trois semaines. (rires) C’est fou.
Quelle est l’ambiance musicale en Suède en ce moment ?
Elin : Je pense que la Suède est une grande industrie musicale, nous avons beaucoup de producteurs, de groupes et d’artistes célèbres. Parfois, les gens pensent qu’ils sont Américains, mais ils viennent de Suède comme Max Martin qui écrit pour tous les grands groupes. Nous avons beaucoup de bons groupes de rock and blues, en particulier dans la ville où nous vivons, je pense même que c’est une sorte de jeu entre nous car ça nous pousse tous à être meilleurs.
Quelle est la prochaine étape pour vous ?
Dorian : Nous avons environ une centaine de concerts à venir maintenant. (rires)
Elin : (rires) Oui, on va tourner, aller aux Etats-Unis et leur botter le cul. (rires)
Dorian : En France, on va faire Rock En Scène le 28 août. Le Trianon à Paris le 30 octobre, qui est un endroit génial.
La vie en tournée n’est pas perturbante pour vous ?
Elin : J’adore être en tournée, je sais que beaucoup de groupes détestent ça, mais j’aime vraiment ça. C’est génial, nous avons tellement de plaisir; à chaque concert, vous obtenez beaucoup d’énergie. C’est un mode de vie complètement différent : quand tu es en tournée, tu n’as pas toutes ces obligations que tu as dans la vie quotidienne, ou tu les as mais tu n’y penses pas car ton emploi du temps est plein.
Dorian : Tu laisses tes problèmes chez toi.
Elin : Oui (rires), tu les laisses chez toi. Tu fais de la musique tous les jours donc tu n’as pas à penser à toutes ces merdes (rires), donc je profite de la tournée.
Dorian : Oui, parce que nous faisons ce que nous aimons faire.
Comment va évoluer votre musique maintenant ?
Dorian : Avec cet album, je pense que nous sommes sur une sorte de vague, nous avons davantage trouvé nos propres sons, et je pense que nous gardons toujours cette capacité d’expérimentation.
Elin : Oui, je pense qu’il est important pour les musiciens du groupe de ne jamais sentir qu’ils ne peuvent pas développer leur musique ou qu’ils ne peuvent pas trouver leurs influences. Pourquoi j’aime jouer avec ces gars-là ? Parce qu’ils essayent toujours de devenir meilleur et d’aller plus loin. Il y a tellement de styles musicaux différents dont nous ignorions l’existence. Nous ne serons jamais rassasiés d’essayer d’évoluer et d’expérimenter.
Quand sortira le prochain clip ?
Elin : Le premier clip sort le 5 ou le 4 ? (rires)
Dorian : Le 3, non ? Entre le 3 et le 5 juin. (rires)
Elin : Oui, ça va être “Lady In Gold” et je vais jouer le personnage.
Terminons avec notre question traditionnelle : notre média s’appelle “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock votre life ?
Elin : La musique !
Dorian : La musique aussi !
Site web : bluespills.eu