Rencontré à Paris le lendemain de leur concert au Klub, deux membres du groupe Holy Cross nous en disent un peu plus sur leur formation, dans le cadre fort sympathique du Dr. Feelgood Rock Bar !
Hello, comment allez-vous ?
Adrien Liborio (guitare) : Salut, fatigué mais ça va.
Loïc Chalindar (guitare) : Bien !
Alors comment s’est passé le concert d’hier ?
A : Super bien ! On a clôturé quatre jours de mini-tournée avec Battalion, un groupe de thrash suisse, et on s’est bien lâché hier, on a pu finir en beauté.
Quels sentiment vous procurent les dates à Paris ?
L : Et bien c’est toujours sympa, on a pas mal de potes en plus sur Paris, donc c’est l’occasion de les revoir. On a joué deux fois à Paris, deux fois au Klub,
A : Trois fois à Paris !
L : Trois fois, ah oui exact; on a joué une fois pour la fête de la musique, place Jussieu.
A : Comme des manouches, avec un groupe électrogène.
Donc vous avez sorti votre second album “Place Your Bets” il y a quelques semaines, quelles sont les différences entre celui-ci et le premier ?
A : Le premier, si on veut tout mettre dans son contexte, on avait quatre ans de moins, si on prend les plus récentes et les plus anciennes, il a été écrit sur cinq/six ans, comme tout premier album. Le deuxième il a été plus fait à un instant T, avec plus de maturité et plus d’influences. Le premier a plus d’influences Manowar, Judas Priest, Iron Maiden alors que là, on a essayé de sortir des conventions et rajouter plus d’influences musicales, comme Megadeth et la scène US, pour relier les influences germaniques. La différence c’est : plus d’influences et un peu plus de maturité.
Et pour ce qui est du processus d’enregistrement etc. Il y a des différences ?
A : Pas vraiment, le premier fut produit par nous-même et masterisé en Finlande, et là rebelote, sauf qu’on l’a vraiment produit nous-même, c’est notre batteur Ludovic, dans son studio, qui a fait la production et vraiment un boulot monstrueux.
Quid du titre ? C’est un pari ou un tournant pour le groupe ?
A : Ce n’est pas vraiment un tournant, disons qu’il n’y a pas vraiment de politique chez nous du style “on va jouer d’un style et d’un album à l’autre on va faire des copies des précédents”. Si on a envie de changer, d’un album à un autre, on voit un album comme un épisode en fait donc on y voit pas trop de problèmes si on change de décor de temps à autre.
Et le choix de “Place Your Bets”, cela fait référence à quelque chose ? Vous jouez au poker ?
A : On est un peu joueur de poker; je sais que j’aime aller de temps à autre au casino claquer vingt/trente euros, mais je gagne jamais rien. (rires) Ludo notre batteur, lui, est bien joueur par contre. En fait on avait un fil rouge pour cet album, c’était en une phrase : mettre le doigt sur les mauvais choix ou les choix foireux des hommes en situation critique. Imagine un père de famille, divorcé, qui a une ou deux gamines, voire trois, à nourrir, une pension, des dettes, des créanciers, tout un bordel comme beaucoup de gens actuellement, et le bonhomme au lieu de prendre chaque problème l’un après l’autre, il prend sa dernière paie et va au casino. C’est pour montrer la gravité des choses.
Votre style même heavy metal et thrash metal, n’est-il pas difficile de se faire remarquer sur ce genre-là ? Vu la multitude de groupe qu’il y a sur le circuit.
L : Ce n’est pas quelque chose à laquelle on réfléchit, on joue la musique qui nous plait. Après, concrètement, il y a du monde, c’est clair, que ce soit en thrash ou en heavy, c’est blindé et il y a plein de groupes.
A : Après il n’y a pas de philosophie de “il faut qu’on se classe par rapport aux groupes”. On fait vraiment notre truc, on est content de le faire, l’essentiel c’est ça, après c’est que du bonus.
Mais vous n’avez pas envie de vous démarquer et de sortir du lot ?
A : Disons que si on essaye de faire ça, c’est purement une démarche par rapport à ce qu’on fait nous. Quand on a fait ce deuxième album, on s’est pas comparé à ce qu’il y a autour de nous mais vraiment on s’est comparé à ce qu’on a fait avant nous-même, donc si tu veux, c’est un travail sur nous-même.
L : On fait ce qui nous plait, que ce soit la pochette, les compositions.
A : Et comme tu l’as dit, il y a tellement de groupe qu’ils trouveront ce qui leur plait autre part si ça leur plait pas.
Quels éléments apportez-vous pour capter l’attention du public ?
A : Rock n’roll ! De la sincérité, de l’authenticité. C’est ça hein, je ne dis pas de connerie ?
L : Non non.
A : On essaye d’être les plus sincère possible, c’est à dire que nous, au sein du groupe, on est des gros débiles, on aime rire, on aime vivre, on aime bouffer, on aime boire et sur scène je pense que ca se ressent parce qu’on fait des blagues, on se taille entre nous, on essaye de faire passer un bon moment aux gens et surtout à nous de passer un bon moment également. C’est l’éclate voilà !
Par conséquent, quels titres représentent le mieux l’album ?
L : C’est difficile à dire parce qu’il y a des titres très différents même s’il a toujours la touche Holy Cross, mais les deux premiers titres sont pour nous des gros titres de l’album, “Bad Day” et “Place Your Bets”.
A : Oui et puis c’est le titre éponyme et on y retrouve pas mal de nos influences dedans, il y a du Megadeth, du Maiden sur les mélodies.
L : Après c’est vrai qu’on a commencé à avoir pas mal de chroniques et en lisant les chroniques, c’est vrai qu’il y a, limite pas, une chronique qui donne les mêmes tops de l’album.
Et à propos du dernier titre, qui se dénote beaucoup du reste, c’était une envie de foutre le bordel ?
A : Même pas; en fait si tu veux à la base, j’avais écrit ce titre vraiment pour moi même au départ et un jour, je me suis dit “j’adore le titre de Michael Jackson “Black Or White”, c’est un titre qui me donne le smile, j’ai envie de sortir dehors et faire des bisous à tout le monde” et j’avais donc envie de faire un titre pareil, 100% positif. Donc ce n’était pas pour Holy Cross au départ et je le fais écouter aux autres, pour le fun et au final “mais attends, on peut le mettre et tout” puis on l’a retravaillé et on l’a mise quand même à la fin de l’album pour terminer sur notre signature.
L : Enfin surtout nous, pas toi.
A : D’accord… Tu peux te pousser ? Je m’en vais. (rires)
Quelles sont donc vos prochaines échéances ?
L : En terme de date, on a enchainé une dizaine de dates en octobre et il nous reste deux dates en décembre, une en Suisse et une à Chambéry et pour 2014, c’est en cours de programmation.
Comment arrivez-vous à concilier votre passion avec votre vie active ? Avez-vous un projet professionnel pour percer ?
A : Disons que moi, avec mon projet de proxénétisme, ça s’annonce plutôt pas mal.
L : Ouais donc proxénétisme, blanchiment d’argent et tout ça.
A : Mafia. (rires) Non on reste très terre à terre.
L : On fait comme tout le monde, c’est à dire que les soirs en rentrant du boulot, on bosse dessus, les weekends aussi. On prend nos congés pour faire des tournées et des albums.
A : C’est vraiment l’illustration parfaite de la passion. Tu vois aujourd’hui, j’ai pris un jour de congés pour venir te parler. (rires)
Du coup, pensez-vous qu’on a un réel souci pour lancer et soutenir les groupes en France ? Rock/metal évidemment.
A : Alors, je vais parler de ce que je connais. La culture à Saint-Etienne met pas mal de moyens pour les groupes justement, il y a vraiment des projets de “professionnalisation” en fournissant des enveloppes pour aider à produire un CD ou avec Le Fil (salle de concert à St-Etienne) qui est une superbe salle; ils jouent sans payer, dans de très bonnes conditions et c’est filmé pour avoir un support, donc ça bouge pas mal chez nous. Mais c’est vrai, qu’avec un peu d’objectivité, la musique rock/metal a du mal en France parce que c’est simplement pas la mode, pas comme dans les années 80′ donc c’est difficile de contenter un public qui n’est pas majoritaire.
L : Par exemple, on gère nous-même notre booking, si on prend l’exemple de Paris, une grosse métropole de ouf, pour trouver une salle abordable pour faire des concerts rock/metal, à part le Klub, il y a rien; après le reste c’est très cher. Pour les groupes amateurs comme nous, c’est clairement impossible. A Lyon c’est le même problème, c’est pire que chez nous, il y a rien.
A : Si tu veux, au niveau du centre-ville de Lyon, là où c’est desservi tu n’as pas de salle pour jouer et toutes les salles sont en périphérie, des petites salles pas plus grande que le Klub, et si tu veux, c’est comme à Paris, les mecs à Lyon, ont pas de voitures ou quoi, ils n’y vont qu’en transport en commun, ils ne peuvent pas se barrer comme ça et faire trois heures à pied. C’est des problèmes d’accessibilité etc. Il y a des villes où c’est plus facile et d’autres moins. Ca commence à bouger, il y a eu Amon Amarth, bientôt Lordi et plein d’autres aussi, c’est cool.
En lien avec la précédente question, pourquoi les anglais, allemands et scandinaves réussissent mieux que les français ? La scène française n’est-elle pas repliée sur elle-même ?
A : La seule raison, c’est que toutes ces régions-là, ce sont des pays d’origines anglo-saxonnes alors que nous sommes des pays latins et on a pas du tout la même culture. C’est con à dire, mais ça y joue pour beaucoup, on n’a pas cette même mentalité.
L : Et la culture musicale est carrément différente.
A : Tu prends les latins, les français, les espagnols, les portugais et les italiens, c’est la même merde. Tu verrais en Italie, c’est hyper chaud pour y jouer. Et l’Allemagne et tout ça, ça fait partie de leurs mœurs, des gouts collectifs, ça ne fait pas partie de notre histoire; et c’est triste. (rires)
Que penses-tu des structures sur internet pour faire financer tel ou tel projet par les fans etc. ? Comme Klone qui l’a fait récemment pour sa tournée avec Orphaned Land.
L : Le principe est cool, après s’il y en a trop qui le font, au bout d’un moment ça va plus marcher.
A : Les gens n’ont pas de thune, ils pensent à leurs factures et c’est tout à fait normal. Le truc c’est qu’en France, la culture elle ne passe vraiment pas en premier, c’est un truc de fou mais… les gens voudraient mais on est dans un système où la culture est vraiment mise de côté, il y a de moins en moins de pognon dans la culture, certains essaient de la défendre mais tout augmente à côté… Les gens faut qu’ils bouffent et qu’ils se lèvent le matin pour aller bosser, donc je les comprends. Après, dans le principe, je trouve ça super bien.
Est-ce que vous envisagerez d’utiliser ce système pour financer un futur troisième album ?
L : Pour celui-là, on y avait déjà pensé mais on a laissé tomber; on a déjà tellement de trucs à gérer que ça aurait fait trop. Puis on a réussi boucler le budget rapidement donc plus de soucis à partir d’un moment donné
Autrement, qu’écoutez-vous de manière générale ?
A : Il y a déjà toute la scène rock/metal, on va pas la citer parce que c’est long hein, sinon j’écoute pas mal de classique, un peu de pop, de la country, du blues, un peu de variété mais italienne et non française, parce que j’ai des origines italiennes. J’ai beaucoup aussi la dance old school des années 80, ça revient à la mode, c’est assez marrant.
L : C’est à peu près pareil pour moi, du blues, de la funk et la vieille dance des années 80′ comme quand on était gosse.
Vos derniers achats CD/DVD ?
A : Le dernier que j’ai acheté, c’est Battalion, leur premier album et le dernier Megadeth “Super Collider“.
L : Les DVDs de Bonamassa, le dernier Batallion et le dernier Annihilator “Feast“.
A : Il tue le dernier Annihilator ! Il est vraiment excellent.
Avant de conclure, un dernier mot ?
L : Chaussure.
A : Pomme.
(rires général)
Nous sommes “RockUrLife”, donc qu’est ce qui rocks vos lifes les gars ?
A : Qu’est-ce qu’on aime ?
L : La guitare.
A : La guitare, la zik, les potes, les potes.
L : Les putes, la coke.
A : Les couteaux, les crans d’arrêt, les putes, la coke, les couteaux, les putes.
L : Les crans d’arrêt ?
A : Les crans d’arrêt. Le chocolat ! Non mais en fait on est des gros kiffeurs de life.
L : Juste de dire des conneries.
A : On est des gros débiles, on se prend pas au sérieux et on aime rire, déconner, vivre, on profite !
Site web : holycrossmetal.com