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EDGUY (20/03/14)

English version

A l’aube de la sortie du dixième album d’Edguy, RUL s’est entretenu en compagnie de Jens Ludwig et du très charismatique frontman Tobias Sammet !
 

Bonsoir à vous, comment allez-vous ?

Tobias Sammet (chant) : Eh, déjà entendu cette question auparavant. (rires)

Jens Ludwig (guitare) : Ouais.

T: Je vais bien merci.

Votre nouvel album “Space Police: Defenders Of The Crown” va prochainement sortir, fier du résultat ?

T : Totalement. C’est le meilleur album d’Edguy. Je sais bien que tout le monde dit cela à chaque fois qu’un album sort, je ne parle pas des albums d’Edguy (rires) mais je pense en effet que ce nouvel album est excellent, il contient tous les éléments propres à Edguy. Il y a d’excellentes compositions, de très belles performances, la pochette est également géniale et à chacune de mes écoutes, que ce soit chez moi ou dans ma voiture, je l’adore.

J : C’est un tout, il contient tout ce qu’il faut. Et lorsque les groupes affirment que “c’est notre meilleur album” “Vraiment ? Comme les dix précédents” sauf que nous, nous le clamons haut et fort. Sans doute comme toutes les personnes ayant déjà dit cela, mais nous disons toute la vérité et rien que la vérité.
 

Quel concept entoure ce titre ?

T : Il y avait cette idée de “défenseurs de la couronne” c’était à la fois monumental mais également épique et il y a une vibe très heavy metal là-dedans. “Nous sommes les défenseurs de la couronne du heavy metal”, je sais que c’est très cliché dit comme cela mais nous nous sommes dits que, nous sommes un groupe assez étrange, qui fait ses trucs de manières différentes, avec humour etc. mais si tu y regardes de plus près, nous avons toujours été un groupe qui faisait les choses comme il l’entendait, sans prévoir quoique ce soit, en ne pensant pas aux futurs avis de nos fans, s’ils aimeraient ou non. Nous avons toujours accompli ce qui nous semblait être honnête et juste et qui nous plaisait bien évidemment. Et je pense que ça, c’est l’ultime réflexion dans le heavy metal, de penser et agir de la sorte car c’est ce qui théoriquement fait le rock n’roll et le heavy metal, donc “Defenders Of The Crown” c’est comme “qui devrait être les défenseurs de la couronne heavy metal si ce n’est nous ?” donc le premier titre vient de là quant à “Space Police”, nous pensions que cela ne clairement pas heavy metal et que seul Frank Zappa aurait pu nommer un de ses albums ainsi, mais un groupe de heavy metal ? Nous voici ainsi, un noble et brave groupe qui tente ce pari. C’est encore une fois une pensée qui caractérise le heavy metal. Nous avons donc associé les deux.

J : Les sens apportés au travers ces titres sont cool. Cela prend les traits d’un énorme film, comme si c’était le début d’une trilogie, c’est énorme. C’était bien con au départ mais l’idée initiale se révèle être très bonne.

L’album est très solide et plutôt convaincant, quelles furent les idées principales suite à “Age Of The Joker” ?

J : A vrai dire, il n’y avait pas vraiment de ligne directrice. Avant de travailler sur un nouvel album, je pense qu’il n’y a jamais eu d’idée principale comme tu dis sauf “faisons l’album dont nous avons vraiment envie”. Bien évidemment, nous avons fait des albums très différents, mais enregistrer un album est toujours, en quelque sorte, une sorte de document définissant le groupe à une période donnée, ici en 2014 par exemple. De plus, tu ne peux pas vraiment planifier qu’il y aura trois titres speed metal, une ou deux ballades, ça ne marche pas comme ça, tu débutes l’écriture, tu bosses dessus et tu verras bien où cela te mène.

Quelles furent les principales difficultés rencontrées ?

T : C’est tellement négatif… (rires). C’est une approche très négative, ne soit pas si négatif.

J : (rires)

T : Tu penses qu’il est difficile pour nous de composer un album de heavy metal ? (rires) A vrai dire, nous avons bâti cet album assez rapidement, mais ce n’était pas compliqué en soi, nous voulions simplement faire un excellent travail. Nous avons commencé la phase de répétition en septembre et nous avions prévu d’entrer, pour enregistrer, au mois de novembre, soit neuf semaines après en gros. “Ok, essayons de le faire avec ce temps qui nous est imparti, si cela ne marche pas, on reportera l’entrée en studio” mais les choses se sont faites tout naturellement, de manière très appliquée et instinctivement. C’était un véritable challenge que de tenir le temps qui nous était donné, mais je dois dire que ce fut l’une des excellentes choses que nous ayons faite. Nous n’avons pas cherché à réfléchir davantage sur ce qu’on avait fait ou bien de retoucher artificiellement certaines choses ou bien même de refaire des parties qui n’auraient certainement pas valu le coup de changer. En studio, bien évidemment, quelques retouches sont à apporter ici et là mais sachant qu’on ne se répète que rarement, cela fut intéressant à faire. Accepte qui tu es et ce que tu as accompli mais réenregistrer ce que tu as fait par le passé pour maintenir un certain niveau de succès, ce n’est clairement pas une bonne idée. Tu dois toujours apprendre de nouvelles choses, progresser sur certains points, c’était plus de l’ordre des challenges que des difficultés en fait.

Pourriez-vous réitérer ce processus à l’avenir ?

J : Peut-être.

T : Je ne sais pas, nous en prévoyons pas les choses de cette manière. Il est toujours bon de garder un peu de piment lorsque l’on fait quelque chose et de ne pas tout prévoir à l’avance. Avec “Age Of The Joker” par exemple, nous étions à l’opposé du nouvel album. C’était un album très classique, j’étais très impatient à l’idée d’incorporer des sonorités très simples, très naturelles, dynamiques, je voulais un rendu tel que “Last In Line” de Dio, un album bien old school alors que tout le monde temps à jouer de plus en plus fort de nos jours. Je pensais à l’époque que c’était le parfait moment pour parachever un projet pareil alors qu’avec le nouvel album, je ne voulais pas copier quoique ce soit qui avait déjà été fait par nos soins. Avec “Age Of The Joker”, on a sorti un album épuré de tout élément surfait et nous n’avions pas ce sentiment cette fois-ci, nous voulions faire quelque chose de nouveau, sans se poser de question, le processus a suivi son cours et c’est ce que nous voulions, ce que nous sentions au plus profond de nous.

Un mot sur “Love Tyger” ? Pourquoi y a-t-il un “y” à tigre ? Un clin d’oeil au poème de William Blake ?

T : Il n’y a strictement rien à voir avec William Blake, j’ai juste pensé que tigre avec un “y” était plus metal que tigre avec un “i”.

J : (rires)

T : Parce ce qu’il y a déjà eu “Black Tiger” et qu’il y a eu une tonne de tigre dans le metal et le rock mais je ne me souviens pas en avoir vu avec un “y” mis à part Tygers Of Pan Tang (ndlr: un groupe de heavy metal anglais) mais ils sont anglais et aucun groupe allemand n’a utilisé tigre avec un “y” donc “nous allons être les premiers à utiliser un “y” pour tigre” (rires) Cependant, il n’y a aucun rapport entre le titre et les paroles, ce n’est même pas un tigre d’amour, ça peut être un tigre comme un autre voir même ne pas être un tigre (rires). Les paroles traitent du divertissement, l’infatigable envie de divertir et d’être diverti quel que soit son cout, tout comme l’est Edguy. J’ai l’immense envie d’attirer l’attention et de divertir surtout lorsque je suis sur scène. C’est l’unique façon de voir les choses si tu veux divertir c’est pourquoi je n’ai jamais compris ce délire autour du grunge. Je veux dire, Kurt Cobain qui chantait “here we are now entertain us” il se plantait sur toute la ligne, il n’est pas sur scène pour demander au public de le divertir, bien au contraire c’est à lui de divertir la foule, c’était l’un des gros problèmes avec le grunge, du moins je pense, il n’y a pas de réel divertissement, ils sont juste sortis du lit, la tête dans le c*l. Donc le divertissement se doit de divertir, ce qui est logique dit comme ça (rires) et “Love Tyger” est un titre qui comprend du divertissement, “Love Tyger” semble être tiré d’un film porno des années 70’s et je trouve que c’est un fabuleux titre, presque autobiographique.
 

Et quid de “The Realms Of Baba Yaga”. Baba Yaga est un être supranaturel tiré du folklore de l’est de l’Europe, comment avoir pensé à ce personnage pour un titre de cet album ?

T : Il y a un conte de fée russe, dont le film a été réalisé dans les années 60 ou 70, ça n’a pas trop d’importance, c’est un film russe. (rires) Les années 90 peut-être. (rires) Non je ne peux dire cela, je suis désolé, ce n’est pas très sympa de dire ça. En fait, c’est plutôt marrant car Baba Yaga est un personnage féminin alors qu’elle a été interprétée par un homme dans ce film, mais c’est un très charmant film. Je me dois de me rattraper pour la précédente insulte, néanmoins sans cela, je n’aurais jamais écrit à propos de Baba Yaga. C’est un conte destiné aux enfants qui est tout le temps diffusé lors des fêtes de Noel et je me suis retrouvé à le regarder et je l’ai trouvé très intéressant. Ce personnage est une sorcière et j’ai toujours été fasciné par les sorcières ou bien la mythologie et j’ai pensé utiliser celle-ci à travers une métaphore renvoyant à la tentation. C’est une chanson traitant de la tentation de tout ce qui n’est pas bonne pour toi mais que tu ne peux abandonner car elle surpasse, de loin, la raison; c’est ce à quoi fait référence “Realms Of Baba Yaga” : la tentation supérieure à la raison et à toutes ces personnes succombant à la tentation aussi terrible qu’elle soit. Enfin, cela peut également faire référence à l’abus de certaines substances, à l’énergie nucléaire ou bien aux différentes façons de penser et de croire.

Il y a également la reprise de “Rock Me Amadeus”, pourquoi l’avoir mis au centre de l’album ? Sachant que généralement, les reprises se trouvent en fin d’écoute.

J : C’est sans doute la raison pour laquelle nous ne l’avons pas mise à la fin. Au lieu d’avoir l’impression de “ok l’album vient de finir et maintenant il y a une reprise, mais elle ne fait pas vraiment parti de l’album”. Nous ne voulions pas exclure de cette manière ce titre, car elle fait partie intégrante de l’album. A vrai dire, c”était difficile à faire car Tobi avait déjà cette idée depuis un moment, de reprendre Falco, et pour ce nouvel album, il a réitéré son idée et bien que tout le monde fut ok, nous voulions tout de même garder l’option de retirer ce titre si jamais il n’était pas assez bon. On lui a donné une chance et l’essai s’est avéré concluant, donc nous l’avons gardé.

T : La maison de disque voulait la retirer de l’album, parce qu’ils sont… une maison de disques et qu’ils disaient “oh mais ce n’est pas un titre métal”.

J : Ce n’est pas prévisible.

T : “Retirez-la, nous ne savons pas marketer ce type de contenu”, voici comment ils bossent sauf que le groupe ne fonctionne pas comme de la sorte. “Donnons-lui de l’importance” et nous l’avons placé là. Bien évidemment que ce titre n’allait pas être le premier de l’opus, car il est très différent du reste, c’est le premier morceau de rap que nous avons fait, et je pense que ce sera le seul de notre carrière, de plus il est chanté en allemand, ce qui n’est pas très commun il est vrai. Mais c’est un très bon titre et nous avons essayé de garder l’essence du titre original tout en y ajoutant nos signatures; le refrain fait très hard rock et les couplets sont plus ou moins fidèles aux originaux, la batterie est légèrement modifiée aussi. Je pense que ce titre mérite la place qui lui est accordée ici.

A quoi peuvent s’attendre les fans ?

T : Un très bon album. On dit toujours que c’est notre meilleur album etc. ce à quoi nous pensons fortement, mais au bout du compte, c’est les gens qui écouteront l’album qui pourront s’en faire une idée claire. Je suis très confiant avec cet album, qu’ils y jettent un coup d’œil, et je suis sûr que s’ils ont aimé Edguy par le passé, peu importe l’album, ils seront ravis ici car ils y trouveront les éléments qui leurs plaisent dans notre musique. C’est un très bon Edguy, il a tout ce qu’il faut, mais les fans devront d’abord l’écouter !

J : Comme l’a dit Tobias, je pense que si les gens aiment ou non l’album, cela leur incombe. Nous nous sommes investis à 100% derrière ce nouvel album, c’est l’album que nous voulions faire, nous l’avons fait et apprécié et nous espérons que les auditeurs en feront de même.

De nos jours, est-il plus difficile de faire et enregistrer des albums ?

T : Nous avons la chance de pouvoir le faire de manière optimale, il n’est pas très compliqué de convaincre un label pour enregistrer un nouvel album d’Edguy, mais cela devient difficile oui. Concernant les jeunes groupes, c’est véritablement un cauchemar, car l’industrie musicale, ils ne soutiennent pas vraiment la musique, ils t’enc*lent avec des CDs à 17€ et tout plein de choses, mais ce n’est pas l’industrie musicale en elle-même qui se fait avoir, ce sont les personnes qui travaillent pour des magazines, qui sont rémunérés grâce aux publicités, destinées à promouvoir des albums, qui par la suite devront se vérifier sur les ventes. Ce sont des pères de famille qui se cassent la tête pour pouvoir marketer correctement un album, l’illustrateur veut être payé, le photographe aussi, le producteur aussi, le groupe également. Ces personnes ne sont pas avides, elles ne veulent pas acheter une nouvelle Ferrari, les gens ont oublié tout le processus qui mène à la création d’un album, sans parler du cout total, j’aimerais tellement que les gens soient plus conscient de cela, veulent-ils acheter l’album ou pas ? Soyez plus conscient, c’est certainement plus difficile oui.
 

Quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes groupes en quête de succès ?

J : De manière générale, ils ne devraient pas trop prêter oreille aux gens de l’extérieur. Restez fidèle à votre pensée, à votre idée, en quoi vous croyez et bien sûr, il faudra travailler énormément dessus, mais à partir du moment où tu crois en toi, en ta personne, il y a toujours la possibilité de réussir.

Un petit mot pour vos nombreux fans français ?

T : Achetez l’album ! (rires) Car je vous expliqué ce qui arriverait si nous ne vendons pas d’albums. (rires)

J : Aussi, si vous n’achetez pas l’album, vous allez paraitre bien stupide durant nos concerts. Lorsque le public devra chanter, vous serez là, debout, la bouche ouverte et nous ne saurait pas quoi faire. (rires) Ce sera très inconfortable pour vous, donc vous avez plus intérêt à l’acheter histoire d’apprendre les paroles inscrites dans le livret.

Enfin, nous sommes “RockUrLife” donc qu’est ce qui rock vos “life” ?

J : Mis à part le groupe, ma famille.

T : C’est un geek ! Sex drugs et ! (rires) Qu’est-ce qui rocks ma life ? C’est la musique, musique, musique, musique, musique, musique, musique, musique. Uniquement la musique. A vrai dire pas seulement la  musique mais la musique aussi.

 

 

Site web : edguy.net