A l’occasion du concert complet à La Maroquinerie, RockUrLife est allé échanger quelques mots avec Matt Donnelly, batteur de Don Broco, à propos de la folle année que le groupe vient de vivre et ses espoirs pour 2019.
Vous venez de sortir une nouvelle chanson, “Half Man, Half God”, vous avez passé l’année sur la route après la sortie de “Technology“, rien ne vous arrête ! Qu’est-ce que vous attendez de plus en 2019 ?
Matt Donnelly (batterie) : Déjà ce que je peux dire c’est que nous n’allons pas nous arrêter de si tôt ! C’était une année folle et nous sommes vraiment fiers de “Technology”. Et quand une opportunité de tournée se présente, surtout dans un endroit où nous ne sommes jamais allés auparavant, on ne peut pas refuser. Donc nous avons passé quasiment toute l’année à tourner, dans la consternation de nos familles et copines ! (rires)
Dès qu’une opportunité se présente, vous acceptez. Est-ce votre façon de procéder ?
Matt : C’est ça ! Et nous avons pu voir tellement d’endroits incroyables ! On n’avait jamais tourné aux Etats-Unis auparavant et nous y sommes allés quatre fois en dix-huit mois. On a vraiment l’impression que quelque chose de nouveau commence là-bas.
Un genre de percée ?
Matt : Oui, je l’espère. On n’a encore jamais fait notre propre tournée, ça a toujours été en première partie d’autres artistes, avec Our Last Night, State Champs. On n’en a aussi fait une avec Mike Shinoda et enfin le dernier Warped Tour. On travaille dur, et nous avons les plus gros concerts de notre carrière qui arrivent. Et c’est ce qui nous a amené à sortir une nouvelle chanson, on voulait jouer quelque chose de nouveau. Ça fait déjà un an que nous avons sorti “Technology.” On a écrit “Half Man, Half God”, dans le tourbus, ce qu’on n’avait jamais réussi à faire auparavant. On a profité de certains trous dans notre emploi du temps pour rentrer chez nous et l’enregistrer. Puis nous sommes retournés aux Etats-Unis, et il y a eu la saison des festivals. L’année était déjà passée !
Vous mélangez encore les genres dans cette nouvelle chanson. On a encore une fois de la difficulté à vous décrire. Comment décririez-vous votre groupe ?
Matt : J’ai abandonné ! On s’ennuie vite, donc on n’a jamais voulu faire les mêmes chansons deux fois. On a beaucoup d’influences différentes. On aime beaucoup de style différents, dépendamment de comment on se sent.
Quoi comme styles ?
Matt : On aime un peu de tout : on écoute de la pop, du R’n’B, du rock, du heavy metal depuis que nous sommes très jeunes. Je ne sais pas comment le décrire, mais quand on a du temps pour écrire un peu, surtout quand on n’a pas de pression niveau temps, on reprend ce qu’on entend, les mêmes paroles, les mêmes accords et on essaye de leur donner un nouveau souffle. C’est comme ces gens qui font des covers de dingue. Nous on veut faire ça au niveau original, et on essaye : est-ce qu’il faudrait mieux le faire de cette façon-ci ? Ou celle-là ? On prend juste du plaisir à explorer !
Tu parles de pression du temps, et vous semblez très libres dans cette création. Est-ce vraiment le cas ?
Matt : L’étape la plus effrayante de notre carrière a été celle de notre deuxième album, “Automatic” (2015). Parce que le premier était plus punk, rock. Mais nous avons décidé d’essayer quelque chose de plus lisse, qui sonne comme de la pop d’ado. Et c’était la première fois que nos fans, cette plus petite fanbase que nous avions à l’époque, étaient confrontés à un si gros changement. Mais c’était un risque, et il a payé. Tout le monde a bien reçu cet album finalement, et ça nous a motivé depuis à nous essayer à d’autres styles musicaux. Donc je pense que nous sommes vraiment libres sur ce point, parce que nos fans savent que ça fait partie du deal : si tu es fan de Don Broco, tu dois t’attendre à une grande variété d’albums.
Oui, mais “Automatic” était un album très pop. Avant ça, vous faisiez de la musique plus heavy; et désormais avec “Technology” vous retournez à cette vibe.
Matt : Si je devais décrire “Technology”, je l’expliquerai comme à mes grands quand ils me demandent à quoi notre musique ressemble : “C’est un peu comme Muse, les Red Hot Chili Peppers, Biffy Clyro.”
Vous n’avez finalement pas suivi le chemin de la pop. Vous êtes revenus à quelque chose de plus rock. Est-ce que ça s’explique par votre changement de Label (de Sony à Sharptone Records) ?
Matt : Je ne dirai pas ça : C’est vraiment une bonne chose d’avoir passé du temps dans une major et c’était le moment pour nous d’avoir une approche différente. Sharptone, c’est plus indie, ils nous donnent plus de liberté. Et ce n’est pas vrai de dire que Sony ne le faisait pas : ils ne nous ont jamais dit quoi écrire. C’était plus restrictif sur la manière dont on devait sortir nos nouvelles chansons et quand. Désormais, avec Sharptone Records, comme avec “Half Man, Half God”, par exemple, elle n’a pas été enregistrée il y a très longtemps. On a la flexibilité de pouvoir sortir nos nouvelles chansons bien plus vites.
N’avez-vous pas de deadlines à suivre avec Sharptone Records ?
Matt : On n’a pas besoin d’atteindre un certain quota de chanson avant d’être autorisés à en produire de nouvelles. Donc c’est bien, et ça arrive à un moment où on venait de tourner avec “Automatic”. Ce qu’on a compris avec le temps, c’est qu’on pouvait changer des arrangements sur notre musique, pour qu’elle soit encore mieux en live : des plus gros drops, plus d’attente. Et comme ça a été l’album qui nous a emmené dans le monde entier, c’était la première fois qu’on tournait en dehors du Royaume-Uni, devant différentes audiences et on a compris ce qui fonctionnait vraiment pour notre musique. Donc au moment d’écrire “Technology”, on s’est servi de cette connaissance en studio. Je pense que le meilleur dans notre groupe, c’est le live. On n’a jamais été les chouchous des médias ni de la radio. On se focalise sur ce qui fonctionne sur scène. On est retourné en studio, et on a voulu mettre dans “Technology” ce qui allait plaire aux gens, ce qui allait les faire sauter, leur faire bouger la tête et chanter.
Dans cet album “Technology”, vous critiquez beaucoup les réseaux sociaux, mais pourtant vous les utilisez aussi beaucoup, pour promouvoir vos tournées, partager vos nouveaux sons mais aussi échanger avec vos fans. N’est-ce pas un peu paradoxal ?
Matt : Ça l’est ! Mais cet album est plus une observation qu’une critique. Je ne décrirais pas “Technology” comme un manuel d’instructions qui te dit comment utiliser les réseaux sociaux. On mentionne juste le fait qu’on est tous pleinement dans ces réseaux sociaux. Et je pense qu’il n’y a pas de retour en arrière possible. No vies sont tellement entrelacées, pas seulement avec les réseaux sociaux, mais avec les nouvelles technologies en général. La première chose que tu fais en te réveillant, c’est de regarder ton téléphone et c’est probablement la dernière chose que tu fais en allant te coucher. On est tous connectés, ça n’a jamais été aussi facile d’accéder et d’utiliser une information. Et cet album se définit plus comme une discussion : Est-ce qu’il y a un coût à cette connexion ? Elle a forcément des avantages, mais je pense qu’elle a forcément un coût sur la santé mentale des gens, leur anxiété. Il y a beaucoup de chose à considérer dans le débat. On apprécie le monde dans lequel on vit, et on a besoin de ces technologies. C’est comme par exemple quand tu as un problème avec le système politique : Tu dois quand même vivre dedans, tu dois essayer de la changer de l’intérieur. C’est un outil incroyable, mais on a besoin d’apprendre comment s’en servir.
Quelle est votre sentiment à propos de ce succès que vous apporte “Technology” ? On a parlé de cette percée que vous vivez actuellement aux Etats-Unis. Vous remplissez les plus grosses salles de votre carrière la semaine prochaine, est-ce que vous arrivez à garder les pieds sur terre ?
Matt : On a fait notre premier concert en 2009, ce n’est pas une vraiment un succès qui est arrivé du jour au lendemain. Je pense que ce qui tourne à notre avantage, c’est que nous avons fait tout ça graduellement. On a commencé comme n’importe quel groupe : on a acheté un van, on prenait la route et on dormait par terre. Donc toutes les étapes importantes ont été des petits pas. Et c’est ce qui nous a gardé ensemble, unis. Je ne pense pas que ça nous montera un jour à la tête. On ne s’est jamais identifié à ces gens qui se réveillent un jour, bien plus gros que ce qu’ils n’ont jamais été. Si tu dois travailler dur pour chaque petit succès, tu apprécies ta situation.
Dernière question : comment vous sentez-vous avant de jouer à Wembley la semaine prochaine ?
Matt : C’est fou, je n’aurais pas pu imaginer jouer là-bas un jour. Quand on était jeune et qu’on a commencé à jouer en groupe, c’était un rêve irréalisable. J’ai souvent vu des groupes à Brixton à Londres, qui doit faire cinq mille personnes. Je pouvais m’imaginer sur scène, et je me disais : “Je veux faire ça” et finalement, on l’a fait ! Mais c’était graduel. Je n’ai jamais imaginé jouer dans des arenas, donc c’est clairement une nouvelle étape.
Qu’est-ce que vous pouvez imaginer de plus après ça ?
Matt : La prochaine chose va être de penser au prochain album et on va prendre du temps en 2019 pour l’écrire, certainement cet été entre les festivals. Et il va y avoir de nouveaux titres cette année. Et ensuite, je ne suis pas vraiment sûr. J’aime croire qu’on peut commencer à jouer dans de plus grandes salles en Europe et aux Etats-Unis, où on n’a jamais fait de tournées en tête d’affiche. Donc plus de tournées, plus de salles comme celles du Royaume-Uni, ça serait super.
Est-ce que vous savez où est-ce que vous allez enregistrer le prochain album ?
Matt : Pas encore, s’il y a des producteurs qui nous écoutent, nous sommes intéressés !
Site web : donbroco.com