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JJ WILDE (10/09/24)

La Canadienne JJ Wilde est de retour avec son deuxième album depuis le 20 septembre 2024 ! Après nous avoir agréablement surpris avec ses débuts, au travers de Ruthless, son deuxième disque, Vices, se nourrit d’une douloureuse rupture amoureuse.

Votre deuxième album sort fin septembre, et vous avez dit qu’il était hors de question de faire un album suite à une rupture amoureuse, et malgré cela, nous y sommes. Se remettre en question est toujours un moteur puissant et parfois prévisible, n’est-ce pas ?

JJ Wilde : Oui, je pense qu’il est toujours nécessaire de sortir de sa zone de confort, que ce soit en tant qu’artiste ou en tant que personne. Quand on a l’impression de tout maîtriser, c’est souvent le moment où l’on ne sait plus rien du tout. J’avais dit que je ne ferais jamais un album sur une rupture, mais il s’avère que je n’avais jamais eu le cœur aussi brisé pour en ressentir le besoin. Je pense que s’étirer en dehors de ses limites permet de trouver le plus de croissance. C’est en sortant de cette zone de confort qu’on découvre des parties de soi qu’on ne connaissait pas. J’essaie toujours d’appliquer cette démarche dans ma vie et mon travail.

© Bree Fish

Avez-vous eu des doutes pendant le processus ? Des moments où vous vous êtes demandé si c’était la bonne chose à faire ?

JJ Wilde : Oui, il y a eu un grand arrêt il y a environ un an. J’écrivais cet album depuis deux ans, et à mi-chemin, je pensais l’avoir terminé. Nous avions enregistré huit chansons en studio, mais quand j’ai reçu les mixes, il manquait quelque chose. J’ai dû faire le choix difficile de tout reprendre à zéro, même si cela signifiait un an de plus de travail. C’était un moment difficile, mais je suis contente de l’avoir fait, car cela m’a permis de produire un projet dont je suis fière.

Certains artistes disent qu’un album est comme une photographie d’un moment précis dans le temps. Pour vous, ce projet a duré deux ans avec des révisions. Est-ce que cela a créé des difficultés particulières ?

JJ Wilde : Le processus a pris plus de temps que je ne l’aurais souhaité, mais cela m’a permis de redécouvrir chaque chanson. Ce n’était pas forcément des difficultés, mais plutôt des découvertes. Bien sûr, repartir de zéro est effrayant, mais il ne faut pas se laisser emporter par ces craintes. Je me suis concentrée sur l’art et la musique, en restant fidèle à ce que je ressentais.

Vous aviez peur de faire un album sur une rupture, mais finalement, cela semble avoir été une force motrice intéressante.

JJ Wilde : Absolument. C’est dans les moments de cœur brisé, quand on vit des émotions profondes, que l’on trouve les meilleurs matériaux créatifs. Quand je chante ces chansons, je veux les ressentir pleinement. Elles viennent d’expériences réelles, et c’est ce qui les rend authentiques.

Encourageriez-vous d’autres artistes à utiliser des événements de vie comme celui-ci pour créer un album ?

JJ Wilde : Je pense que beaucoup d’albums parlent de ruptures. Ce n’est pas une chose nouvelle dans la musique. Pour moi, cet album a été une sorte de thérapie. Il m’a permis de travailler ces émotions en temps réel. J’espère que ceux qui écoutent et traversent des moments similaires se retrouveront dans ces chansons.

Pochette de Vices

Le titre de l’album est Vices. Quel est le lien entre ce titre et le reste du disque ?

JJ Wilde : Il s’agit de deux ans de découverte de soi. Après une rupture, on passe par de nombreuses émotions : d’abord le deuil, puis la perte, la tristesse, et ensuite une phase de folie où l’on essaie d’oublier. Ensuite, on arrive à un moment de découverte personnelle, où l’on trouve de l’empowerment. Le titre “Vices” symbolise les obstacles qui me retenaient, que ce soit dans la musique ou dans ma vie personnelle. Par exemple, j’ai arrêté de fumer, un grand vice qui affectait ma voix. Mais il y a d’autres vices, comme fumer de l’herbe, que j’accepte encore. Il s’agit de trouver un équilibre entre ses vices et la vie réelle.

Cherchez-vous une certaine simplicité dans votre musique ? A l’image de vos titres, qui sont composés d’un voire deux mots comme “Vices. Cela vous définit-il également comme une personne simple ?

JJ Wilde : Non, je ne dirais pas que je suis une personne simple. Je suis plutôt dans ma tête, à tout analyser. Mes titres sont simples, mais ils abordent des émotions complexes. C’est un contraste entre la simplicité des mots et la profondeur des sentiments qu’ils évoquent.

Le dernier morceau de l’album est très solennel. Est-ce une manière de tourner la page définitivement ?

JJ Wilde : Oui, cette chanson est mon adieu final à cette relation. C’était difficile à écrire, car accepter la fin de quelque chose est toujours compliqué. Mais en la chantant, j’ai pu vraiment tourner la page.


Et pour ce qui est du live ? Vous avez enregistré l’album en studio, mais comment allez-vous transposer cela sur scène ? N’avez-vous pas peur d’être submergée par l’émotion des chansons ? Cela pourrait-il être un exercice cathartique ?

JJ Wilde : C’est plus cathartique qu’effrayant, je dirais. Ces chansons sont tellement proches de moi, je les ai écrites dans un moment de vulnérabilité. Maintenant que je suis de l’autre côté de cette période, chanter ces morceaux en live me permet de revivre ces émotions, mais avec du recul. Bien sûr, c’est intimidant de se montrer aussi vulnérable devant une foule, mais il y a quelque chose de libérateur à exprimer ces sentiments en les chantant. Le fait de les sortir physiquement me permet de les relâcher. Et quand le public ressent cette énergie, cela devient une expérience partagée, surtout pour ceux qui traversent des moments similaires. C’est à la fois libérateur et un peu effrayant.

Qu’en est-il du son et de l’enregistrement en studio ? Il y a une ambiance très cosy, simple, presque intime.

JJ Wilde : Pour cet album, je voulais que les chansons parlent d’elles-mêmes. Je ne cherchais pas à les enfermer dans une case. J’ai déménagé à Nashville il y a deux ans, et cela a eu une influence sur l’album, sur l’atmosphère musicale que j’ai développée. C’est très différent de l’endroit d’où je viens au Canada. Mais dans l’ensemble, il s’agissait de laisser chaque chanson se développer naturellement, en fonction de ce qu’elle nécessitait. Chaque morceau a trouvé sa place tout seul, sans que je cherche à le forcer dans une direction.

Comment allez-vous combiner les chansons du premier album avec celles-ci pour créer une setlist pour vos concerts ? Les deux albums sont assez différents. Comment allez-vous trouver l’équilibre entre les deux ?

JJ Wilde : Mon show live est toujours très énergique, brut et émotionnel, et je pense que cela restera le cas. Ce qui est excitant, c’est de pouvoir mélanger les chansons des deux albums et de les intégrer dans un ensemble cohérent. Pendant les répétitions, je me suis beaucoup amusée à mélanger les anciens et nouveaux morceaux. Cela permet de créer une aventure pour le public, de les emmener d’un moment très énergique à quelque chose de plus vulnérable, puis de remonter l’énergie. Ce mélange rend le concert plus dynamique. Je suis impatiente de le partager avec le public.


Vous avez remporté un Juno Awards pour votre premier album. Est-ce que cela a créé une pression supplémentaire pour cet album ?

JJ Wilde : Oui, il y a toujours une pression pour être à la hauteur de ce que l’on a déjà accompli. Mais j’essaie de ne pas trop y penser. Je veux rester concentrée sur le moment présent, sur la musique qui m’enthousiasme maintenant. Même si le son est différent, il reste authentique par rapport à qui je suis aujourd’hui. J’ai grandi personnellement, et la musique a évolué avec moi. Bien sûr, il y a un peu de pression, mais j’essaie de ne pas me laisser submerger par cela.

Quand vous réfléchissez à vos deux albums maintenant, que pensez-vous d’eux ?

JJ Wilde : C’est difficile de les comparer. C’est comme comparer ses enfants, on ne peut pas faire ça ! Ils sont très différents. Quand j’écoute les chansons de Ruthless (2020), je me souviens où j’étais à ce moment-là. Et maintenant, quand j’écoute cet album, je me souviens d’où j’étais aussi. C’est intéressant de voir la juxtaposition entre les deux et de constater l’évolution. Cela montre la progression personnelle et musicale que j’ai traversée.

Vous avez mentionné avoir déménagé à Nashville. Comment comparez-vous Nashville à votre ville de Kitchener au Canada ?

JJ Wilde : C’est tellement différent ! L’une des plus grandes différences est qu’à Nashville, la musique est au centre de tout. À Kitchener, les gens suivent un schéma de vie très classique : école, travail, mariage, enfants. Sortir de ce cadre et être dans un endroit où personne ne te demande : “Quel est ton vrai métier ?” était libérateur. À Nashville, la musique est l’industrie. Là-bas, tu vas dans un bar et la moitié des gens que tu rencontres sont des musiciens avec qui tu peux collaborer dès le lendemain. Tout se passe en temps réel, c’est incroyable. À Kitchener, ce n’est pas pareil. À Nashville, j’ai pu être complètement moi-même et m’épanouir dans la musique.

Et notre traditionnelle dernière question : nous sommes RockUrLife donc qu’est-ce qui “rocke” ta life JJ Wilde ?

JJ Wilde : Oh, eh bien, évidemment la réponse cliché serait la musique, parce que c’est ce que je vis et respire. (Ensuite en Français) Mais les choses qui comptent vraiment pour moi, ce sont ma famille, mes amis, les connexions humaines sincères.

Ce sont ces connexions authentiques qui me poussent à avancer. Les nouvelles expériences, les voyages, tout ce qui vient avec les tournées, c’est ce qui me nourrit et me donne envie de continuer.

Site web : jjwilde.com

© Bree Fish

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