À l’occasion de la sortie de leur deuxième album “The Dance Between Extremes”, RockUrLife a échangé avec Theo van der Loo et Jonathan Dörr de Ego Kill Talent. Devant initialement sortir pendant une tournée avec Metallica, les deux membres du quintette brésilien rock sont revenus sur la situation mondiale, les changements intervenus sur la sortie du disque et leur vie de groupe.
Theo van der Loo (basse) : Hey salut ! Ravi de te rencontrer.
Salut ! Ravi également.
Theo : Jonathan doit nous rejoindre ! Il a un peu de retard, c’est notre première interview de la journée, on en a quinze à la suite !
Longue journée donc ! Courage à vous deux.
Theo : Merci ! Oui. Je te préviens, je connais Jonathan depuis de nombreuses années, il doit être en retard, car il doit être en train de préparer son café ou sous la douche ou juste en retard ! (rires)
Aucun souci.
Theo : Si je devais parier, je dirais le café ! Une énorme tasse pour tenir au moins cinq interviews. (rires) Les chanteurs sont toujours ceux qui posent problème ! Je propose qu’on commence, il nous rejoindra en cours de route si cela te convient.
Oui bien sûr ! Allons-y. Commençons par simple, comment vas-tu ?
Theo : Bien. Première interview sur seize, ce qui est bien, car il faut parler de cet album ! Donc je vais bien, j’ai juste qu’un seul regret c’est de ne pas pouvoir être en tournée actuellement.
Cette prochaine question, on finit par la poser autant que notre dernière. Peux-tu nous dire comment la COVID-19 a impacté ta vie ?
Theo : C’est une situation complètement folle, au début on, et quand je dis “on”, je parle du monde. On ne se rendait pas compte de l’ampleur qu’allait prendre cette situation et à chaque fois on revoyait nos attentes à plus tard, d’abord six mois, puis un an. Et aujourd’hui on est juste incapable de se projeter. Et maintenant les infections n’arrêtent pas d’augmenter et l’on est de plus en plus à connaître quelqu’un qui est mort de la COVID, ou quelqu’un de notre entourage. Et lorsque cela m’est arrivé, c’est là que je me suis rendu compte que : “merde, cette chose est réelle et c’est très mauvais”. J’ai donc fait mon maximum pour garder une bonne santé mentale et celle de mon entourage. On s’est aussi beaucoup plus concentré sur la sortie de l’album, car en ce moment on devrait être en train de faire une tournée avec Metallica pour promouvoir sa sortie. Et quand tout a été annulé, on a totalement repensé la sortie et la stratégie de promotion de l’album. Et encore, nous nous avons de la chance, d’autres personnes deviennent complètement folles avec cette situation et perdent tout et sans aucune perspective. C’était une longue réponse pour ta question, mais elle a au moins permis à Jonathan de nous rejoindre ! (rires)
Salut Jonathan !
Jonathan Dörr (chant) : (en français) Salut ! Ça va ?
Oui merci !
Theo : J’ai dit que tu étais très certainement en train de te faire du café !
Jonathan : Je dois m’en faire ! (rires) Mais j’ai surtout eu des problèmes de connexion, le réseau n’est pas très bon là où je suis.
Question plus générale, et peut être différente pour vous deux. A un mois de la sortie du nouvel album “The Dance Between Extremes” et avec la manière dont il a été construit, comment vous-sentez vous ? On en connaît déjà une bonne partie et les retours sont assez positifs. C’est rassurant.
Theo : Je propose que Jonathan réponde. Il n’a encore répondu à rien. (rires)
Jonathan : Non vas-y, tu sembles plus à l’aise !
Theo : On est évidemment très excité, comme je te l’ai dit plus tôt. On travaille sur cet album depuis si longtemps que l’on approche des deux ans ! Entre son écriture, l’enregistrement à Los Angeles, la pandémie et la sortie initiale, on est dans l’attente depuis si longtemps ! Mais cela y est le bébé va enfin naitre. On est très heureux des retours que l’on reçoit pour l’instant, mais on ne pense qu’à partir en tournée. On y pense chaque jour ! Donc maintenant on ne peut plus attendre d’être en tournée.
Et sans les tournées, et l’album qui a mis de temps à entièrement sortir, comment avez-vous gardé le contact avec les fans ?
Jonathan : On a principalement utilisé les réseaux sociaux. C’était la base pour nous, on a essayé de poster du contenu tous les jours pour garder nos fans en éveil. Je ne sais pas si Théo te l’a dit quand je n’étais pas là, mais nous avons également enregistré plusieurs shows que l’on appelle “live stream” pour les diffuser. Ces lives étaient vraiment ce qu’on a eu de plus proche avec nos fans pour remplacer les tournées. En même temps on a mis en place une newsletter que l’on envoyait dès que quelque chose de nouveau arrivait de notre côté. Les réseaux sociaux ont vraiment été notre meilleur outil pour cela.
Beaucoup de musiciens commencent à se dire que ces lives stream pourraient être la norme pendant encore un certain temps. Pouvez-vous l’imaginer ? Est-ce quelque chose que vous accepteriez ?
Theo : Comme nous l’avons déjà fait, évidemment cela ne nous “dérange” pas. Cela s’était très bien passé, il y avait des milliers de personnes connectés et il y avait un aspect de relâchement et d’évasion pendant ces temps incertains. On en a fait six ou sept pendant l’année et c’est un bon moyen à mon sens de garder la flamme allumée, mais cela ne remplacera jamais la sensation d’être sur scène, de se connecter dans les yeux des fans, ressentir leur énergie. Donc c’est toujours mieux que rien. Mais quand tout cela reprendra, je pense que ce sera une expérience incroyable pour tout le monde, les groupes et le public !
L’album dans sa construction et sa sortie n’est pas banal. Cela a été une sorte de puzzle dans le temps. Mais pourquoi ce choix et cette manière de faire ? La pandémie a-t-elle joué sur le format ?
Theo : Déjà nous avons enregistré avant la pandémie !
Jonathan : Oui on a fini l’album en 2019, toute l’écriture et l’enregistrement bien avant la pandémie.
Theo : D’ailleurs beaucoup de gens pensent que le nom de l’album est venu à cause de la pandémie, mais nous l’avons eu avant.
Jonathan : C’est creepy ! (rires)
Theo : Oui un peu ! Mais tout ce que tu entends sur l’album a été fait avant cette situation. Nous avons travaillé dur pour cet album. Il a changé tous les membres du groupe. C’est notre deuxième album après une tournée mondiale, on a vécu tous ensemble à L.A dans une maison pendant plus de trois mois. C’était une expérience intéressante d’enregistrer cet album.
Mais est-ce qu’avec la pandémie et la sortie de cet album-là, vous faites une pause au niveau créatif ou vous avancez sur déjà de nouvelles musiques ?
Jonathan : On continue d’écrire ! Des nouvelles musiques et en même temps nous prenons le temps de comprendre ce deuxième album. Nous n’avons pas eu la chance de la jouer en live pour l’instant devant les fans. C’est un sentiment vraiment étrange, car on voulait le jouer en live pour sa sortie et en même temps il y a une nécessité d’avancer et donc de créer de nouvelles choses, sans avoir eu de retour sur ce qu’on a déjà fait.
Dans cet album, ce qui est bien c’est qu’on retrouve d’un peu de tout, allant du Aerosmith en passant par Black Sabbath ou les Guns N’ Roses. C’est sur que ces groupes ont eu une influence sur votre musique. Est-ce que ce n’est pas un peu pénible d’être comparé à ces groupes-là ? On vous qualifie souvent de “nouveau ceci, nouveau cela” ou être-vous, au contraire, heureux de ces comparaisons ?
Jonathan : Non au contraire ! Je trouve cela super cool. Quand on me dit que la musique que l’on fait ressemble à du Aerosmith ou du Black Sabbath c’est génial. Ces groupes sont nos héros, on adore écouter leurs musiques et ils nous inspirent dans ce que l’on crée. Bien sûr on essaye de créer notre propre route, notre propre style, notre propre manière d’écrire des chansons. Mais c’est impossible de rester loin des groupes que l’on aime. Tant que ce n’est pas du recyclage ! (rires)
Theo : Et tu sais ce qui est fou aussi, c’est que lorsqu’on écrit une chanson on n’essaye jamais de se dire : “OK, faisons comme ce groupe, ou comme cette musique”. On écrit et c’est après que l’on nous dit : “Hey ! Votre musique me fait penser à ci ou à cela” et c’est incroyable. Tu as mentionné Aerosmith tout à l’heure. Tu es le premier journaliste qui nous compare à eux ! Mais on adore Aerosmith et quand on est en tournée on en écoute énormément. Il y a des stickers dans le van, sur notre matériel ! (rires) Et merci de nous comparer à eux, c’est un super groupe !
C’est sur ! Mais est-ce que peut-être vous vous inspirez un peu des histoires racontées dans ces chansons ? Les mêmes thèmes reviennent souvent et sont similaires d’un groupe à un autre. Où aviez-vous un but précis et une histoire à raconter dans cet album ? Il y a un côté prémonitoire de la pandémie dans certains textes.
Jonathan : On écrit toujours quelque chose de biographique, mais en même temps on parle de beaucoup de choses dans le groupe comme de la philosophie, des trucs d’aliens aussi. (rires) On aime ce genre de choses on fait en suite un condensé de tout cela et on le partage avec nos fans. La partie biographique concerne généralement : “comment résoudre nos problèmes”. Dans un certain sens, on écrit pour nous, afin de trouver un moyen de se libérer de nos douleurs.
Theo : Et j’ai l’impression qu’intérieurement on a tous un peu les mêmes problèmes, notre paix intérieure. Les êtres humains ont des problèmes, ils souffrent, ils sont anxieux, ont des peurs. On passe tous par les mêmes sentiments. Donc même lorsque l’on écrit sur quelque chose de très personnel, il devient personnel pour beaucoup de gens également. Ce qui nous différencie d’un humain à un autre est très superficiel.
Oui c’est certain ! Mais donc si on vous comprends bien, tout le monde dans le groupe travaille sur les textes ?
Jonathan : Oui !
Theo : Oui ! C’est un processus très dynamique. La plupart du temps c’est Jonathan et moi, mais toujours à propos de sujets qui concernent le groupe et dont on parle tous ensemble. Une chose que je trouve que nous faisons bien dans ce groupe (et nous avons tous eu d’autres groupes avant) c’est que quoiqu’il arrive, que cela concerne la musique ou les textes, rien n’arriverait si les cinq membres n’étaient pas impliqués et si cela ne touchait pas chacun d’entre nous. On est un tout, même si j’écris un texte de A à Z il ne fonctionne que si les autres se sentent touchés par celui-ci.
C’est génial comme fonctionnement ! Est-ce que c’est la même chose sur l’aspect visuel ? Par exemple la pochette fait très “Quentin Tarantino” et ses films de cowboy. Rouge, qui saute au visage. Comment cela s’est-il décidé ?
Jonathan : Encore une fois c’est une décision que l’on prend tous. On participe ensemble à la réflexion. De mon côté je voulais quelque chose d’honnête. Une pochette avec le nom de du groupe, qui lui correspond en même temps et que l’on puisse voir de loin. Par contre désolé je perds mes mots il me faut du café. (rires)
Theo : Parle français dans ce cas ! (rires)
Jonathan : (en français) D’accord !
Ah ! Donc tu parles français ?
Jonathan (en français) : Oui, je comprends et je peux en parler un petit peu, mais pas bien !
C’est déjà très bien ! Pour revenir un peu sur l’aspect ressemblance avec les groupes mythiques, comment vous pouvez convaincre les gens de prendre le train “Ego Kill Talent” ? Comment faire pour qu’ils vous écoutent ?
Theo : C’est une excellente question. Je pense que Jonathan à la réponse !
Jonathan : Je ne sais pas. C’est vrai que c’est une bonne question, mais je pense que Kilien à la réponse. (rires)
A vous de me convaincre plutôt. Je ne suis pas encore membre du groupe !
Theo : Justement, je dirais que si tu mets dans un blender des groupes comme Sepultura, Gojira, Aerosmith, Lenny Kravitz, Metallica, Faith No More et tu mixes avec beaucoup de sincérité et de passion, tu obtiens Ego Kill Talent. Donc si cela ne te convainc pas, je ne peux rien pour toi. (rires)
Jonathan : Je suis d’accord !
Dernière question : notre site s’appelle “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock votre life ?
Theo : Le rock n’roll pour sur !
Jonathan : Et être sur scène !
Theo : Oui être sur scène !
Merci beaucoup ! À très vite sur scène dans ce cas.
Jonathan : Merci à toi !
Theo : Oui merci !
Site web : egokilltalent.com