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IN FLAMES (16/04/19)

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Quelques heures avant le concert toulousain, nous avons rencontré Anders Fridén d’In Flames pour une rapide et intéressante discussion !

Peut-on considérer votre dernier album, “I, The Mask“, tel un concept album ? Comme quoi nous avons tous à porter un masque pour être accepter dans la société d’aujourd’hui. Ou alors, la perception que nous avons de nous-mêmes est trop liée/dépendante de ce que pensent les autres ?

Anders Fridén (chant) : Les deux ? (rires). D’une manière ou d’une autre, tout le monde porte un masque. On s’en sert principalement comme une protection, un bouclier. Cela nous rassure selon la situation. Comment s’en sortir de nos jours avec tous les réseaux sociaux ? On peut montrer une image qui n’est, au final, pas vraiment réelle : “On est bien, on est géniaux là !” Alors qu’en fait tu dissimules une intense douleur. On se piège nous-même aussi. On enjolive une situation qui ne l’est pas forcément, comme quoi notre vie est meilleure que ce qu’elle est. Et c’est là où cela devient important. Il faut, en tant qu’individu, savoir gérer ses émotions, sa tristesse, sa noirceur, et tout le bagage qu’on a en nous. Il faut gérer cela. Cela te permet d’aller de l’avant, de te projeter dans l’avenir. Tu peux rater d’incroyables opportunités si tu n’as pas l’esprit clair et si tu n’es pas conscient de cela.

Cet album n’est pas vraiment un concept-album, mais c’est le genre de sujet qui m’inspire, que ce soit lié à mon passé, ma vie, les rencontres que je fais, les personnes autour de moi.

Les réseaux sociaux aussi peut-être ?

Anders : Evidemment. C’est devenu la norme aujourd’hui. Surtout de nos jours, pour les gosses, ils ne connaissent que ça. Regardes nous “des anciens” (rires), on était là bien avant Internet. Toute notre existence n’est donc pas basée sur ces réseaux.


Les ambiances sont très diverses sur l’album. Était-ce délibéré ou spontané ?

Anders : On n’a rien prévu. Lorsqu’on compose un album, on n’a pas de projet fou. On joue ce qui nous passe par la tête, ce qu’on ressent etc. Selon le moment, les personnes, peu importe. Entre chaque opus, il s’écoule quelques années. Durant les tournées, on ne compose pas. Le processus d’écriture n’est donc pas régulier. Là, Björn et moi-même sommes allés à L.A. et avons construit un petit studio dans la maison que nous avons loué. Le processus d’écriture a débuté là. Si c’est bon, on garde, sinon on s’en débarrasse. C’est aussi simple que ça.

Tel un monstre à deux têtes ?

Anders : Oui. On ne se concentre pas à faire des singles par exemple. On n’en fait jamais. On travaille sur un album, sur un tout. C’est très important d’avoir une dynamique cohérente entre les titres. Tu as le début, qui est ce qu’il est, c’est d’ailleurs la première qu’on a écrite. La fin avec “Stay With Me”, c’est la dernière qu’on a composé d’ailleurs. Puis entre ces deux, il faut que ça bouge pour l’auditeur. Malgré l’âge du streaming, où tu n’arrives pas à tenir quelqu’un plus de trente secondes, c’est très compliqué, mais nous en sommes conscients. Idéalement, il faudrait écouter la face A, puis la B, et s’en faire un avis. C’est de cette manière que nous avons pensé l’album, et c’est ainsi que nous souhaitons voir le public aborder le disque.

Avec tous les détails et les différentes textures, ta voix est incroyable ici. Que ce soit sur “All The Pain”, “Stay With Me” ou l’excellent titre bonus “Not Alone”, avec ces lignes plutôt basses. Penses-tu développer davantage cette facette à l’avenir ?

Anders : Je ne sais pas, on verra bien. Je contrôle bien mieux ma voix aujourd’hui. J’ai vu un coach vocal. Il m’a beaucoup aidé avec mes différents registres. Je m’adapte à ces titres, à la musique, c’est comme la peinture. Mes couleurs sont les touches finales du tableau. Je fais donc ce que je veux, ce que je ressens. J’aime les variantes, que tu comprennes ou non les paroles ou même l’anglais. Cela permet tout de même de ressentir ce que j’exprime, rien qu’au travers du son, n’est-ce pas ?

J’avais déjà commencé à voir un coach vocal pour “Battles” (2016). Mon producteur avait déjà conseillé pas mal de monde. Que cela pouvait te préparer mieux encore avant d’entrer en studio. J’étais plutôt sceptique au départ. Puis, à force d’y aller, tu en apprends beaucoup sur ta voix, les différentes techniques, la respiration et la manière de prendre soin de ton organe. Honnêtement, ça a rendu le processus bien plus sympa à vivre et gérer.

Quelle a été le titre le plus difficile à concrétiser ?

Anders : Très honnêtement, aucun des titres. Je ne peux voir l’album de cette manière. Comme dit, on créé un ensemble et non des bouts distincts. Aucun des titres n’a été plus compliqué à faire qu’un autre. Je ne dis pas non plus que cela a été simple, mais… ce n’est pas évident de dire que tel ou tel titre a été plus difficile à faire qu’un autre. Si tu ressens cela, alors tu ne dois même pas l’enregistrer. Tu ne devrais pas te battre avec ta musique. C’est d’emblée le mauvais chemin à prendre. Tout doit être entrepris de manière sincère, du début à la fin.

Peux-tu nous en dire davantage sur le clip de “I Am Above” ?

Anders : On avait évoqué le sujet avec mon manager, car c’est tellement une chanson puissante et profonde au niveau des paroles. J’ai pensé à la vidéo de “Nothing Compares 2 U” de Sinead O’Connor. Il y a une mise en scène, mais cela lui ressemble. Même en tant que fan de metal, ça m’avait marqué à l’époque. Je pouvais ressentir sa douleur et les émotions qui en provenaient, tu vois le truc ? Je voulais un peu faire pareil. Lorsque tu prêtes attention aux paroles, via la vidéo-paroles, il n’y a aucun parasite. Tu as juste ce type qui crie dans ta direction. Personnellement c’est bizarre, car je sais pertinemment que ce n’est pas moi. C’est Martin Wallström, il a joué dans la série Mr.Robot. Il est Suédois, nous lui avons proposé le projet et il a accepté d’y participer. C’est vraiment barré, c’est mon chant, ma voix, mes paroles et ça reste étranger. C’est dingue. (rires)


Chris Broderick vous accompagne, une nouvelle fois, remplaçant Niclas Engenlin. L’avez-vous connu au travers de votre producteur Howard Benson ?

Anders : Non, en fait ça fait dix-sept ans qu’on se connait. Il avait ouvert avec Jag Panzer une fois, puis ensuite avec Nevermore. On le connait très bien depuis. Lorsqu’on a su que Niclas devait rester chez lui, on avait quarante-huit heures pour prendre une décision, de continuer ou d’annuler la tournée. Son nom est immédiatement arrivé sur la table : “Oui ! Bien évidemment, Chris !”. Le fait de bien le connaître personnellement déjà, et que cela fonctionne bien, et puis c’est bien évidemment un excellent guitariste, Dieu merci il a dit oui… La tournée n’est donc pas annulée et nous voici là aujourd’hui !

C’est d’autant plus important que la tournée étant longue, il vaut mieux que les rapports soient bons.

Anders : Oui, je pars du principe que tous ceux qui passent dans In Flames savent jouer, et que c’est ce qui se passe en-dehors qui est presque le plus important. Que l’on s’entend bien et que l’on passe du bon temps tous ensemble. Il faut que tout se passe bien. Je ne peux pas être avec… (ndlr : Bryce Paul Newman, le batteur entre dans la pièce), avec un type comme lui, qui n’apporte que du négatif. (rires) Il ne faut surtout pas de mauvaises ondes, vu qu’on passe énormément de temps ensemble.

Y a-t-il une personne/personnage (vivant ou non), non affilié à la musique, qui t’inspires plus qu’une autre ?

Anders : Je pense que ça englobe toutes mes mauvaises relations. (rires) Je ne citerais personne, je n’ai pas envie de nommer quiconque. Beaucoup de politiciens, faisant des choix débiles, m’ont beaucoup inspiré d’une certaine manière. Mais cela m’enrage plus qu’autre chose, et je présume que ce ressenti m’inspire beaucoup.

Quel est ton titre préféré sur ce nouvel opus ?

Anders : Tous les titres. Je ne peux pas en choisir un. Comme dit, nous ne composons pas des singles, mais des albums. Ceci dit les titres sont bons, et ceux que nous jouons live marchent bien (ndlr : Anders se tourne vers Tanner Wayne, le batteur, à l’autre bout de la pièce). Combien de nouveaux titres on joue déjà ? Sept ?

Tanner Wayne (batterie) : Peut-être six.

Anders : Oui, six ou sept du dernier album. On n’exclut pas d’ajouter d’autres titres au fil des tournées pour l’album.

Vous avez joué “Burn” hier, à Lyon, pour la première fois.

Anders : Yeah !


Avez-vous un rituel avant de monter sur scène ?

Anders : On a une petite pièce de répétition, avec un petit kit et de petits amplis. On y passe généralement une heure avant de monter sur scène. Quelques bières, un peu de whisky, et c’est tout. Chaque soir c’est pareil, mais ça ne rend pas la chose spéciale. On ne sacrifie rien de bizarre hein. (rires)

Compte tenu de ton expérience, t’arrive-t-il encore d’avoir le trac avant de monter sur scène ?

Anders : Non plus du tout. Je suis impatient d’aller sur scène, mais je ne stresse pas. Je ne connais plus cette émotion. (rires)

Ça ne te manque pas ?

Anders : Ça pourrait parfois avoir son petit effet, de temps à autre. Mais l’excitation est meilleure que la peur ou le stress. Si tu redoutes quelque chose, alors tu ne seras pas efficace. Tu penses a tellement de choses que cela va déteindre sur ta performance ou ton travail.

As-tu récemment trouvé une nouvelle passion/occupation hors musique ?

Anders : Oui ! C’est assez récent mais j’ai une brasserie et elle s’appelle Frequency Beer Works. On brassait des bières avec d’autres, ici et là, avec d’autres brasseurs et depuis maintenant deux ans, j’ai ma propre brasserie ! C’est à vingt minutes de chez moi, donc j’y fait souvent un tour quand je suis à la maison. On n’exporte rien pour le moment, la production est vendue en Suède uniquement. J’aimerais en proposer à tous, ce sont de bonnes bières, on fait des Pilsner, des Stouts, des Lagers.

En plus de cela, j’ai ma boite de prêt-à-porter. Autrement, je passe mon temps en famille, avec les enfants, les barbec’, la bonne bouffe, le bon vin et whisky.

Enfin, ultime question. Nous sommes “RockUrLife” donc qu’est-ce qui rock ta life Anders ?

Anders : De toute évidence, mes enfants. Puis ce projet, ce groupe aussi. C’est une des plus belles choses au monde. J’ai ce privilège là, de pouvoir voyager dans le monde entier et de jouer mon art, ma musique, à des personnes qui y trouvent un intérêt. Voir ces sourires sur ces visages c’est… Je ne prendrais jamais tout cela pour acquis. Tu peux tout perdre d’un jour à l’autre. L’amour qu’on reçoit de toute part, c’est juste incroyable. Rien que d’y penser, c’est juste fou. Quand je voyais Scorpions, Iron Maiden, Saxon ou Judas Priest, c’était juste irréel de penser ça. Que tout cela puisse m’arriver un jour… et me voila là ! C’est formidable.

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