Les Frenchies d’Existance ont finalement sorti leur troisième album Wolf Attack (2021) ! De leur heavy metal traditionnel/old school, les influences sans oublier leur prochaine prestation au Hellfest 2022, le chanteur et guitariste Julian Izard nous dit tout !
Bonjour Julian, comment vas-tu ?
Julian Izard (chant/guitare) : Moi ça va très bien et toi ?
Ça va, c’est ma première interview depuis un moment !
Julian : Cela fait du bien de voir le monde comme il l’est vraiment.
Votre troisième album Wolf Attack (2021) sort en cette fin d’année (ndlr : interview réalisée fin 2021). On dit généralement que le troisième est celui du “tournant” pour un groupe. Comment le sentez-vous ?
Julian : Oui je pense que c’est une nouvelle étape pour nous. Il nous arrive plein de bonnes choses en ce moment, et avec une bonne dynamique. Pour l’album, si on parle de l’album en lui-même, on a pris un nouveau studio d’enregistrement, on a vraiment travaillé sur le son. Je pense que c’est l’album dont on est vraiment le plus fier, le plus content. C’est un album bien abouti en ce qui nous concerne.
Ressentez-vous le fait d’avoir passer un palier entre le deuxième et ce troisième album ?
Julian : Oui, il y une véritable évolution, puis on a une bonne équipe qui est derrière nous maintenant. Donc on continue à faire pas mal de choses par nous-mêmes aussi, et c’est important pour nous. Mais le fait d’être entouré par de bonnes personnes, cela aide aussi le groupe à grandir.
On imagine que la pandémie a forcément impactée vos plans. Du coup entre l’album, l’enregistrement, vous en étiez où en mars 2020 ?
Julian : L’album était fini depuis décembre 2019. On pensait donc le sortir pour septembre 2020. Dans les faits, on a fait que le décaler, le décaler. Car pour nous, un petit groupe comme nous, on ne pouvait pas le sortir et ne pas le jouer, faire de concerts derrière pour le défendre. On était frustré au début parce que quand tu es enfermé chez toi tu ne peux rien faire. Et du coup on a eu l’idée de faire des covers en attendant, pour rendre hommage à nos idoles, les groupes qui nous ont beaucoup influencé. Donc cela nous a vraiment fait du bien, cela nous a permis de garder une connexion avec les gens. C’est de cette manière qu’on a vécu un peu le confinement.
Cela vous a-t-il permis de travailler/préparer davantage vos projets ? D’anticiper certaines choses sachant que sortir l’album n’était plus urgent à l’époque.
Julian : C’était plus compliqué. Car en fait on n’arrivait pas à concrétiser les plans qu’on avait, car on n’avait aucune visibilité sur le niveau de restrictions. Donc même négocier un plan, c’était très complexe, car il nous manquait des éléments que personne ne pouvait avoir. Au final, effectivement, cela nous a permis oui de bosser nos instruments respectifs et moi le chant également.
Comme beaucoup d’autres groupes, vous avez créé pas mal de contenu, surtout vidéo. Quel challenge était-ce ? Votre ressenti vis-à-vis de cette série de reprises que vous avez faites par exemple.
Julian : C’est vrai que c’était un challenge parce qu’on reprend des titres de nos idoles mais aussi parce que parfois c’était difficile. Quand tu es fan, moi par exemple dans Rainbow, je suis fan de Dio, j’adore sa voix mais quand tu as les autres de ton groupe qui te font : “cela serait bien de faire “Kill The King” de Rainbow” “oui c’est cool mais les gars calmez-vous, à la voix c’est chaud” (rires) alors tu te fixes un objectif si tu veux pas décevoir les autres. Donc tu bosses et tu essaies et puis on essaie de faire au mieux, et cela c’était top.
Du coup comment avez-vous sélectionné ces titres-là ? Sachant que certains ne sont quand même pas les plus communs.
Julian : Exact, cela c’était voulu. On souhaitait interpréter des titres qui n’étaient pas beaucoup repris. Vu qu’on adore ces groupes, c’était assez facile de choisir, mais il y a tellement de choix dans leurs discographies, que finalement c’était plus ardu que prévu.
Pour ceux qui ne connaissent pas forcément votre groupe, vous évoluez dans un registre heavy traditionnel/old school. Comment en êtes-vous arrivé vers ce genre plutôt qu’un autre ? De manière naturelle ?
Julian : Comme tu dis, c’était naturel. On a été bercé dedans tout petit. Moi mes parents écoutaient cela à la maison donc depuis mes dix ans, je prenais une raquette de tennis et sur Live After Death (1985) d’Iron Maiden je faisais du air guitar. (rires) Du coup quand on a commencé à faire de la musique, c’était naturel pour nous de faire du heavy car c’est ce qu’on aime. En revanche, on ne se fixait aucune limite. On n’avait pas forcément de de barrière mais naturellement c’est devenu du heavy, avec des twin guitars, des chorus comme on aime à l’image de Thin Lizzy, avec Maiden aussi. C’était naturel et encore aujourd’hui, cela reste naturel, on se dit jamais de suivre une mode ou faire tel style en particulier. Non, non, on fait ce qu’on aime de manière sincère.
Vous chantez donc en anglais. Vous êtes-vous posé la question, à vos débuts, de chanter en français ? Si oui/non, pour quelles raisons ?
Julian : Quand j’étais ado, et avant de faire de la musique, j’écoutais beaucoup de groupes anglo-saxons. Donc quand j’ai commencé à chanter, pour moi c’était normal de le faire en anglais. Car j’apprenais à chanter en anglais mais aussi parce que je trouvais ça limite plus facile qu’en français. En français, c’est quand même peu évident de bien placer les mots, de bien comprendre ce que tu dis et les textes aussi, je trouve qu’écrire en français, il faut savoir vraiment ce que tu dis. Trouver de bons thèmes et de bonnes phrases qui sonnent. Tu peux avoir l’histoire mais après. Et pour nous en anglais c’était clairement plus plus facile.
Serais-tu aussi d’accord pour dire que le rock et le metal, c’est beaucoup plus naturel de le chanter en anglais tout simplement.
Julian : Oui et puis le heavy qu’on aime c’est la NWOBHM de base. Donc même si pourtant il y a beaucoup de groupes français, surtout de l’époque, que j’apprécie, pour moi l’anglais c’était normal. La question ne se posait pas vraiment.
Surtout qu’au début, on avait commencé par bosser les reprises de groupe tels que Black Sabbath, Thin Lizzy, Saxon. En fait on faisait que des groupes anglais justement.
Wolf Attack est un ensemble compact et très cohérent. Lors de vos sessions d’écriture, quels sont les points clés qui font le son et la signature d’Existance ?
Julian : Avec les étiquettes heavy/old school, on sait très bien qu’on n’est pas là pour inventer quoique ce soit. Mais ce qui fait notre style, je pense que c’est les chorus qu’on peut avoir à la guitare, les questions réponses en solo de guitare, le timbre de voix que j’ai forcément. La voix d’un chanteur fait aussi l’identité du groupe. En plus là avec cet album, Gery à la batterie a bien apporté sa patte aussi technique dedans et puis Jay-Jay notre bassiste, à l’ancienne, le jeu avec les doigts et tout, donc cela participe également à l’identité du groupe.
De plus, cela nous arrive par exemple, côté guitare avec Antoine, de prendre du temps juste tous les deux pour bosser les chorus. On peut passer un après-midi entier à chercher le chorus qu’il faut, avec les bonnes notes qu’il faut, parce qu’on veut que cela sonne. On sait que c’est bien mais tant qu’on n’est pas satisfait, on va aller chercher la perfection, sans forcément l’atteindre. Au bout d’un moment, on est conscient qu’on ne pourra pas trouver LE truc parfait, mais il faut rester cohérent et c’est ça aussi le rock n’roll. Idem pour la section rythmique, cela se travaille à deux et cela fait qu’humainement tu apprends mieux à le/te connaitre et c’est très bien.
Quel serait ton Top 3 ? A savoir les titres que tu préfères : jouer ou écouter.
Julian : Alors pour commencer, je vais te dire “Highgate Empire”. La raison de celui-là, c’est que j’ai une approche différente, et vocalement c’est celui où je fais le plus d’aigue un peu à la Rob Halford, des aiguës plus poussés qu’on n’est pas habitué à m’entendre chanter. Puis j’aime beaucoup ce qu’il raconte, très “fait divers” qui a eu lieu à Londres, dans les années 60. Un vampire qui a hanté le cimetière d’Highgate et j’aime bien l’ambiance qu’on a réussi à dégager avec ce titre.
“Rock N Roll”, où là cela parle plus de notre philosophie de vie avec la musique. Car celle-ci peut aussi être thérapeutique, parce que j’ai eu des moments de moins bien dans ma vie, comme beaucoup de gens je pense, et la musique a vraiment été un repère et c’est ce que je dis à travers cette chanson. Le rock n’roll c’est ce qu’on est, c’est ce qui nous fait avancer. L’esprit rock n’roll, d’aller jouer en Europe, en France, transpirer sur scène et ensuite faire des photos avec les gens, j’adore cette ambiance-là, on en a besoin et avec la pandémie on était en pleine souffrance.
Et le dernier, je te dirais “Tears Of Fire” qui est plus power ballad, mais qui est plus personnelle pour moi. C’est un hommage à mon père est parti en juin 2018. Je raconte un peu que j’ai besoin de lui, et que sa disparition a été dure pour moi. Et quand je t’ai dit que c’était thérapeutique, c’est aussi pour cela, c’est que j’ai pu exprimer tout ce que j’avais. Colère, tristesse. Tout cela j’ai pu le sortir dans ce morceau et cela m’a fait du bien.
Justement, on va faire référence au dernier titre “Gwendoline”, qui est une reprise hommage, que vous aviez déjà joué auparavant. Pourquoi cette volonté de l’inclure dans cet album en outro ?
Julian : C’est forcément en hommage déjà, mais c’est aussi pour faire plaisir aux fans qui, souvent, nous la demandaient en concert. On l’a faite deux fois en concert, la première fois pendant la tournée lorsque l’on avait joué au Petit Bain à Paris et une fois au festival de Vouziers. Emotionnellement c’est compliqué à faire et là c’était pour nous. C’était le moment de le mettre sur l’album, surtout avec l’enchainement avec “Tears Of Fire” du coup cela nous permet aussi de boucler la boucle. De se dire que maintenant voilà, il est avec nous là haut et il sera tout le temps avec nous et qu’il faut maintenant continuer et avancer dans la vie.
Aviez-vous prévu de l’inclure dès le début de vos sessions d’écriture ?
Julian : Non car au départ, il y a des titres où mon père était encore en vie quand on les avait composé. Il était déjà à l’hôpital et déjà vraiment malade. Mais il voulait tout le temps écouter les démos. Jusqu’à la fin il donnait des conseils, jusqu’au dernier jour où je l’ai vu, il était tout le temps-là, debout. Après j’ai traversé une période de moins bien où j’ai eu du mal à m’en remettre, c’était compliqué. Perdre un parent je le souhaite à personne, malheureusement c’est la vie. Mais c’est très dur surtout quand ton père est là depuis le début avec toi dans la musique et qu’il partage cette passion avec toi. Du coup il fallait que j’évacue tout cela donc à travers “Tears Of Fire”. Et on savait que “Gwendoline” plaisait aux gens, que c’était une forme d’hommage aussi pour les gens ils avaient eu aussi besoin de l’entendre de notre part. D’où cette volonté de l’inclure dans l’album. Après sur scène, on ne la jouera plus car émotionnellement c’est difficile. Puis on veut avancer avec Existance.
Comment définirais/présenterais-tu ce nouvel album ? Qu’est ce qui fait que cet album peut plaire selon toi ?
Julian : Déjà au niveau musical, on l’a abordé différemment, on a été dans un autre studio d’enregistrement où on a travaillé vraiment le son des guitares. On a travaillé le son de la basse, de la batterie tout en gardant cet effet naturel qu’on voulait. Et surtout pour la batterie, on a travaillé avec François Merle qui est notre producteur sur l’album, qui le guitariste de Manigance, qui nous a apporté pas mal de choses humainement, et aussi dans les arrangements, dans les techniques qu’on peut faire pour l’enregistrement.
Cet album nous représente davantage encore. Il est heavy metal mais avec des morceaux qui vont être peut-être plus bourrin, certains iront plus vers le power, avec une ballade comme évoqué plus tôt. Et je sais aussi que je l’aborde différemment au chant. On peut distinguer des aspects différents à travers ma voix, des choses que je n’avais pas faite jusque là, et j’espère que les gens apprécieront.
Quel regard portez-vous sur cette scène heavy tradi’ ? Qui subsiste malgré l’émergence de nouveaux courants, plus extrême et plus populaire aujourd’hui.
Julian : Je pense que le metal, de base, c’est une famille. Ce sont des gens avec un esprit fraternel et tu le vois bien au Hellfest, tu t’entends bien avec tout le monde. Et je pense que malgré tous les styles de metal qui existent, au bout d’un moment tout le monde se rattache à un groupe de heavy ou de hard rock. La racine est toujours la même au final et du coup, tout le monde se retrouve là-dedans. C’est pour cela qu’encore aujourd’hui, tu as des Judas Priest et des Iron Maiden en tête d’affiche. Je pense que cette musique-là ne disparaîtra jamais, ce n’est pas possible, on en a besoin.
On a déjà fait des concerts, lors de festival, où on jouait sur des affiches globalement plus extrêmes, mais malgré tout, cela se passait toujours bien. Un bon groupe heavy cela passe même dans ce type de festival. On ne garde que de bons souvenirs et puis je pense que le heavy restera encore longtemps. (rires)
Mis à part le heavy évident de l’album, il semble surtout question d’une période large. Ce sont les 80’s avec du speed, presque des éléments glam et d’autres clin d’œil. Es-tu d’accord ?
Julian : Je suis complètement d’accord avec toi, surtout qu’il y a beaucoup de groupes glam que j’apprécie particulièrement à l’image de Skid Row, Mötley Crüe, comme tu dis, ça peut être Warrant aussi. Donc oui cela peut se ressentir sur certains titres, comme quoi c’est pour cela que je le trouve un peu plus varié que les albums précédents. Puis en plus Mötley avec la période-là il n’y a pas eu longtemps ils ont sorti The Dirt, on était en plein dans cette ambiance-là et c’est vrai cela a dû jouer aussi !
Vous avez fait le choix de distribuer en digital via Blood Blast (Nuclear Blast x Believe) mais vous gérez personnellement le physique. Est-ce un équilibre difficile à trouver/concéder à l’ère du streaming ? Car difficile d’y échapper.
Julian : C’est cela, comme tu dis, on a la chance d’être dans un style où les gens sont quand même attachés à l’objet, ils sont collectionneurs et c’est une bonne chose pour nous. Mais il faut vivre avec son temps et le digital, le numérique, c’est de plus en plus important et c’est pour cela qu’on a fait appel à Blood Blast pour qu’ils gèrent vraiment cet aspect. Cela évolue tellement rapidement que on préfère laisser les pros s’en occuper.
Pour tout ce qui est physique, on a préféré continuer en autoproduction, pour la simple raison que l’on n’a pas trouvé de label avec une offre intéressante. Puis cela nous permet aussi de suivre les ventes de manière précise, de toucher plus d’argent également sur ce qu’on vend, donc cela nous permet de mieux investir et de proposer : soit des concerts plus intéressants pour les gens avec un scénique, soit d’investir dans du matériel.
Par contre cela demande aussi beaucoup de travail, parce qu’il faut gérer tous les envois. Mais surtout, on est vraiment agréablement surpris de toutes les précommandes qu’on a eu et du coup cela fait du taff, mais c’est top. C’est plaisant de voir le soutien que peuvent avoir les fans et qui précommandent l’album alors qu’ils n’avaient entendu qu’un seul titre au départ. Donc avoir confiance et ce malgré les cinq ans qui séparent les deux derniers albums, cela fait vraiment plaisir.
Difficile de ne pas y faire référence, à cette affiche derrière toi (ndlr : celle du Hellfest). Hâte d’y être on imagine ?
Julian : Quand tu vois ton nom, avec tous les autres, c’est un rêve qui se réalise, c’est la récompense de beaucoup d’années de travail, de sacrifices aussi. Cela te donne tellement de motivation pour la suite. On a tellement hâte d’y être mais on ne veut pas que cela arrive trop vite, parce que après pouvoir descendre cela sera fini. Mais oui, c’est tellement une fierté et tu sais qu’en plus quand tu as Ben Barbaud qui t’appelle sur ton portable, tu vois un 06 que tu ne connais pas qui t’appelle. Tu décroches et tu entends “Bonjour c’est Ben Barbaud. Salut Julian, c’est l’organisateur du Hellfest” à quel point tu as pas besoin de te présenter je sais qui tu es (rires) et tu es tellement surpris que cela t’arrive donc c’est vraiment… c’est un rêve qui se réalise et cela montre aussi encore une évolution et une étape de plus pour le groupe.
Vous êtes conscients qu’il va falloir se réveiller tôt pour votre set ? (rires)
Julian : Oui ! (rires) Alors surtout moi, j’aime bien dormir le matin donc là, chanter à 10h30 du matin, il va falloir que je me lève assez tôt, histoire de bien faire chauffer ma voix et tout. J’ai un pote qui me dit “sinon on fait nuit blanche” “déconnes pas non plus“. (rires) Mais oui, cela va être l’ouverture, on va faire en sorte de foutre le feu dès le matin, donc on attend le soutien du public surtout que voilà… on est Français et il faut qu’on déchire tout, pour montrer aux Américains, enfin à tout le monde, qu’en France on peut aussi tout déchirer !
La dernière et traditionnelle question : nous sommes RockUrLife donc qu’est-ce qui te rock ta life Julian ?
Julian : Je vais forcément dire que c’est la musique ! C’est de jouer sur scène, de faire plaisir aux gens, de voir dans les yeux des gens que on leur donne du plaisir et que cela nous donne aussi du plaisir. C’est cela qui rock my life ! (rires)
Site web : existanceband.com