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DEAF HAVANA (13/05/22)

English version

Échange à cœur ouvert avec les frangins James Veck-Gilodi et Matthew Veck-Gilodi de Deaf Havana à propos du nouvel album The Present Is A Foreign Land.

Les dernières années ont été difficiles pour vous, en tant que groupe et en tant qu’individus. Vous avez failli vous séparer en 2020. Aviez-vous un plan de secours en cas de rupture pour le groupe ?

James Veck-Gilodi : Personnellement, je n’avais pas de plan de secours, je n’avais aucune idée de ce que je faisais. Je m’en fichais même à un moment donné !

Matthew Veck-Gilodi : Je n’avais pas de plan B non plus, vraiment rien.

James Veck-Gilodi : J’avais quelques petites choses à faire : j’écrivais de la musique et je travaillais dans un studio dans le nord, mais ce n’était pas comme si je pouvais en vivre.

Vous n’aviez pas d’autre choix que de repartir ensemble.

Matthew Veck-Gilodi : Je ne sais pas. Ce n’était pas comme cela. C’était probablement naturel de reprendre le groupe.

James Veck-Gilodi : Nous ne l’avons pas fait à cause de cela.

C’était comme si c’était LA chose à faire que de reprendre ensemble le groupe.

James Veck-Gilodi : Oui, exactement.

Vous avez combattu vos démons pendant cette période, alors notre question est : comment allez-vous maintenant ?

James Veck-Gilodi : Un peu mieux. Cela va et cela vient. Parfois cela va et parfois non. Mais je vais mieux, vraiment, je pense.

Votre nouveau disque The Present is A Foreign Land sort le 15 juillet. Pouvez-vous nous en parler ?

James Veck-Gilodi : Évidemment, quand nous avons commencé à enregistrer, nous n’avions pas l’intention de faire un album entier.

Matthew Veck-Gilodi : Nous avions une chanson et elle est rapidement devenue deux, trois, quatre cinq… Douze chansons.

James Veck-Gilodi : C’était tout à fait naturel car nous n’avions pas l’intention de faire un nouvel album. Nous allions juste faire une chanson, la sortir et annoncer la fin du groupe. Mais nous avons fini, juste moi et Matty, par écrire des chansons. En trois semaines environ, nous avions plein de chansons et même à ce moment-là, nous nous posions des questions sur leur sortie. Mais ensuite, nous avons pensé que nous pouvions simplement continuer car cela fonctionnait.

Les thèmes de l’album sont essentiellement ce que nous avons traversé ces dernières années : se sentir aliéné, ne pas savoir quelle est notre place dans le monde.

Matthew Veck-Gilodi : L’aliénation quotidienne serait le thème principal. Le processus d’écriture de cet album a été un processus fou parce qu’il est sorti de nulle part pour nous.

Passer de l’écriture de quelques chansons à l’enregistrement d’un album à l’improviste signifiait que vous aviez moins de pression que par le passé ?

James Veck-Gilodi : Exactement. Nous n’avions aucune pression car nous n’avions pas de calendrier ni de restriction.

Matthew Veck-Gilodi : Personne ne nous attendait ni ne le savait.

James Veck-Gilodi : Personne n’était au courant pendant les six premiers mois, nous avions donc toute liberté de faire ce que nous voulions. Je pense que c’est aussi la raison pour laquelle cela s’est passé si rapidement parce qu’il n’y avait pas d’impératif de calendrier.

Nous avons travaillé avec Mike Horner qui est un gars vraiment sympa. Il n’y avait pas de pression. C’était une atmosphère complètement différente de ce que nous avions pu avoir avant. Nous n’avions pas l’impression de travailler, mais nous avons travaillé plus dur que jamais que sur les autres disques.
L’organisation était très différente : on se levait, on travaillait toute la journée et on terminait la séance vers 9h. C’était naturel et organique.

Matthew Veck-Gilodi : C’était le plus productif et le moins stressant, ce qui est super. C’était révélateur de voir qu’on pouvait travailler comme ça et ne pas être stressé.


Parlons du single “Kids” qui est sorti récemment. Pouvez-vous nous parler de la chanson et de la vidéo ?

James Veck-Gilodi : J’ai l’idée de cette chanson depuis des années, je pense depuis huit ans. Je ne pouvais jamais finir cette chanson jusqu’à maintenant. Il y avait toujours ce morceau qui ne trouvait pas sa place dans nos albums. Nous avons essayé de travailler dessus à nouveau pour notre précédent album Rituals et cela n’a pas fonctionné, alors nous avons simplement abandonné.

La démo de cette chanson sonnait beaucoup plus rock.

En studio, c’était l’une des dernières chansons sur lesquelles nous avons travaillé et nous avons réalisé que nous avions déjà assez de chansons rock. C’est pourquoi nous avons changé complètement la chanson et il y a du synthé dedans.

C’est devenu l’une de nos chansons préférées de l’album.

Pour la vidéo, nous avons eu énormément de personnes qui ont travaillé sur la première mouture que c’était bizarre. Lorsque nous avons reçu la vidéo finale, elle n’avait pas l’air très bien et ce n’était pas ce que nous voulions. Nous avons donc décidé de faire venir notre ami John qui est vidéaste et un autre ami, donc il y a eu littéralement deux personnes qui ont bossé sur la vidéo.

C’était très simple : ils ont utilisé une caméra merdique des années 90 et nous avons juste joué la chanson quatre ou cinq fois et c’était tout.

C’est probablement ma vidéo préférée que nous ayons jamais diffusée parce qu’elle est si simple.

Matthew Veck-Gilodi : John le vidéaste est un de nos amis depuis un moment donc il a vraiment compris ce que nous voulions. Il a apporté plus à cette chanson qu’une simple vidéo random.

James Veck-Gilodi : Le sentiment que nous avions avec la première vidéo était que nous faisions juste une vidéo pour le plaisir.

James, tu as dit que l’idée de “Kids” était restée au fond d’un tiroir pendant huit ans. Est-ce quelque chose qui t’arrive souvent, revenir à des morceaux de chansons qui n’ont pas été terminés ?

James Veck-Gilodi : Oui, mais pas intentionnellement. Je n’écris pas des choses avec l’idée de les mettre de côté et d’y revenir plus tard. C’est arrivé plusieurs fois sur cet album.


Comment vos influences musicales ont évolué au cours des dernières années ?

James Veck-Gilodi : J’ai juste arrêté d’écouter de la musique. Je n’écoute plus vraiment de musique, ce qui n’est probablement pas une bonne chose quand ton travail consiste à écrire de la musique !

Quand nous avons arrêté de nous parler car c’était une période négative, cela a eu un peu cet effet sur moi. Je ne voulais pas du tout écouter de musique, alors j’ai abandonné. Je ne pense pas vraiment que mes influences aient changé. J’ai toujours tout aimé, j’aime tout type de musique : la très mauvaise pop, le heavy metal. J’aime tout, à part peut-être l’opéra et la musique classique.

J’écoute juste moins de musique maintenant.

Matthew Veck-Gilodi : Je pense que c’est le fait de vieillir.

James Veck-Gilodi : Je ne pense pas. J’espère que c’est une phase, mais en ce moment je peux passer des jours sans écouter de chansons, ce qui est bizarre pour moi.

Tu ne ressens pas le besoin d’en écouter ?

James Veck-Gilodi : Pas vraiment.

Depuis Rituals en 2018, vous avez traversé beaucoup de choses, surtout les uns avec les autres. Êtes-vous revenus plus fort de tout ce temps à part ? Et vos retrouvailles ont-elles eu une influence sur la musique que vous avez écrite pour le nouvel album ?

Matthew Veck-Gilodi : Oui, certainement. Je sens que notre relation est plus forte, je me sens plus solidaire de James et lui de moi que nous ne l’avons été auparavant.

James Veck-Gilodi : On ne s’est jamais vraiment disputé avant tout cela, cela a toujours été assez fluide. Lorsque vous ne parlez pas à quelqu’un pendant longtemps, vous réalisez ce qu’il représente pour vous.

Matthew Veck-Gilodi : La distance peut donner une nouvelle perspective.

Tout cela s’est passé aussi pendant la pandémie. Comment avez-vous vécu cette période ?

James Veck-Gilodi : C’était une mauvaise période pour tout le monde et personne ne s’attendait à être dans cette situation. Mais pour nous, comme nous n’avons pas d’emplois conventionnels, être à l’écart des autres pendant des jours, c’était bien.

Matthew Veck-Gilodi : Pour moi aussi. James et moi avons grandi loin des villes, à la campagne ou dans de petits villages. Nous avons grandi habitués à l’ennui. Évidemment, c’était bizarre. Mais quand j’ai parlé à certains de mes amis qui luttaient contre l’ennui, pour moi, c’était tout simplement normal parce que c’était comme quand on était gamins.

James Veck-Gilodi : Pareil pour moi. Bien sûr, c’était bizarre de ne pas jouer de concerts, mais je me suis adapté. Ce que je fais, c’est m’asseoir devant mon ordinateur et faire de la musique donc cela ne change rien pour moi. Je déteste les autres ! (rires) Non, je plaisante. Blague à part, cela n’a pas changé grand-chose pour moi.


“On The Wire” est le nouveau single qui vient de sortir. Pouvez-vous expliquer les thèmes qui l’entourent et en dire plus sur la vidéo que vous avez réalisée ?

James Veck-Gilodi : La vidéo est réalisée encore une fois par notre ami John. Il a loué un espace avec un mur vidéo sympa pour cela. C’est une vidéo très simple mais nous n’avions pas besoin de faire une vidéo énorme, et nous n’avions pas le budget pour cela. (rires) Nous voulions la rendre aussi bien que possible avec l’argent que nous avions investi.

Cette chanson est probablement la plus grande chanson que nous ayons jamais écrite.

Matthew Veck-Gilodi : Si tu l’écoutes encore et encore, cela devient tellement accrocheur que cela en devient ennuyeux.

James Veck-Gilodi : Quand nous l’avons écrit, je pense que nous avons réalisé que ce serait probablement le single principal de l’album et je pense que c’est mieux que n’importe quelle chanson que nous ayons jamais sortie. Croisons les doigts pour qu’il nous permette de devenir plus gros et de voyager plus. Notre objectif principal est d’avoir plus de fans dans différents pays comme l’Allemagne ou la France.

J’en ai marre de cette chanson maintenant parce que je l’ai entendue tellement de fois, mais j’espère que ce sera la plus grande chanson du disque.


Que pouvons-nous attendre du nouveau disque sur le plan sonore ?

James Veck-Gilodi : Les trois premières chansons que nous avons sorties étaient très différentes les unes des autres. Je ne sais même pas comment décrire certaines des chansons qui sont sur le disque.

Comme nous n’avions pas de label nous disant à quoi l’album devait ressembler, nous avons juste fait ce que nous voulions. Il y a une grande variété de genres musicaux sur l’album : il y a quelques chansons rock, des chansons plus pop, des chansons bizarres dont je ne sais même pas ce qu’elles sont. Mais dans l’ensemble, je pense que c’est le meilleur album et le plus diversifié que nous avons jamais écrit et sorti.

Matthew Veck-Gilodi : Absolument oui.

James Veck-Gilodi : Cela ressemble à un mélange de tous nos albums précédents en un seul album, mais en mieux.

Matthew Veck-Gilodi : Je suis d’accord.

Dernier point mais non le moindre : nous sommes RockUrLife, alors qu’est-ce qui rock votre life ?

Matthew Veck-Gilodi : Probablement mon chat ! Elle est super. Mon chat et la nourriture sont probablement ce qui rock ma life.

James Veck-Gilodi : Probablement cuisiner et manger.


Site web : deafhavana.com

Laura Navarre
J'ai annoncé à mes parents à 16 ans que mon objectif professionnel était de produire la prochaine tournée de U2.