Probablement la meilleure surprise de l’année ! Après un premier album qui a confirmé son énorme succès auprès du public, Greta Van Fleet revient avec “The Battle At Garden’s Gate”, un deuxième disque qui relève de la franche réussite. S’éloignant considérablement de ses références, parfois trop évidentes, Greta Van Fleet clame son ambition avec une fraicheur qui fait plaisir à entendre. On retrouve cette candeur et cette spontanéité chez Danny Wagner, le batteur du groupe, avec qui nous avons eu le plaisir de converser de ce tout nouveau monde qui s’offre désormais à Greta Van Fleet.
Salut Danny, bravo pour ce nouvel album. Comment te sens-tu maintenant qu’il est sorti ?
Danny Wagner (batterie) : Salut ! Merci ! Je suis très enthousiaste pour ce nouvel album, et je crois que je peux parler au nom de tout le groupe. Nous avons passé plus de temps à créer ces nouvelles chansons que n’importe quelles autres durant notre carrière. Malgré tout ce qu’il s’est passé ces dernières années, de la pandémie à nos très longues tournées, je crois que nous avons réussi à capturer un moment vraiment très spécial pour ce nouvel album.
Vous avez commencé à travailler sur cet album il y a près de deux ans.
Danny : En effet. Nous avons commencé à y penser alors que nous étions encore en tournée. Nous avons booké deux mois de studio à partir de juillet 2019. Puis nous sommes repartis sur les routes septembre, octobre et novembre de cette année-là. On est retournés en studio dès que nous avons eu un créneau de libre et c’est à ce moment que la pandémie s’est déclenchée. En mars dernier, on avait environ dix chansons de prêtes mais nous en voulions douze. Mais on a pris la décision de prendre un peu de temps off quand la situation sanitaire a vraiment empirée. On a profité de cette période pour écrire deux titres supplémentaires avant de retourner les enregistrer quand tout était plus safe.
Vous avez eu de la chance de voir votre planning se dérouler sans trop de soucis.
Danny : En effet. Greg Kurstin qui produit l’album venait tout juste d’ouvrir son propre studio à Los Angeles. Donc en septembre 2020, on a pu y aller, être le premier groupe à y enregistrer sans entrer en contact avec trop de monde car nous ne voulions pas prendre de risques inconsidérés. Cela nous a mis un peu la pression d’être les premiers à enregistrer la bas, d’autant que nous ne savions pas si les deux nouvelles compos, “The Barbarians” et “Caravel” allaient être cohérentes avec les dix autres.
Au final, on peut presque dire que la pandémie vous a été bénéfique pour la création de l’album.
Danny : Cela été le cas. Cela nous a permis de prendre le temps de parfaitement définir la direction artistique que nous voulions donner au projet. De réfléchir aux visuels, aux symboles, aux clips. Nous estimions que chaque chanson du disque méritait un intérêt particulier et on est hyper heureux d’avoir eu le temps de penser le projet dans son ensemble.
Vous auriez pu avoir la tentation de jeter à la poubelle ce que vous aviez déjà enregistré à mi-parcours ?
Danny : Bien sûr, c’est toujours le risque de prendre une pause pendant un processus créatif. On est clairement un groupe qui, habituellement, aime travailler vite et se projeter rapidement sur la suite. On se sent obligé de travailler de la sorte car on est victime de notre propre créativité : si cela ne tenait qu’à nous, on modifierait les chansons sans cesse, en y ajoutant ou enlevant de nouveaux éléments. Mais pour une raison qui m’échappe, cela n’est pas arrivé sur cet album. On a aimé prendre le temps d’écrire et enregistrer ces nouveaux titres. Et c’était génial de nous voir chacun progresser et découvrir de nouvelles facettes de notre créativité.
“The Battle At Garden’s Gate” est bien plus progressif, émotionnel et cinégénique que votre première sortie. Avez-vous changé votre manière de composer ?
Danny : Oui je crois que nous avons changé certains détails. C’est venu de Greg, notre producteur, qui nous a demandé si nous avions déjà enregistré live, tous ensemble, sans click. C’était nouveau pour nous, on ne pensait pas être prêts pour cette étape mais Greg nous a mis en confiance et tout l’album a été enregistré live, tous dans la même pièce. On a travaillé comme des damnés pour y arriver mais le résultat était tellement frais. Bien sûr, certaines pistes de guitares bavent sur le son de la batterie, et la batterie bave parfois sur la basse. Pour les passages les plus calmes et intimes, nous avons enregistré les voix à part, mais sinon on a tout fait ensemble, en même temps. C’est clairement l’aspect de ce nouveau disque qui nous le rend le plus fier et le plus heureux : on se remémore souvent tous ces moments à jouer tous ensemble dans la même pièce, à chasser la prise parfaite !
En tant que musicien cela doit être hyper excitant de retrouver l’alchimie qui vous unit quand vous êtes sur scène, mais en studio.
Danny : C’est clair ! Je pense d’ailleurs qu’on ne travaillera plus que de cette manière désormais !
Il y a plusieurs chansons qui comportent des arrangements orchestraux. Comment avez-vous intégrées ces parties ?
Danny : Après avoir enregistré toutes les chansons tous ensemble, on a pris conscience de l’aspect cinégénique qu’avaient certains titres. Nous avions déjà envisagé d’ajouter ce genre d’arrangements et du coup nous en avons parlé avec Greg. On a eu la chance qu’il connaisse un quatuor à cordes qui est venu et, en quelques heures seulement, a enregistré de magnifiques séquences symphoniques.
On distingue une grande richesse de sons dans l’album. Avez-vous expérimenté d’autres instruments ?
Danny : Oui, Sam (Kiszka, bassiste et claviériste du groupe) a ajouté plein de sons différents. Il s’est beaucoup amusé avec un mellotron qu’il avait installé juste à côté de lui pour pouvoir gérer sa basse avec une pédale et jouer des parties de claviers avec ses mains. Il avait également un orgue à portée de main, et a parfois joué les deux instruments en même temps. Sam a un don pour les claviers je crois, cela lui vient si naturellement. Et dès qu’il en joue, il trouve de suite le bon son, la bonne mélodie, et les chansons prennent alors une autre dimension.
Vous avez enregistré une vidéo live pour présenter “Heat Above”. C’était important pour vous de continuer à jouer live ?
Danny : On devait s’assurer que nous étions toujours capables de jouer de la musique en live ! (rires) Sérieusement, lorsque nous avons décroché l’opportunité de jouer au “The Late Show With Stephen Colbert”, nous avions le studio à disposition toute la journée. Donc on en a profité pour enregistrer plusieurs chansons et c’était super de retrouver cette sensation de live à nouveau. Un peu frustrés qu’il n’y ait pas grand monde pour y assister mais c’était un moment vraiment spécial pour nous.
Le nom de l’album, “The Battle At Garden’s Gate”, sonne presque comme le titre d’un album live.
Danny : Ce que tu dis n’est pas incohérent car en fait on l’a imaginé comme le titre d’un film. On voulait trouver un titre qui sonne juste pour nous tous dès le début. Je t’avoue que je n’ai pas souvenir d’où est ce qu’il est sorti, je pense que ce titre nous est tombé du ciel ! Mais quand tu entends le titre parfait pour ton album, tu le sais immédiatement.
A mesure que votre succès grandissait, les critiques négatives, vous accusant de plagier des groupes plus vieux, devenaient de plus en plus pressantes. Etait-ce compliqué à gérer et est-ce que cela a pu peser au moment d’écrire de nouvelles chansons ?
Danny : Ce qui est marrant, c’est que quand nous avons commencé à jouer de la musique ensemble, ces comparaisons étaient agréables à entendre. Les premières venaient d’ailleurs de nos parents. On jouait de la musique dans notre garage et nos parents nous disaient que telle chanson leur faisait penser à tel groupe. Au début, c’était donc des compliments pour nous. Et puis lorsque nous avons commencé à grossir, à se faire connaître avec nos premières tournées, ces comparaisons ont perduré. Et tu peux demander à n’importe quel groupe, aucun n’a envie d’être comparé avec trop d’insistance à une autre formation. Mais nous sommes encore très jeunes. Malgré ce qu’on peut dire, on se cherche encore, notre son n’est pas définitif et par conséquent, la musique avec laquelle nous avons grandi, transpire à travers ce qu’on fait, surtout inconsciemment. On ne s’invente pas une identité, on ne cherche pas imiter qui que ce soit. Après honnêtement, ces critiques ne nous touchent pas plus que cela, même si elles sont clairement redondantes. Mais je crois profondément que cet album est une déclaration du son vers lequel nous tendons. Nous avons encore plein de chansons dans la même veine et je nous ai tellement vu progresser ces dernières années que je suis vraiment optimistes pour la suite.
Pour terminer, notre site web s’appelle “RockUrLife”, qu’est ce qui rock ta life Danny ?
Danny : J’adore le nom de votre site car j’ai toujours dit que le rock n’roll, c’est bien plus que de la musique, c’est un mode de vie. Le rock c’est la liberté, la liberté de pouvoir t’exprimer de la manière qui te plaît. Peu importe le style de musique que tu joues, tu peux être rock n’roll et c’est quelque chose que j’ai compris en vieillissant. Le rock c’est définitivement une grande partie de ma vie.
Site web : gretavanfleet.com