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I MACHINE (18/11/15)

Quelques jours après les tragiques événements de Paris, RockUrLife a pu s’entretenir avec Lolo, guitariste de I Machine afin de parler de l’avenir de la musique, mais aussi de “L’Origine” du groupe.

Bonjour, comment allez-vous malgré les événements récents ?

Lolo (guitare) : Ca va mais même si voilà, la journée d’aujourd’hui a été chamboulée, on a failli annuler, on est venu quand même, c’est notre façon à nous de soutenir, et puis le message, c’est un petit peu : “la culture contre la pourriture”. On est là pour promouvoir un certain type de culture, donc on le fait, justement pour lutter contre.

A partir de là, comment pensez-vous que la musique va pouvoir réagir ? Notamment vous, vous avez votre groupe, comment comptez-vous réagir par rapport à ça ?

L : On est déjà en train d’échanger sur l’écriture d’un texte en rapport avec ça. L’idée c’est peut-être, sur un prochain LP, d’avoir un titre qui y fait référence, ce sera notre façon à nous de manifester notre opposition à ce type d’actions.

Vous avez déjà des chansons comme “Criminel” par exemple qui parlent un petit peu de cela.

L : Oui oui, tout à fait, après on a “Big Brother” aussi qui parle de l’univers carcéral, des miradors, tout ça, donc ouais, on a déjà ce thème sur le LP “L’Origine”, et donc ça va se poursuivre, après ces malheureux événements.

Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de “L’Origine”, et de ce changement de nom également, parce que vous êtes passés de Indicible Machine à I Machine ? Pourquoi “L’Origine” intervient maintenant que vous avez changé de nom, et non pas avant ?

L : En fait, au départ on s’appelait Indicible Machine, on voulait que ce soit prononcé en français parce que l’on a du chant principalement en français. Et comme on a mis l’adjectif avant, souvent ça partait dans une prononciation anglais. Puis c’était trop lent, un peu pompeux, donc on s’est dit qu’on allait faire plus court, plus efficace, peut-être un peu plus moderne, avec le “I”, qui peut faire penser à internet, et garder la machine. Garder ce que l’on avait posé comme nom, “Indicible”, on contracte, et ça correspondait aussi à un changement de line up. On a fait le changement de nom, maintenant que le line up est stabilisé. On sait où l’on veut aller musicalement, donc c’est le départ de quelque chose, donc le premier LP on l’appelle “L’Origine”. L’EP avait des sonorités différentes. Donc voilà pourquoi.

 

 

Justement, vous venez de dire que vous ne vouliez pas que le nom soit en anglais, parce que vous chantez principalement en français, et pourtant vous avez quasiment une piste sur deux dont le nom est en anglais, et en latin.

L : Oui, tout à faire, mais après le titre, on voulait trouver des titres de chansons accrocheur, et souvent il nous est venu des mots en anglais. Alors “Welcome” est tout en anglais, mais c’est vrai que le titre “Welcome” sonnait quand même mieux que “Bienvenue”. (rires) Ensuite, on revendique totalement le chant en français, mais c’est vrai que pour les titres, “Big Brother”, effectivement, on a choisi un certain nombre de titres en anglais même si les paroles sont en français. Le choix du cœur sur la sonorité du titre.

Pour les paroles en français, vous avez quand même une bonne qualité d’écrire, on voit que les paroles sont bien travaillées et le vocabulaire soigné. Du coup, est-ce que pour vous, la musique est un vecteur de promotion de la culture française ?

L : Justement, on a fait le choix du français parce qu’il n’y a pas tant de groupes qui le font, ou veulent le faire. Il y a pas mal de groupes qui sortent maintenant dont la tendance est malheureusement à l’anglais. Et justement, revendiquer la culture française et le chant français nous semblait plus évident. Et du coup nous mettre au service de cette culture là.

Au niveau de tout l’héritage musical qu’il y a derrière votre groupe, vos influences, qui pourriez-vous citer ?

L : Au niveau de la scène française, ça va être Mass Hysteria, Sidilarsen, No One Is Innocent, Noir Désir, pour essayer de dépeindre l’ensemble du groupe. Et au niveau anglo-saxon, c’est System Of A Down, Linkin Park, Rage Against The Machine pour l’essentiel des influences qui font le dénominateur commun du groupe.

Pourquoi la plupart de vos introductions de chansons sont plutôt électro, et se coupent ensuite au fil du morceau ? Pourquoi ne retrouve-t-on pas ça tout au long de la piste ?

L : En fait, on voulait prendre ce que l’on aime bien dans l’électro, c’est-à-dire que c’est un tempo, un rythme, et que c’est agréable à l’écoute, ça accroche tout de suite, et c’est agréable à l’oreille. Après si ce n’est pas bien fait, c’est lassant, c’est pour ça que c’est surtout en intro, comme ça on écoute, on se dit “ah ouais, c’est pas mal”, et l’on croit que ça va partir sur de l’électro complète, sauf que là, il y a de grosses guitares qui arrivent, et on se dit “ah ouais, ok”, le mélange ça peut le faire. C’était ça l’idée. Mais effectivement, on est bien influencés par certains artistes qui ont des samples qui durent toute la chanson, qui sont super bien fait, mais il faut arriver à le faire, et on a décidé de prendre cette direction. Mass Hysteria, c’est devenu plutôt des sons plutôt discrets, quand les guitares arrivent. Comme on est influencés par eux et par d’autres, les samples apparaissent et disparaissent. On les aime bien aussi sur les ponts, parce que ça permet justement de faire une transition pour attirer l’oreille, et on se dit “ah oui, je ne m’attendais pas à ça”.

Donc du coup les chansons sont-elles plutôt à prendre comme des unités, plutôt que l’album comme une continuité ?

L : Oui, tout à fait ! Ce n’est pas un album concept, il n’y a pas un thème, un fil conducteur. Mais effectivement, il y a un thème dans chaque chanson, ce qui fait qu’en effet, entre les chansons, c’est un style, ça reste assez varié.

Comment pensez-vous vous situer par rapport à la musique française en générale ? Qu’est-ce qui, dans votre musique, ne se retrouve nulle part ailleurs ?

L : Pour moi on a un peu de l’originalité que pouvait présenter Mass Hysteria quand ils sont sortis avec ce mélange détonnant de samples, de grosses guitares, de chants en français, mais c’est déjà bien en place avec Mass Hysteria. Donc ce n’est plus une originalité. Mais ce qu’on essaie de faire, c’est de mélanger toutes nos influences, y compris les influences américaines, ne pas hésiter à aller sur du rap, avec du scream, pour essayer de créer notre propre marque de fabrique. C’est peut-être ce qui fait notre originalité, c’est que l’on ne reste pas sur de la simple techno avec de gros accords plaqués, on va aussi sur du rock engagé comme “La Crise”, voire des mélodies plus calme comme sur “L’Origine”.

De manière générale, pensez-vous que la musique doit-elle engagée ?

L : En fait, faire le choix du chant en français, il est extrêmement facile de paraître ridicule en chantant en français, et du coup l’engagement, la mélancolie, noirceur, il y a tout un tas de terrains où il est plus facile de rendre le texte sympathique à l’oreille. Et c’est en leur donnant du sens que du coup ils ne sont pas ridicules.

Quel est le message que votre groupe veut faire passer ?

L : L’énergie, ouais ! Enfin on espère mieux donner en concert que sur l’album, et ça, c’est clairement un héritage de Mass. Je veux dire, quand “Le Bien Être Et La Paix” est sorti en 1997, ils n’avaient pas les productions qui peuvent toucher maintenant, ça sonnait mais après, au moment de la promotion, je suis allé les voir à l’Elysée Montmartre, et j’ai passé une heure là bas, mes pieds n’ont pas touché le sol pendant une heure. Les guitares, le murmure des guitares, les samples qui sonnaient et du coup le mur d’enceintes rendait vachement mieux que sur l’album, avec la grosse batterie, et là je me suis dit que voilà, il n’y a que du positif, il faut le prendre et en faire sa sauce à partir de cette base là.

 

 

Justement, en parlant de concerts, est-ce qu’il y a des groupes avec lesquels vous aimeriez jouer particulièrement ?

L : Ce serait un rêve de pouvoir faire la première partie de Mass Hysteria, Sidilarsen ou d’autres gros groupes français, No One Is Innocent. Ce serait vraiment super ! Après oui, première partie de Rammstein là, ce serait formidable mais pour l’instant au-delà de nos capacités. Mais oui, Sidilarsen ce serait vraiment top !

Avez-vous déjà des projets de concerts pour l’instant ?

L : Oui on a monté un concert à l’Electrode à Miramas, le 16 janvier, avec deux groupes que l’on apprécie, qui sont Gomorra et Samsara, et en fait, les concerts déjà en région Paca c’est difficile, les lieux où se produire sont rares, le public ne se déplace pas forcément, donc c’est compliqué pour nous, et on a déjà un peu mis de côté parce que l’on fait tout en auto-production : les pochettes, les paroles, les chansons en studio, tout ça. On essaie de faire la promo. Un clip sur “Crazy”, on essaie en faire un second sur “La Crise”, “Sans Dieu Ni Maître”, ou “Que Le Meilleur S’Exprime”, un truc plus engagé, rageur, et tout ça prend du temps, on répète la nuit, après le travail, donc la com’ et puis les concerts, on a mis ça de côté, mais on va reprendre ça en main et ça ira. Déjà, le fait d’avoir un micro pour pouvoir parler, on espère que ça nous permettra d’accéder à quelques scène où l’on pourra jouer, justement.

Vous faites donc votre musique à côté de vos vies personnelles.

L : Oui !

Au-delà de la nuit, comment arrivez-vous à allier les deux ? Est-ce que ce n’est pas une charge trop importante pour vous de devoir tout gérer vous-mêmes ? Est-ce que vous ne voudriez pas vous faire produire par quelqu’un ou est-ce que c’est une part de votre identité de tout faire vous-mêmes ?

L : Ah non non, on aimerait se faire produire et avoir un label. Mais aujourd’hui, on est microscopiques, on a trois cent likes. Du coup, j’en profite pour dire à tout le monde que si vous aimez, il faut liker, être adeptes sur Spotify, tout ça. Il faut nous aider à être visibles. Et je pense que, par rapport aux messages que l’on reçoit, c’est qu’il y a un paradoxe entre le type d’albums que l’on a pu faire, et la com’. On est invisibles, et pourtant l’album ne semble pas dégueu. Mais j’espère que ça intéressera un label pour produire le second. Ou un tourneur.

Est-ce que vous avez un message à faire passer à vos fans actuels, ou vos futurs fans ?

L : C’est celui-là ! Allez voir le clip de “Crazy”, suivez nous, likez-nous, on essaie de faire de la com’ sur Facebook, d’entretenir les infos, donc il ne faut pas hésiter à nous aider, écouter sur Spotify, pourquoi pas écouter sur iTunes aussi ! Bon, je crois qu’il est à 6€99, ce sera un beau geste. Mais ce qui nous fait plaisir, c’est de voir que nous avons un petit public, donc des likes.

 

 

Vous aimeriez idéalement en faire quelque chose à temps plein ?

L : La question ne s’est pas encore posée mais pourquoi pas, clairement ! L’idée c’est de faire quelque chose de pro. On n’est pas pro là dedans, mais on essaye de faire pro.

Très bien. Dernière question : notre média s’appelle “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock votre life ?

L : (rires) Wow ! Ce qui rock notre life ? Clairement, la musique, l’envie de… Nous sommes un peu des éternels insatisfaits ! On a produit l’album là, et tout le monde était pas ultra satisfaits de ce que l’on a sorti dans le groupe. Puis on est dedans, donc on est hyper subjectifs. Comment juger de notre musique ? On attendait beaucoup des chroniques et de ces échanges là pour avoir un ressenti, donc c’est plutôt mieux que ce qu’on attendait. Ca nous donne de la gniak, de l’espoir, donc on veut continuer là-dedans, s’améliorer. On peut grandement améliorer la production. Oui, aujourd’hui il y a des résultats, mais quand j’entends la dernière production de Mass, c’est du gros son, et l’on pourrait travailler ça, travailler aussi les compos pour qu’elles soient encore meilleur. Voilà, c’est notre motivation, ce qui rock nos life !

 

 

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