Les quatre musiciens de Kid North nous accordent un peu de leur temps à la sortie du studio de répétition dans le 18ème arrondissement de Paris. Rencontre avec Mathieu, Gregory, Gary & Axel, des mecs un peu fous, sympathiques, et passionnés, autour d’un verre, pour ce qui promet d’être un moment mémorable.
Alors les mecs, merci de m’accorder un peu de votre temps. Pour les néophytes et les personnes qui n’ont pas lu la chronique de l’EP et le report de votre live au Klub, présentez nous Kid North.
Gregory (batterie/chant) : Je ne vais pas trop me mouiller, mais je dirais que Kid North a été pour nous une volonté de faire une musique plus mainstream que ce que l’on a pu faire avant mais tout aussi intéressante et travaillée que des sons qu’on écoute qui sont très travaillés et très pointus. Avec comme mot d’ordre, un truc qui soit un peu mélancolique, un peu dansant et un peu fun aussi. Donc on met tout ça ensemble pour avoir un espèce de truc qui ait une double lecture entre quelque chose de très accessible et intéressant si on se penche dessus plus en profondeur. C’est un petit défi.
Mathieu (chant/guitare) : Comme dit Greg, c’est un défi. La double lecture est très importante, on voudrait vraiment que les gens puissent aimer notre musique en pressant “play” une fois, sans avoir besoin de remuer la chanson avant de comprendre certaines choses, comment la chanson se construit, se passe, et en même temps on met beaucoup d’arrangements, on travaille beaucoup, on a envie que les gens qui l’écoute 4,5, 10, 50, 1000, 5000 fois (rires), on a envie que ces gens là voient aussi quelque chose, parce que on y a mis quelque chose pour eux. C’est assez difficile d’arriver à lier les deux, mais c’est vraiment notre but pour ce groupe, d’arriver à concrétiser le projet. C’est vraiment ce qu’on fait, on se fait violence, mais on met vraiment beaucoup dans les nouvelles chansons. Voilà.
(ndlr : L’arrivée d’un vendeur ambulant chinois qui cherche à nous refourguer des briquets géants renforce le côté insolite et déjanté de cette interview. Les membres du groupe sont hilares)
Alors, reprenons, vous parlez de mainstream, d’accessibilité en terme de son, est-ce que cela inclus le terme mercantile derrière ? Pour illustrer, L’EP a été réalisé et composé majoritairement par Mathieu, et c’est complètement différent du live. On ressent une énergie plus profonde. Peut-être parce qu’il y a moins ce côté introspectif que tu pourrais avoir eu lors de la composition et du mastering de l’EP. En bref, le live m’a donné cette impression d’un groupe de potes qui fait de la musique pour les potes.
M : Exact. C’est exactement ce que je cherchais. Pour une fois avoir un groupe où pas un seul des musiciens a été recruté par annonce. Enfin il n’y avait pas cette espèce de fausse cohésion qui n’existe finalement pas. Alors que là, on est tous très bons potes, on se connait depuis super longtemps à part Gary, mais bon, il nous a montré ses fesses, alors on a dit ok ! (rire général)
Gary (guitare/chant) : … et on a beaucoup bu, roulé sur un tapis et tout va bien !
M : Pour ce qui est de la différence entre le live et les versions studio, il y a déjà le fait que Gary nous a rejoint et a apporté sa patte, il a changé des arrangements par rapport aux chansons de L’EP, il ne joue pas comme moi, il apporte son identité. Et puis aussi au niveau de mon chant, je trouve que j’assure moins en live qu’en studio, pour l’instant. En live je pense être à 30% de ce que je sais faire.
Gary : Un autre truc qui crée un différence, c’est l’absence de claviers en live. On a choisi de ne pas les mettre en live. Donc un défi se rajoute en essayant de rendre la chanson au plus proche, mais sans les claviers, sans créer le manque.
M : Un autre truc qu’on a complètement omis, c’est que Greg joue de la vraie batterie alors que sur l’EP c’est programmé. C’est des samples sur clavier maître. La vraie batterie ajoute un côté plus organique, plus chaud. Greg a su amener de la complexité.
Gary : … tu en as construit certains, simplifier d’autres…
Greg : Parce que c’est juste impossible à faire parfois.
M : …Mais le batteur de Phoenix saurait le faire… (rires)
Greg : …Non pas du tout… le batteur de Phoenix ne joue pas ses charleys… il y a un mec qui joue derrière.
Il faut faire comme le batteur de Def Leppard où le batteur qui n’avait qu’un bras avait un sampler à coté de son charley…
Greg : Oh putain, ouais ça c’est génial.
M : Ouais un batteur manchot moi j’adore.
Axel (basse/chant) : Il faut s’inspirer de ça.
Il y a deux semaines au club c’était votre premier live, avez-vous eu d’autres propositions, est-ce que ça vous donne envie de remonter sur scène ?
Greg : On aurait aimé remonter sur scène dès le lendemain. On a adoré partager ça avec le public. On était super contents de ce qu’on a fait, on espère que ça c’est ressenti.
M : En tout cas quand on était en train de jouer ça c’est ressenti.
Gary : On a eu de supers bons retours. En même temps il y avait beaucoup de monde de notre entourage, mais des gens extérieurs qui nous on fait un retour direct et franc, ça fait toujours plaisir. C’est gratifiant.
Et quelles sont vos influences ?
M : C’est marrant que tu parles de ça, parce les groupes qui m’ont motivé à écrire l’EP ne sont plus du tout les mêmes qui me motive maintenant à continuer.
Greg : Ouais, j’allais dire, au moment où tu as fait le truc tout seul, ça n’avait rien à voir.
M : Si il y a un truc qui est resté, et qui nous influence tous. Et je ne pense pas me tromper en disant ça, c’est Mew, un groupe danois que l’on trouve incroyable. Ce sont des mecs qui font de la musique, pas toujours accessible cela dit, mais on les trouve tellement forts en composition, en arrangements, ils placent des ambiances incroyables.
Gary : Ce que je trouve de très fort avec eux, c’est que même en tant que musiciens, il y a des trucs que tu n’arrives pas à comprendre, alors qu’en général, en poussant le truc, c’est intéressant d’analyser les musiques pour les comprendre. Mew est le parfait exemple, il y a des phases impossibles à comprendre alors qu’elles paraissent simples. Encore plus poussé que ce que fait Mogwaï, c’est vraiment très fort.
M : Donc ouais, au niveau des influences lors de la composition de l’EP, il y a eu Bloc Party, un groupe très important pour moi à l’époque, comment ils arrivent à faire une musique accessible et dansante tout en étant influencés par le post punk. Il ya eu Phoenix…
Greg : …Phoenix c’est plus une fascination pour la production. Leur façon de réfléchir et de composer nous fascine. Tu sens qu’ils se prennent la tête sur chaque seconde, chaque note est justifiée, et pensée…
Dans quel style peut-on vous classer ? Parce que vos diverses influences, L’EP et le live donnent une vision vraiment différente de votre son.
Greg : On ne se considère pas du tout rock n’roll déjà.
M : Même si l’EP sonne encore très rock, le live aussi un peu. On essaye vraiment de s’éloigner de ce côté, c’est d’ailleurs quelque chose qui se ressent dans nos nouvelles compos, on essaye d’enlever tout ce qui peut être rock, tout en restant dans une config rock.
Greg : C’est pas pour ça qu’on va rajouter des beats faits par ordinateur, des samples. Il faut que ça reste de la musique jouée. On a deux guitares, une basse, une batterie. On essaye vraiment de créer notre style.
M : Je ne sais même pas si on a notre style encore, j’ai fait l’EP tout seul, ensuite il y a tout le monde qui s’est rajouté, là on est à quatre et ça va continuer à évoluer.
Vous voulez créer votre propre style…
Gary : Dans la démarche on ne cherche pas à être mis dans une case, ce que l’on cherche c’est une manière de faire pour créer notre musique.
M : Notre style pourrait être : de la double lecture dansante et mélancolique.
A : Ouh lala…. (rires)
Greg : Oh, il a essayé ! Il y a un groupe qui arrive très bien à faire ça et qu’on aime beaucoup qui s’appelle Friendly Fires et ces mecs là ont une bonne démarche. Sachant qu’ils avaient un groupe de post hardcore avant. Ça semble hallucinant, mais ces mecs savent gérer leurs envolées, leur passages lourds… et c’est surement mieux que pour des personnes qui ont commencé dans le mainstream, sans trop creuser.
M : De notre côté on espère y arriver. Par exemple, on a tous un gros background. Greg a joué dans Time To Burn, Axel et Greg ont joué dans Radius System, Gary a joué dans Admiral’s Arms… Finalement c’est du screamo, du post hardcore, du rock 90’s bien énervé et apocalyptique. Ca peut faire la différence d’avoir ce background de musique violente, même si je l’ai un peu moins avec RQTN après.
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Tous : Le plus de concerts possible.
Greg : Faire plein de morceaux, pour faire un super album.
A : Notre but, tout de suite, c’est de réussir à créer un super album.
M : Ouais, quelque chose qui marquera une réelle évolution par rapport au premier EP.
Gary : Quelque chose dont on sera satisfaits et fiers.
M : On est en train de voir si on peut se louer une maison et s’isoler pour composer et enregistrer, passer l’aspirateur en mangeant des singes. (rires)
Gary : Non, en érigeant des singes.
Greg : En érigeant ou en les mangeant. (rire général)
A : Ou se baigner dans la rivière avec une serviette sur la tête…
M : Tout en mangeant un feu de camp… Merde je sais plus ce que je disais avec tout ça.
A : Tu devais répondre à ce qu’on peut nous souhaiter…
M : Ben… du bon lait et du bon chocolat. (rires)
Gary : Je suis content ! Qu’on nous souhaite des marmousets (sorte de singe nain) et des fourrés à la framboise. Et là on sera heureux…
A : Rien à ajouter.
Donc l’album est prévu pour quand ?
Greg : Haha, on a une deadline, mais on ne la dira pas.
M : (rires) On s’est fixé la fin de la composition pour fin janvier. Après on verra…
Un mot pour la fin ?
Greg : Rien à ajouter, je serais Axel Dallou.
M : J’en sais rien… Ben merci.
Tous : Ouais, merci.
M : Venez nous voir en live.
Gary : Vive les marmousets.
A : Ne se prononce toujours pas.
Tous : Merci à toi et merci à RockYourLife !
Crédit photos : Julia O.
Site web : kidnorth.net