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DROPKICK MURPHYS (07/09/22)

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Dropkick Murphys redonne vie au combat de Woody Guthrie à travers son nouvel album This Machine Still Kills Fascists. Une prise de position très politique sur laquelle il était nécessaire d’échanger avec le frontman Ken Casey.

La dernière fois que nous vous avons vu France vous étiez au Hellfest puis de passage aux Arènes de Nîmes, comment cela s’est passé ?

Ken Casey (chant) : C’était magnifique. Je ne savais pas que quelque chose comme cela existait en France. C’était une telle opportunité de jouer là-bas. Et le concert était très fun. En fait, nous y avons tourné une partie d’un clip vidéo pour notre prochain album. Nous avons utilisé certaines séquences du Hellfest pour un clip, et d’autres de Nîmes pour le nouveau single “All You Fonies”.


Ce nouveau disque s’intitule This Machine Still Kills Fascists, c’est une phrase que Woody Guthrie avait écrite sur sa guitare. Pourriez-vous présenter M. Guthrie au public français ? Car il n’est pas très connu en France.

Ken : Woody Guthrie était un célèbre auteur-compositeur américain. Sa chanson “This Land Is Your Land” était en quelque sorte l’hymne national du peuple. Pas l’hymne du gouvernement, mais celui du peuple. Il était un ardent défenseur de l’équité et des droits des travailleurs. Une voix puissante pour les personnes défavorisées. Il parlait de la cupidité des entreprises et de beaucoup de choses antifascistes. Aujourd’hui, en Amérique, les tendances fascistes sont en hausse. La cupidité des entreprises est à son comble, les riches sont devenus beaucoup plus riches. La différence entre les riches et les pauvres s’accroît depuis la pandémie. Les chansons qu’il a écrites il y a 80/90 ans sont très pertinentes aujourd’hui.

Lorsque vous écoutez les paroles, il est presque douloureux d’entendre à quel point elles sont encore pertinentes.

Ken : Je pense que la plupart des artistes aimeraient savoir que leurs mots sont pertinents toutes ces années plus tard. Mais je pense que Woody préférerait que ce ne soit pas le cas.


Vous avez dépouillé les parties instrumentales de cet album, pour mettre l’accent sur les paroles. Tout est une question de rythmes et de voix. Vouliez-vous faire quelque chose de différent avec cet album ?

Ken : Pendant toutes ces années, nous voulions faire quelque chose de différent et nous voulions mettre notre voix au premier plan. Nous voulions aussi nous mettre au défi. Nous voulions que ce disque soit puissant, mais c’est plus difficile de le rendre puissant lorsque la musique est minimaliste. C’était un véritable challenge pour nous. C’était aussi très amusant. Nous avons enregistré vingt chansons, donc il y a aussi un volume deux. Mais vous verrez que lorsque nous sortirons notre prochain album de Dropkick Murphys, en réaction à tout cela, ce sera un album très rapide et très heavy. C’est agréable de pouvoir faire autant de choses différentes.

Vous avez également fait un travail spécial avec votre voix. Comme sur “Ten Times More”, vous avez utilisé beaucoup de voix pour que cela sonne comme s’il y avait tout une troupe.

Ken : C’est plus comme un chant. C’est une métaphore de toutes les voix dont nous avons besoin. Parce que nous avons vraiment besoin de toutes les voix que nous pouvons faire entendre. C’est juste nous tous du groupe, dans une pièce avec beaucoup de réverbération. C’est un gros son naturel, mais on dirait que nous sommes plus nombreux. En fait, nous n’étions que sept ou huit dans la pièce avec notre technicien de guitare. Mais cela sonne comme s’il y avait une centaine de personnes.

On dirait que vous êtes une bande de soldats, essayant de faire en sorte que le monde s’arrête.

Ken : C’est exactement ce que nous essayons de faire.


Le disque n’est pas seulement un concentré de colère, de rage et de résignation. Il y a un côté plus tendre, comme avec la chanson avec Nikki Lane.

Ken : Je pense que c’est important, que si vous voulez rendre une chanson comme “Ten Times More” puissante, vous devez avoir d’autres chansons qui sont exactement le contraire. Si vous avez dix chansons où tout le monde ne fait que piétiner et crier, alors aucune d’entre elles ne va être une claque. Il y a un besoin de variation.

Comment vous est venue l’idée d’amener Nikki Lane sur cette chanson ?

Ken : Nous savions que les paroles étaient écrites pour un duo. Nous avions donc besoin d’apporter une voix féminine dessus. De toute évidence, tout l’album est construit autour d’un sentiment très américain. Il nous fallait une personne qui représente cette Amérique profonde. Nous avons pensé à Nikki, nous l’avons invitée et nous sommes très heureux qu’elle ait dit oui.

© Emanuela Giurano


La dernière chanson est un duo avec Woody Guthrie lui-même. Comment avez-vous réussi cette petite prouesse ?

Ken : Nous sommes tombés sur un enregistrement très rare de lui. Woody était considéré comme un militant politique si important que le gouvernement a voulu l’enregistrer lors d’un congrès de bibliothécaires. Ils l’ont invité, ils voulaient avoir certains de ses disques, juste pour des raisons historiques. C’est une chanson très rare. Je me suis juste dit qu’un jour “hey, ce ne serait pas fun de jouer cela ?“. Nous n’avons même pas pensé à le mettre sur l’album. Puis je me suis dit que ce serait bien de jouer avec Woody. Nous avons donc joué pour accompagner l’enregistrement original de Woody, qui chantait et jouait avec sa guitare. Je me suis laissé porter pour poser ma voix et le résultat semblait être une façon parfaite de terminer le disque. C’était presque comme le ramener à la vie.

Vous avez travaillé en étroite collaboration avec sa fille Nora. Comment a-t-elle réagi quand elle a entendu la chanson ?

Ken : Nora a été formidable avec Dropkick Murphys. Elle a été très élogieuse de tout ce que nous avons fait. Elle aime particulièrement ce que nous avons fait avec cette chanson. Pas seulement parce qu’elle pouvait entendre son père chanter sur l’album, mais parce que nous avions son fils Paul qui jouait et chantait avec nous sur le morceau. Il jouait de la guitare et chantait avec nous. Être en studio, jouer et chanter les paroles de Woody avec le petit-fils de Woody… cela nous a donné la chair de poule.

Comment cela s’est passé pour toi de chanter sans to co-chanteur, des mots que tu n’avais pas écrits ?

Ken : Je me sens très connecté à ces paroles. Elles sont très inspirantes pour moi. Le fait qu’elles n’aient jamais été enregistrées auparavant, c’était comme si nous faisions quelque chose de plus important que simplement faire de la musique. Nous aidions à apporter un peu d’histoire au monde. Son message est quelque chose avec lequel je suis tout à fait d’accord, à un tel point que je n’ai pas l’impression que ce ne sont pas mes mots. C’est tellement personnel, que parfois j’oublie que je ne les ai pas écrits.

© Emanuela Giurano


Après la pandémie, la plupart des groupes essayaient de produire de la musique positive. Votre album ressemble plus à une déclaration politique, qui essaye de nous montrer les conséquences de la pandémie sur les fractures entre les riches et les pauvres.

Ken : Nous devons continuer de nous battre pour pouvoir profiter des bons moments. Si nous ne nous battons plus, il n’y aura plus de bons moments. C’est le message que nous essayons de transmettre.

Tu as fait la une de certains journaux récemment, parce que tu as élevé la voix contre Trump, et c’est devenu assez viral. Quel message essayais-tu faire passer ?

Ken : Tristement, beaucoup de nos fans en Amérique, beaucoup de gens de la classe ouvrière croient aux conspirations et aux mensonges que Trump leur dit. J’ai parfois l’impression que c’est notre responsabilité de dire à notre public qu’il n’a pas besoin de croire aux mensonges. Qu’ils voudront peut-être voir l’autre côté de la médaille. De toute évidence, cette vidéo a fini par être reprise dans le monde entier. La vidéo a été shootée en Pennsylvanie. La façon dont notre système électoral fonctionne fait que la Pennsylvanie est le lieu qui peut faire des perdants ou des gagnants dans l’élection. Le républicain qui se présente au poste de gouverneur en Pennsylvanie est un partisan de Trump et un négationniste. Il a dit que s’il est élu et qu’aux prochaines élections, un démocrate est sur le point de gagner, il renversera à lui seul l’élection. Je pense que le destin de la démocratie américaine peut être entre les mains de celui qui gagne la Pennsylvanie. J’ai pensé qu’il était important de dire la vérité là-bas.

Et pour conclure cette interview, qu’est-ce qui rock ta life, Ken ?

Ken : Le temps que je passe avec les autres gars du groupe devant un public. Il n’y a pas de plus grand bonheur que de jouer devant un public qui vous chante les paroles en retour, qui prend part au concert. Surtout en France, les gens sont très passionnés, nous sommes très reconnaissants envers nos fans ici.

© Emanuela Giurano


Site web : dropkickmurphys.com

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !