Kadavar sort son cinquième album “For The Dead Travel Fast”, une fusion de rock psychédélique avec pour thématique l’horreur et l’occulte. Christoph “Lupus” Lindemann révèle plus de détails sur le disque dans son interview avec RockUrLife.
Pour “Rough Times” (2017), vous aviez d’abord eu l’artwork, puis vous avez commencé à composer. Pour “Berlin” (2015), tout est parti de la ville et de son esprit. Maintenant, il semble que votre voyage en Roumanie ait inspiré “For The Dead Travel Fast“. As-tu l’impression d’avoir besoin de fixer un cadre pour composer ?
Christoph “Lupus” Lindemann (chant/guitare) : Je pense que le processus a commencé quelques semaines avant de nous rendre en Roumanie. Nous nous sommes lentement mis dans l’ambiance pour écrire. Nous avions quelques idées, mais aucun d’entre nous ne savait dans quelle direction ça allait. C’est bien que nous soyons allés en Roumanie, même si c’était pour quelques jours. Il y avait la nature et le silence. Nous avons mis fin à nos longues journées, nous sommes restés seuls dans des petits hôtels. C’était agréable de mettre en pause la vie normale. Nous avons également pris beaucoup de photos et une photo correspondait à ce que j’avais en tête pour l’album. Donc, encore une fois, nous avions la cover avant de commencer à écrire. Alors oui, nous avions un cadre et le château sur la photo avait une histoire. Nous nous sommes donc plongés dans les histoires de Transylvanie et nous avons commencé à façonner l’album. Ensuite, ça a été assez facile de construire autour de ça. Nous savions où nous allions et tout le monde était vraiment focalisé.
Qui a eu l’idée d’aller en Transylvanie ? Ce n’est pas commun comme destination !
Lupus : Je pensais à un vieux disque où il y avait un château à en arrière-plan. J’ai pensé à nous remettre en couverture comme ce que nous avions fait pour les deux premiers disques. Nous sommes allemands et nous avons commencé à dire qu’il y a des châteaux en Allemagne. Ensuite, notre photographe a expliqué qu’il y a plus de châteaux en Angleterre, parce qu’il vient du Royaume-Uni. Et d’un coup tout le monde s’est lancé dans un concours de qui a le plus de châteaux. (rires). À un moment donné, quelqu’un a dit que nous devrions aller au château de Dracula et nous nous sommes dit : “oui, c’est cool”. Tout le monde devait aller dans un autre pays et il y avait une histoire liée au château. Nous avons donc commencé à planifier le voyage, cela a fonctionné et nous l’avons fait.
As-tu lu “Dracula” et as-tu apprécié le livre ?
Lupus : Oh oui. Je l’ai lu il y a plusieurs années. Je n’ai pas eu le temps de lire le livre en entier. Je l’ai lu un peu pendant notre séjour car il était parfaitement logique de le lire en Roumanie. Je l’ai apprécié bien sûr. C’est une belle histoire, même si ce n’est pas la principale inspiration de cet album. Des histoires de vampire peut-être, mais pas cette histoire particulièrement. Mais j’ai vraiment aimé.
As-tu fait des recherches sur la littérature démoniaque, les superstitions ou les créatures surnaturelles ?
Lupus : J’en ai fait un peu. J’étais vraiment à fond dans tout ça. Je me suis ensuite intéressé à ce qui a influencé le nom de l’album, le poème “Lenore” de Gottfried August Bürger. C’est l’histoire de vampires, elle a influencé tous les écrivains anglais et américains plus tard. Quand j’ai découvert ça, j’ai commencé à le lire. Je connaissais l’auteur puisque que nous l’avons étudié à l’école. “The Dead Travel Fast” apparaît dans les histoires de Dracula et Lenore. C’était le lien. Une évidence pour le titre de l’album.
Lorsqu’on a écouté l’enregistrement, on a été frappé par le travail que tu as accompli avec ta voix. Tu utilises les choeurs et les backing vocals d’une nouvelle manière.
Lupus : Quand nous avons commencé le groupe, je ne voulais pas être le chanteur pour être honnête. Je me cachais au début. Depuis “Rough Times”, je pense avoir accepté de l’être. Je me suis aussi dit : “OK, si je dois être le chanteur et le guitariste, alors je veux utiliser les voix de la meilleure façon possible”. J’ai pris des leçons, j’ai travaillé ma technique, j’ai développé une gamme plus large. Nous ne voulions pas avoir de limites avec cet album. J’ai commencé à jouer à la maison avec ma voix. Je voulais que chaque chanson ait une touche unique. Je pense que tous les morceaux de cet album sont corrects, j’ai juste essayé d’ajouter un peu de couleur pour le rendre intéressant. Je pensais que ce serait vraiment dommage d’avoir autant de bonnes chansons et d’avoir quelqu’un qui vienne au studio et qui ne sait pas ce qu’il faut faire. C’est pourquoi j’ai essayé d’utiliser les chœurs et les backing vocals pour soutenir ma voix. Je pense que j’ai vraiment accepté l’idée que je suis chanteur.
Le résultat est bon.
Lupus : Content d’entendre ça !
Tu utilises du synthé dans cet album. Pourrais-tu nous en dire un peu plus sur cette utilisation ?
Lupus : J’ai toujours écouté des groupes qui utilisent beaucoup de synthé pour créer des ambiances, comme Kraftwerk. Je me suis plongé dans la technique pour voir ce que les synthétiseurs peuvent apporter à la musique. J’en joue depuis longtemps. Ce qui a déclenché l’utilisation sur l’album, c’est que les morceaux sont longs, ils racontent une histoire et j’écoutais beaucoup Goblin ainsi que la bande originale de films d’horreur des années 80. Ils utilisaient toujours des synthétiseurs. J’ai commencé à penser que cela pourrait être une bonne idée pour le disque d’avoir plus de son électronique. Les autres membres n’étaient pas vraiment ravis de cette idée. Finalement, j’ai été autorisé à en utiliser sur plusieurs titres. Mais si ça n’avait tenu qu’à moi, j’en aurais mis davantage. (rires) C’est un groupe et nous avons une sorte de démocratie alors. (rires) Maintenant, je travaille sur mon album solo, où je n’utilise que du synthé. (rires)
Maintenant, on est curieux de voir quel nouvel instrument tu vas intégrer au prochain album !
Lupus : Je jouais de l’accordéon quand j’étais plus jeune. Je pense que j’ai commencé vers six ans et j’ai continué jusqu’à six-sept ans. C’était plus une manière allemande de jouer, pas une manière française. Je venais d’un petit village et le seul gars qui pouvait m’apprendre à jouer d’un instrument était un accordéoniste. J’essaie toujours de convaincre mon groupe que ce serait bien d’avoir un accordéon sur l’album. Ils disent que je ne suis jamais arrivé avec une proposition concrète, mais quand je commence à le faire, ils disent : “non, n’essayons pas ça”. Alors peut-être qu’un jour nous aurons de l’accordéon. (rires)
Tu vas tous nous surprendre !
Lupus : Oui, exactement ! (rires)
Puisque tu parles des autres membres du groupe, parlons de votre connexion. Lorsque vous êtes sur scène, ça donne cette impression que le lien entre vous trois est si fort que le public n’existe plus. Comme si vous jouiez la musique juste entre vous.
Lupus : C’est vrai. Lorsque nous avons commencé, nous étions proches les uns des autres, avec la batterie au premier plan. Ensuite, les scènes sont devenues de plus en plus grandes et nous ne savions pas comment occuper l’espace. Nous avons perdu notre connexion. Je me mettais à droite, Simon était à l’autre extrémité et Tiger se retrouvait à l’arrière. Nous ne pouvions pas nous voir ou nous entendre jouer. C’est pour ça que nous avons décidé de nous rapprocher et de nous sentir comme si nous étions en studio. Nous avons besoin d’être ensemble, nous avons donc changé nos positions. Comme ça, si quelqu’un commence à bouger, les autres peuvent le suivre. Nous sommes très focalisés sur Tiger puisqu’il est le “directeur” des chansons. C’est le batteur, il donne la vitesse et le rythme. Nous avons besoin de nous voir pour réussir les breaks. Mais c’est vrai, j’ai vu les vidéos sur YouTube et parfois on a l’impression que le public n’est pas là pour moi. Je dois dire que je suis presqu’en transe sur scène. Parfois, je sors de la scène et je ne me souviens pas de ce qui s’est passé. Mes doigts font ce qu’ils doivent faire, ma voix fait ce qu’elle doit faire et je ne suis pas vraiment là. Nous avons besoin de cette transe pour jouer, sinon nous serions trop raides et timides.
Quelle est l’histoire avec Tiger et les ventilateurs ?
Lupus : Je ne sais pas, je n’ai jamais vraiment compris. (rires) Je pense que cela a commencé lorsque nous avons joué aux États-Unis, au Texas. Il faisait super chaud. Il voulait essayer quelque chose car il faisait vraiment trop chaud tout le temps. Il est arrivé avec deux ventilateurs et il les utilise depuis. Je trouve que c’est beau et ça me va. (rires)
Peux-tu nous en dire un peu plus sur l’expérience avec The Cosmic Riders Of The Black Sun ?
Lupus : J’ai eu ce rêve de jouer à nouveau les vieux morceaux. Je voulais entendre comment mes chansons sonnaient avec un orchestre au complet. Avec plus de guitares. Il nous a fallu dix mois pour monter le projet. Nous avons demandé à beaucoup de gens et le projet est devenu de plus en plus grand. Nous avons joué à Berlin. C’était une expérience folle de se replonger dans toute notre discographie. De se rappeler comment nous avons composer les morceaux. Cela nous a également aidé à créer le nouvel album. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons plus de chœurs, plus de guitare.
Et pour finir, notre média s’appelle “RockUrLife”, alors qu’est-ce qui rock ta life, Lupus ?
Lupus : Qu’est-ce qui rock ma life ? La question la plus difficile à la fin. Je pense que c’est la sécurité. Les six dernières années ont été chaotiques et maintenant tout semble se mettre en ordre. J’ai la sécurité de pouvoir faire ce que j’aime, je joue ce que j’aime vraiment et je ne dois pas trop réfléchir à comment payer mon loyer. C’est toujours présent, mais moins qu’avant. Je joue de manière libre, je me concentre sur la musique que je veux jouer.
Site web : kadavar.com